Louvain (Leuven): Un nouveau squat en Belgique |
Lettre ouverte du Centre Social ‘Open Poort’
Un bâtiment de la société de logements social ‘Dijledal’ a été évacué récemment pour une rénovation. Pendant que l’année financière 2003 a été cloturée avec un déficit de 1,1 million d’euros et qu’encore d’innombrables autres bâtiments de Dijledal sont vides, entre autres le bloc 1 dans St Maartensdal. Au même moment, il y a encore quelques milliers de personnes qui attendent un logement. Dans toute l’Europe, il y a des illegales/illégaux et des refugié-e-s menacé-e-s d’expulsion, des déclarations d' »insalubrité », des rafles de police, des attaques de l’extrême-droite, etc. Aussi pour eux, un bon domicile n’est souvent pas accessible. Pour nous, ç’est plus qu’assez ! Nous avons décidé de rapidement mettre fin au statut d’inocupation du nouveau bâtiment et de le supprimer de la longue liste de bâtiments vides de Dijledal. Dans notre (?) société, il y a différents mécanismes qui mènent systématiquement à l’exclusion sociale. A part le sexisme, le racisme et le nationalisme (culturel), qui sont connus comme instruments d’oppression, il y a encore entre autres la location, les logements sociaux paternalistes, la gentrification, la justice de classe, l’illégalisation des migrant-e-s, etc. Peut-être que ces différents instruments d’exclusion sociale méritent une explication plus approfondie.
La location
La location est un exemple typique du capitalisme, qui mène à l’exclusion sociale. Le principe est aussi simple que dégoutant: le propriétaire, comme personne riche, possède déja plusieurs maisons, et devient plus riche chaque mois juste parce qu’il est riche. La/le locataire, comme personne plutôt pauvre, n’a pas l’argent pour acheter une maison et doit louer par nécessité. Elle/il devient plus pauvre chaque mois juste parce qu’elle/il est déjà pauvre. Concrètement, ça veut dire que chaque mois, il y a un courant d’argent hallucinant des pauvres vers les riches. Comment peut-on encore parler de redistribution sociale tout en maintenant ce système d’injustice systématique ? En fait, la location n’est ni plus ni moins qu’un vol légalisé.
Le logement (a)social
Le logement social est présenté par l’Etat comme une alternative « sociale » pour les habitations de location chères sur le marché privé. C’est la négation même du système capitaliste, qu’il essaye de conserver avec tous les moyens. En plus, le logement social est lui-même un instrument (socio-démocrate) pour conserver le capitalisme. Ca tient ses victimes, c’est la manière par excellence pour briser le solidarité entre ses victimes… Si tout le monde reste dans l’espoir d’une solution individualisée dans les laids blocs d’habitation sociaux de Dijledal, il ne faut plus lutter ensemble pour nos intérêts communs. Les logements sociaux sont « comme un bon père, généreux mais sévère », ils tiennent les locataires sur les genoux. Si quelqu’un veut un logement social, il y a d’abord la longue liste d’attente. Après avoir attendu très longuement, on se voit accordé une habitation. Si le propriétaire/les autorités décident toutefois d’une rénovation de l’habitation, la/le locataire est de nouveau forcé-e de se mettre à genoux et avec un peu de chance, elle/il se voit accorder une nouvelle place. La/le locataire social-e n’est pas plus qu’une poupée dans les mains des « progressistes » comme Brepoels (échevin socialiste du logement à Louvain et ex-révolutionnaire) & co qui sont tellement fiers d’être si sociaux. Pourtant, ils n’hésitent pas à gagner beaucoup d’argent sur le dos des locataires les plus démuni-e-s. Ils ne sont pas les seuls à profiter de la régulation des logements: il y a aussi entre autres tous les entrepreneurs et les constructeurs qui gagnent de l’argent en construisant des nouveaux quartiers pour les riches, avec l’excuse de « revaloriser » le quartier. Au même moment, Dijledal gère un nombre impressionant de logements vides. Un de ces logements vides (St. Servatiusstraat 1) a été squatté il y a 5 ans, après avoir été négligé pendant des années. Un des squatteureuses a été poursuivi et le squat a dû être évacué après que la rénovation du bâtiment soit devenue une des priorités de Dijledal. Aujourd’hui ce bâtiment est toujours vide! Les responsables de cette inoccupation aiment prétendre qu’on se trompe d’ennemi et que nous dépassons les autres dans la queue d’attente. Pourtant ceux qui attendent, attendent toujours la rénovation du St. Servatiusstraat 1! Nous ne dépassons personne, nous sortons de façon consciente de la queue parce qu’on en a marre de l’arrogance de Dijledal et autres. Nous invitons tou-te-s celles et ceux qui ont besoin d’un logement à sortir de toute queue d’attente et de sortir de leur situation précaire.
