Communiqué de presse (jeudi 9 janvier 2003)
Sympathisant·e·s du squat de la cité devant la justice
Depuis juin 2000, la maison du 2, rue Charles Vuillermet (propriété de l’ECA (Etablissement Cantonal des Assurances) est occupée et ainsi rendue à la vie pour la plus grande joie de ses nouvelles/eaux habitant·e·s. Divers travaux de rénovation ont été effectués afin de rendre la maison habitable, les façades ont été embellies par des fresques d?inspiration médiévale (esprit du quartier oblige !). Ponctuellement des soirées, fêtes et projections y ont eu lieu, sans pour autant troubler le repos des 253 habitants qui peuplent la crypte.
Toute une saga a suivi l’occupation : plaintes civile et pénale de l’ECA, visite de la juge et des huissiers, expertises architecturales, oppositions du voisinage et du MDL au projet de l’ECA sur cette parcelle avec recours jusqu?au tribunal fédéral, tentative d’évacuation dans le dos de la municipalité, et plus récemment, descente de police et nouvelles inculpations. Malgré cela, l’ECA a finalement dû se résoudre à tolérer l’occupation de la maison en attendant le début du chantier.
Cependant ce n’est qu’une tolérance de façade, puisque non content de vouloir effacer les vestiges du passé à grands coups de bulldozer, l’ECA prouve une fois de plus son obstination et utilise la justice pénale en envoyant plusieurs personnes devant le juge pour violation de domicile. Mardi 14 janvier 2003 à 9h00 aura donc lieu le procès de quelques sympatisant·e·s du squat de la Cité, qui est d’ailleurs le premier procès pénal pour occupation de maison vide à Lausanne.
L’ECA, un requin sponsorisé par le Canton
Il faut savoir que l’ECA (qui possède déjà un certain nombre de bâtiments dans le quartier) a obtenu la maison pour 1 franc symbolique de la part de l’Etat de Vaud, peu avant d’être partiellement privatisée. Fort de ce transfert de richesses vers le secteur privé, l’ECA convoite de faire fructifier ce cadeau sur le marché de l’immobilier, et a fini par obtenir toutes les autorisations nécessaires face aux oppositions du quartier. Ici comme ailleurs, la loi de la propriété s’oppose à la propriété d’usage et aux besoins sociaux. Des organismes déjà puissants sont parachutés propriétaires pour 1 franc et imposent des projets manifestement mal-venus, tandis qu’ailleurs des locataires se font expulser après des années d’extorsion de fonds que sont les loyers. Des propriétaires laissent pourrir des maisons, mais ce sont celles et ceux qui les entretiennent et les font revivre qui passent pour des profiteurs/euses et sont envoyé·e·s devant la justice. Dans cet ordre d’idée, on peut citer aussi les récents procès en civil des squats de l’Union à Prilly (que la municipalité veut raser pour le remplacer par un hypothétique élargissement de la chaussée) et de l’Oasis à Pully (que la Coop veut raser pour y faire quelques parkings). Ou dans un autre genre l?expulsion de l’avenue de Cour 11-13 pour en faire des logements de haut standing et qui est vide depuis 5 mois en attente des travaux.
Ce n’est pas la crise pour tout le monde
Il est actuellement quasi impossible de trouver un logement en ville de Lausanne, où sévit une pénurie rarement vue. Mais cette crise du logement n’est une crise que pour les locataires. Après la déconfiture de l’immobilier à la fin des années 1980, les investisseurs se sont rabattus sur les profits financiers de la bourse. La conjoncture actuelle ne permettant plus d’escompter des bénéfices juteux et garantis, l’immobilier redevient un placement fiable. Avec comme corollaire une montagne de dettes à éponger par le public (Crédit foncier vaudois, BVCréd, BCV, BCGe, etc.), en bout de course c’est encore les locataires (et les petits propriétaires) qui trinquent. La nouvelle loi en la matière concoctée par les Chambres ne fait que, précariser davantage la situation des locataires. Avec le procès du 14 janvier, l’ECA s’acharne, en pleine crise du logement, sur des personnes qui soutiennent des solutions alternatives à la question de l’habitat. Le logement est un besoin et un droit, pas une marchandise servant à maximiser les bénéfices de quelques profiteurs.
Répression et acharnement
Evidemment, les auteurs/profiteurs des fraudes ne sont que rarement inquiétés. Autre scandale, les responsables vaudois de la catastrophe du pétrolier Prestige seront-ils un jour jugés ? Par contre, sous couvert de faire respecter le droit, on s?acharne sur les personnes qui prennent leurs vies en main et remettent en question cet ordre du monde. L’idéologie sécuritaire, amplifiée par l’aubaine du 11 septembre 2001, permet toutes les politiques de répression, de contrôle et de fichage, auparavant inimaginables. Au niveau local, Lausanne aussi surfe sur la vague : politique de tolérance zéro, rhétoriques populistes sur l’insécurité, répression des milieux alternatifs et syndicaux, descentes de police massives dans les squats, etc. Pour tenter de briser le mouvement (et pour se simplifier le travail), les indicateurs de la police municipale de Lausanne reconnaissent toujours les mêmes personnes connues pour leurs activités politiques, qui deviennent ainsi abonné·e·s aux plaintes.
Avec le récent procès des TL (transports publics) contre des manifestant·e·s, le procès engagé par l’ECA s’inscrit dans la lignée d’une attaque de services plus ou moins publics à l’encontre d’une partie de la population et donc des libertés collectives. Bien qu’ayant obtenu toutes les autorisations pour démarrer les travaux, l’ECA, qui n’a pas donné de nouvelles à ce sujet depuis juin 2001, semble faire de ce procès une question de principe, en maintenant sa plainte quand bien même son représentant a déclaré le 14.08.02 à la presse que son but n’était pas d’évacuer la maison avant les travaux !
Nous demandons le retrait de toutes les plaintes de l’ECA concerant l’occupation de la maison du chemin de Vuillermet 2.
Face à la répression, la solidarité est une arme. Nous appelons à venir soutenir les inculpé·e·s le 14 janvier 2003 à 8h45 au Tribunal de Montbenon.
Intersquat – Lausanne et banlieue