Une semaine après le procès en correctionnelle du 28 octobre 2008 de sept squatteur-euse-s accusé-e-s de « violation de domicile », « dégradation de biens privés » et de « refus de fichage ADN », le verdict est tombé: RELAXE sur tous les chefs d’inculpation (plus précisément, abandon des poursuites pour « violation de domicile » et « dégradation de biens privés » lors du procès même, et relaxe pour le « refus de fichage ADN »).
On ne peut pas vraiment mettre cette décision sur le dos d’une Justice laxiste, celle-ci protégeant toujours plus la propriété privée par rapport à la nécessité de se loger et prenant presque toujours parti pour la police lorsque celle-ci est opposée à des personnes non assermentées.
Cette décision de justice montre donc, comme nous l’expliquions dans notre texte appelant à se rassembler lors du procès du 28, l’absurdité révoltante des accusations portées contre les sept squatteur-euse-s.
Nous écrivions ceci:
Mais ces abus de procédure et d’accusation de « violation de domicile » tombent généralement à plat tellement ils sont mensongers. Dernièrement, à Lyon et à Valence, des squatteur-euse-s ont été relaxé-e-s lors de leur procès, la « violation de domicile » étant imaginaire. Le scénario est classique: on t’expulse, on te met en garde-à-vue, on t’inculpe et on te traîne jusqu’en correctionnelle, pour finalement te relaxer puisque l’accusation est farfelue… et tu es censé-e te réjouir de la relaxe, alors que l’expulsion était également abusive et que tu restes sans logement. Ha quelle belle Justice !
Alors non, nous ne nous réjouissons pas du verdict.
La relaxe constitue le strict minimum que les accusé-e-s pouvaient obtenir.
Et ces dernières semaines, les expulsions de squat sous couvert des mêmes accusations farfelues se succèdent à une vitesse phénoménale. Depuis un mois et demi, il y a eu de la sorte, rien que sur l’agglomération grenobloise, au moins six expulsions complètement abusives aux yeux de la Loi.
Nous précisons ceci, non par amour de la Loi (qui répétons-le, privilégie de toute manière la propriété privée face aux nécessités de se loger), mais parce que cette évolution récente du traitement judiciaro-policier de la question « squat » montre clairement une accentuation de la criminalisation des pratiques de débrouille face aux difficultés à se loger, et plus largement, des pratiques d’auto-organisation face à un système qui profite toujours aux plus riches.
On peut se demander ce qui motive les autorités à limiter toujours plus les solidarités dans une telle période de « crise » économique qui fait paniquer un peu tout le monde… Y aurait-il une peur, du côté du pouvoir, de voir des tas de gens s’organiser pour ne pas se retrouver à la rue ? Pourtant, aujourd’hui comme hier et comme demain, il est normal, logique et nécessaire, que celles et ceux qui sont à la rue s’organisent pour se loger. Et il est normal, logique et nécessaire, que celles et ceux qui sont propriétaires de logements vides voient « leurs » logements vides habités par d’autres qui n’en possèdent aucun.
Pour finir, nous voulons remercier les nombreuses personnes qui se sont déplacées jusqu’au tribunal, sous la pluie, pour participer au rassemblement et assister au procès le 28 octobre dernier.
La solidarité aussi, est normale, logique et nécessaire…
Grenoble, mardi 4 novembre 2008
Collectif de solidarité avec les inculpé-e-s de la rue Moyrand (soli38 at riseup point net)