TENT CITY : Des manifestants occupent le parc Lafontaine à Montréal pour revendiquer le droit au logement !
Samedi le 5 juillet 2003 Depuis 13h00 aujourdhui, plus de 300 activistes, sur l’appel de CLAC Logement, du Comité des sans emplois de Montréal et du Comité Logement Ahuntsic-Cartierville, occupent une portion du parc Lafontaine, dans le quartier du Plateau Mont-Royal.
Les résistants revendiquent l’accès au logement pour tous et toutes et dénoncent la criminalisation de la pauvreté.
Le choix de faire la prise de terrain au beau milieu du Plateau Mont-Royal nest pas fortuit. Selon les organisateurs, ce quartier serait particulièrement représentatif du phénomène de gentrification. Au cours des dix dernières années larrivée massive de jeunes professionnels et de citoyens au revenu plus élevé a directement contribué à la hausse vertigineuse des loyers sur le Plateau.
Ancien quartier populaire et ouvrier, le quartier sest peu à peu transformé en fief exclusif des jeunes professionnels et de la classe moyenne élevée. Par voie de conséquence, les éléments les plus pauvres de la société sont éloignés et leurs conditions de vies sont dégradées.
Dans un deuxième temps, la pauvreté et litinérance forcée sont de plus en plus criminalisées par les autorités politiques, qui tardent à adopter des mesures pour endiguer la perpétuelle crise du logement.
Cest pourquoi la résistance sorganise. La prise de terrain daujourdhui sinscrit dans la lignée des actions directes de résistance, comme les squats Overdale et Préfontaine de Montréal et les nombreuses autres manifestations qui ont été organisées au cours des dernières années partout au Canada, qui revendiquent un accès universel au logement. Une action similaire se poursuit présentement à Vancouver.
Le parc Lafontaine occupé!
Cest vers 13h00 que la manifestation sest mise en branle. Après plusieurs interventions, dont celle de Gaëtan Héroux, de lOntario Coalitian Against Poverty (OCAP), qui rappelaient que le manque daccès au logement et la criminalisation de la pauvreté a déjà fait plusieurs victimes dans la région métropolitaine de Toronto, les quelques 300 manifestants sont parti du coin des rues Cherrier et Parc-Lafontaine.
La destination est restée secrète jusquau tout dernier instant. Après quelques minutes de marche vers le nord, les manifestants ont soudainement bifurqué vers le parc, où ils ont en quelques minutes délimité un espace dà peu près 10 000 mètres carré. Quelques instants après les premières tentes étaient montées et les manifestants signifiaient clairement leur intention de rester fermes sur leurs positions. Le terrain est situé juste à côté du Théâtre de Verdure et du chalet.
La présence policière est importante. Une dizaine de voitures de patrouille sont réparties tout autour de lespace occupé. Les policiers ont déjà avertit les manifestants quils contrevenaient à plusieurs règlements municipaux et les ont menacé dune intervention si ils étaient toujours là à minuit ce soir.
Par contre, les organisateurs nont pas lintention de bouger. Plusieurs activités sont planifiées pour la semaine à venir, dont évidemment des ateliers déducation populaire sur l’autogestion et les enjeux du logement.
Les organisateurs ont en outre annoncé quils ne quitteraient le terrain que lorsque dautres actions de résistance seront déclenchées.
À lheure actuelle, les activités se poursuivent et les manifestants ne semblent pas trop inquiétés par une éventuelle intervention policière ce soir.
Suivez les développements sur le CMAQ. http://www.cmaq.net
Expulsion musclée des occupants par le SPVM
Dimanche 6 juillet 2003 – 04:50
L’après-midi c’est passé sans heurt au parc Lafontaine. Les manifestants discutaient paisiblement, jouaient de la musique, au frisbee, échangeaient leurs expériences respectives quant à la crise du logement, s’appropriaient tranquillement le terrain.
Des manifestants expliquaient aux passants curieux les raisons de l’occupation, pendant que d’autres… plantaient des pieds de tomates dans une portion du terrain!