Gentrification / « Mix social »
Une forme de politique de population qui est utilisée de plus en plus, c’est la gentrification. La gentrification, c’est l’expulsion systématique des pauvres, des non-blanc-he-s, non-productives/ifs, … de leurs maisons louées et du centre de ville pour faire place aux « plus riches et plus blancs ». La politique de logement de la ville (de Louvain) veut attirer plus de « familles avec enfants » et « ceux avec des revenus meilleurs ». Evidemment, pour rendre place à ces jeunes familles à double revenu, les autres doivent partir. Des concentrations d’un type d’habitation doivent étre évités (dixit « La politique de logement et terre » de la ville de Louvain). Ceci soi-disant pour améliorer la viabilité dans la ville. Une concentration trop grande des pauvres, des non-blanc-he-s, etc., pourrait causer des frottement sociaux. Comme alternative, la ville emploie le concept du « mix social ». Si on dit « mix social », on justifie et bétonne les différences sociales entre les gens. Le discours de la gentrification n’a pas pour but d’abolir ces différences sociales, mais justement de prévenir que ceux-celles qui ne sont pas adapté-e-s par et pour le système, ceux-celles qui s’organiseraient dans la résistance et deviendraient une menace pour le système. Une solidarité trop grande entre les exclu-e-s serait un grand danger pour les riches et l’ordre capitaliste, parce que la solidarité peut détruire leur pouvoir. Briser la solidarité n’est pas pour rien une constante dans toutes les mesures socio-démocrates. L’histoire de la social-démocratie se résume par la récuperation de la résistance et l’étouffement de tout étincelle révolutionaire. Nous disons non au « mix social »! Nous refusons d’être des spectateurs-trices face à l’exécution du rêve de pureté des dirigeants de la ville (de Louvain), qui implique l’expulsion de quartiers entiers pour des projets de prestige mégalomanes comme le quartier de la nouvelle gare; qui implique la reconstruction de quartiers dits sociaux avec des logements luxueux pour les (nouveaux) riches (voir le « Petit Béginage »), etc.
La justice de classe
Un système légal comme le notre (?), qui est basé sur la « déclaration universelle des droits de l’homme », est construit pour satisfaire et protéger les besoins de ceux au pouvoir. Ce n’est pas une coïncidence que la propriété privée est un des droits les plus importants qui est garanti par cette déclaration. Tout le monde propriétaire; la nouvelle invention des socio-démocrates pour adoucir la pilule capitaliste pour les opprimé-e-s. Encore une autre illusion!
Chacun-e sa maison privée, c’est une contradiction dans une sociéte capitaliste; contradiction qui s’est exprimée de façon la plus atroce au temps du Troisième Reich. Ce serait une grande erreur de voir un tel système légal comme un instrument dans les mains de celles/ceux qui se trouvent de l’autre coté du pouvoir. Aujourd’hui, il y a toujours des centaines de millions de gens qui n’ont pas accès à l’eau potable, à la nourriture, à un logement, etc. Pourtant ce sont des « droits de l’homme », non?… C’est clair que les droits ne valent que pour un certain type de gens, en général pour des hommes blancs et riches. Les exclu-e-s sociales/sociaux, par contre, n’ont pas de droits; pas dans le Troisième Reich, pas maintenant! Par exemple, le droit au logement précaire est enregistré dans la constitution Belge, mais en pratique, ce n’est jamais revendicable. Le droit au logement n’est valable que quand il est donné par ceux au pouvoir, qui le donnent seulement quand ils peuvent en profiter, et pas avant.
Quand nous squattons, le but n’est pas de valoriser le droit au logement dans le système légal (quelque chose qui serait tout à fait contraire à la nature du système), mais plutôt de reprendre nos droits et de les exécuter. Un endroit pour chacun-e n’est que possible par la lutte et la victoire sur les oppresseurs.