Une station de radio pirate a été fabriquée à la bonne franquette et diffusait les dernières informations aux manifestants, de la nourriture a été servie gratuitement et, généralement, l’ambiance était à la bonne humeur.
Lors de l’assemblée générale de 20h, il a été décidé par consensus que, dans l’éventualité probable d’une intervention policière, la consigne allait être de rester ferme et de résister.
La décision n’aura pas été prise en vain.
Au cours de la soirée les rumeurs circulaient allègrement à l’effet que le service spécial d’intervention du SPVM s’apprêtait à évacuer le terrain sur le coup de minuit.
À plusieurs reprises, les policiers ont réitéré leurs menaces, sous les huées et les récriminations des manifestants. Les avertissements constants, la présence policière massive tout autour du parc et le souvenir des interventions passées, ont contribué à installer un climat de tension parmi les manifestants.
À minuit, un dernier avis de dispersion a été lancé. Quelques minutes plus tard, une cinquantaine de « soldats » du service d’intervention sont apparus à pieds en provenance du nord du parc. En quelques minutes, ils ont formé une barrière d’environ 100 mètres, couvrant tout un flanc de l’espace occupé par les militants. À ce moment, il restait encore une centaine de résistants.
La suite fut la répétition d’une scène trop familière aux activistes : l’avancée menaçante des « storm troopers » au rythme des bâtons donnant sur les boucliers. Les manifestants ont résisté comme ils ont pu. Le face à face a duré plus d’une heure, jusqu’à ce que les policiers repoussent complètement les manifestants sur la rue Parc-Lafontaine, où ces derniers sont encore restés plusieurs minutes, dénonçant avec force la brutalité dont ils étaient à la fois victimes et témoins.
Selon les informations que j’ai pu recueillir, il y a eu une dizaine d’arrestations. J’ai moi-même assisté à des cas d’abus de force flagrants. Deux membres du collectif de vidéastes « Les Lucioles » ont été violemment bousculés et arrêtés alors qu’ils se portaient à la défense d’une mère et de son enfant. Une femme a été brusquement poussée au sol et malmenée par plusieurs agents.
Après un peu plus d’une heure et demie de confrontation, les derniers manifestants se sont dispersé pour rejoindre la « zone verte », un peu plus bas dans le quartier centre-sud.
Un contingent de supporters se sont immédiatement rendu au Centre Opérationnel Nord du SPVM, où ont été mené les arrêtés.
Une assemblé générale est prévue pour dimanche, à 13h00, exactement au même endroit où a été érigé le premier Tent City de Montréal.
Les autorités nous prouvent encore une fois qu’ils n’ont aucun remords à criminaliser la marginalité et qu’ils sont complètement sourds aux revendications légitimes pour un accès universel au logement.
Suivez sur le CMAQ pour les mises à jour.
Tent City à Montréal : Mise-à-jour
Tent City à Montréal : les militants pour l’accès universel au logement retournent au parc Lafontaine!
Dimanche 6 juillet 2003 – 14:52
Le bilan officiel des arrestations suite à l’intervention policière de samedi soir est de 12 arrestations. Deux manifestants sont toujours détenus à l’heure où j’écris ces lignes.
Une assemblée générale a été tenue au parc Lafontaine à partir de 13h00 dimanche. Quelques 50 manifestants sont venus débattre des suites à donner aux événements d’hier.
Après un bilan de l’occupation et retour sur l’intervention des autorités, il a été convenu que la résistance doit se poursuivre.
À chaque jour de la semaine à venir, le rendez-vous est donné aux militants pour se rencontrer sur les lieux du Tent City afin d’organiser les prochaines étapes de la résistance.à
La grande fête populaire prévue pour dimanche soir sera remise à la semaine prochaine.
Pendant ce temps à Guindonville, les autorités ont fait expulser les résistants et les « pépines » des politicailleurs criminels ont commencé à démolir les logements d’une dizaines de personnes.
La résistance s’organise.
Alors que la répression se fait plus intense à Montréal, que la résistance à Guindonville a été écrasée et que les autorités politiques persistent à ignorer le problème et les revendications du peuple, la lutte se poursuit pour un accès universel au logement.