L’illégalisation des migrant-e-s
Dans ce temps de mentalité d’extrême-droite, il est devenu tout à fait normal de référer à un humain comme étant un « illégal ». Nous ne comprenons pas comment un humain pourrait être « illégal ». Si des gens, pour quelle raison que ce soit, choisissent de partir pour une autre région, c’est leur bon droit. Nous plaidons pour une migration libre. Détruisons les frontières et les murs! Le discours raciste qui fleurit aujourd’hui, a maintenant construit des strucures pour enfermer des gens dans des centres fermés, avant qu’elles/ils soient déporté-e-s. Cette négation totale de l’être vivant n’est pas seulement une humiliation, mais forme aussi un danger physique direct pour celles/ceux qui veulent venir ici; les milliers de morts aux frontières de la Forteresse Europe parlent d’elles mêmes. Cet enfer peut seulement être arrêté par une résistance radicale contre les structures racistes omniprésentes, et contre la montée de la vermine d’extrême-droite. Une arme qui est de plus en plus employée dans le discours raciste, c’est la déclaration d' »insalubrité » des maisons habitées par des sans-papiers. On est tout à coup intéressé aux circonstances de logement des locataires sur le marché privé, si on y trouve des « illégaux-ales ». Nous pensons par contre que des locataires peuvent déterminer elles/eux-mêmes si leur logement est habitable, seulement les moyens leur sont retirés par le système. Le plus souvent, ces gens-là se trouvent entre deux feux; c’est-à-dire des propriétaires sans scrupules qui les exploitent, et l’Etat qui est seulement intéressé par des rafles et des déportations de ces victimes.
Pourquoi une action de squat?
Bien qu’au moment présent, squatter n’est pas une alternative pour tout le monde qui ne peut/veut plus payer son loyer, on estime que squatter peut être une solution pour beaucoup de gens, mais beaucoup hésitent à la mettre en pratique. Pour en finir avec cette hésitation soutenue par les promesses des oppresseurs, nour offrons notre expérience et notre aide pratique. Le squat est le mode d’habitat le plus militant; d’un coté on détruit les relations de pouvoir à l’intérieur même du marché de logement et on s’attaque au coeur du capitalisme, et de l’autre coté on résoud le problème pour soi-même et éventuellement aussi pour des autres, au lieu de se laisser faire par les politiques paternalistes du gouvernement. Dans le squat ‘Open Poort’, tout le monde qui veut fuir des griffes des oppresseurs, est la/le bienvenu-e. Avec ou sans papiers, argent, boulot, dit-e-s normales-normaux ou pas; tout le monde qui a besoin d’un logement est la/le bienvenu-e. Les paperasses ne nous intéressent pas! Parce qu’on n’est pas une institution caritative, on accentue le fait qu’on veut aider des gens à trouver leur chemin pour améliorer leur situation eux-mêmes et devenir indépendants de tout patron, gourvernement ou charité. C’est pourquoi on organise chaque mardi de 14h à 17h et de 19h à 21h un infosquat, où des gens avec des problèmes de logement sont les bienvenu-e-s pour essayer de trouver ensemble une solution.
Pourquoi une lettre ouverte?
Pour la communication vers l’exterieur, on utilise le système des lettres ouvertes et de médias autogérés. On ne travaille pas avec la presse bourgeoise. Tous ceux (journalistes ou non) qui ne sont pas intéressés dans notre lutte, devront se satifaire de cette lettre ouverte. Les médias civils se trouvent toujours du coté du pouvoir et ne sont intéressés que par la sensation et l’augmentation de leur écoute, lectorat, … Notre lutte n’est pas un loisir pour des bourgeois qui n’ont rien de mieux à faire que satisfaire un désir de sensation, par le billet d’images de gens qui luttent contre la montée croissante de l’extrême-droite et pour se libérer des griffes des oppresseurs. Tout le monde est cependant chèrement invité à rejoindre notre lutte, chacun-e à son niveau.
De Poortkrakersters
PS: Nous voulons offrir à tou-te-s individu-e-s et organisations l’opportunité de soutenir cette lutte. Cela est possible de plusieurs façons. Le plus simple, c’est de passer chez nous pour donner un coup de main, mais sont également le bienvenu du matériel et de l’aide financière. Vous pouvez aussi soutenir notre lutte par écrit ou par simple e-mail. Ainsi on vous mettra sur la liste qu’on fait des individu-e-s et organisations qui soutiennent cette action.
E. Remyvest 66 (près de la « Porte de Bruxelles », en face de « SintJansschool ») / Openpoort [at] raaf [point] be / No. de compte: 001266894970 (mention ‘poort’)
De Poortkrakersters