C’est n’est qu’un combat, Continuons-le debout…
Pic-Niquer la propriété le 25 oct. 2008 à 12h, devant le 26 avenue de la République (Seyssinet).
Après avoir été douteusement expulsé-e-s, nous revenons sur place pour Pic-Niquer le tout-propriété, pour défendre nos droits, pour combattre l’immobilisme immobilier (entre autres).
Un simple groupe d’ami-e-s engagé-e-s
On s’est rencontrés dans des mouvements associatifs et militants, ou comme camarades de classes. On a parfois habité ensemble. Souvent dans des appartements pleins à craquer. Toujours à bras ouverts…
On se dit que ça vaut le coup d’essayer de vivre nos rêves aujourd’hui, sans crédit, sans attendre la retraite qu’on n’aura jamais: vivre décemment, vivre pleinement, et vivre tout simplement.
« … même qu’on se dit souvent qu’on aura une maison, avec des tas de fenêtres, avec presque pas de murs, et qu’on vivra dedans, et qu’il fera bon y être et que si c’est pas sûr, c’est quand même peut-être… »
Donner un certain sens à nos vies, à nos villes
On a des rêves plein la tête. Et on manque d’espace pour les réaliser. Alors quand on voit plein de bâtiments vides, ça donne des idées. On voit la ville et la vie autrement. Nous habitions donc là, au 26 avenue de la République, depuis jeudi 16 octobre.
Cette maison était ouverte, vide, et laissée à l’abandon depuis plus d’un an. Nous trouvons qu’un endroit pareil ne peut pas être laissé sans habitants et sans projets.
Vivre le quartier, faire revivre une maison
Des projets, nous en avons ! Participer à la vie du quartier, écouter ses histoires et ses envies. Rencontrer les associations présentes, entretenir de bonnes relations avec les voisins, et garder la porte ouverte.
Nous avons commencé à prendre soin de ce lieu, qui en avait bien besoin. Nettoyer les espaces, s’occuper du jardin: en faire un espace vivable, vivant et convivial. On voulait cultiver un potager, partager la soupe avec ceux qui le souhaitent. Faire de ce lieu un espace d’accueil, organiser des espace-temps ouverts à tous: banquets populaires, cinéma engagé, yoga, bibliothèque d’échange, cirque, ateliers d’expression libre, théâtre, …
Du pied de nez au pied de biche: refus de dialoguer et expulsion douteuse
Depuis le début, nous cherchons le dialogue avec le propriétaire. Nous sommes prêts à entendre ses projets, à s’entendre sur des délais, à proposer des solutions négociées. Le propriétaire n’avait rien à perdre en discutant avec nous. Pourtant, il a méprisé notre main tendue.
Jeudi 23 octobre, après une semaine d’habitation, le propriétaire nous a fait sortir de la maison sans procédure d’expulsion, par un stratagème douteux, avec l’aide de la gendarmerie. Nous avons encore tenté de communiquer, sans succès. Il est revenu accompagné par les gendarmes. Fracturant volet et fenêtre avec un pied de biche, le propriétaire a heurté un grand principe du droit français, l’inviolabilité du domicile: la loi reconnaît que les propriétaires n’ont pas tous les droits, face à des occupants comme face à des locataires. Les gendarmes ont ensuite imposé aux habitants de les suivre au poste de gendarmerie.
Pourquoi nous nous battons
Aujourd’hui, nous sommes retournés nous entasser dans des clapiers et des boîtes à sardines, en attendant de retrouver d’autres lieux pour vivre décemment. Mais nous ne sommes pas là pour vous faire larmoyer sur une situation particulière. Si nous nous battons encore, c’est pour rendre visible des questions politiques.
On nous a forcé à partir alors que ce lieu reste inoccupé et inutilisé. Selon nous (et selon la justice), les propriétaires n’ont pas tous les droits: ils ont bien trop souvent la police et la justice à leurs côtés.
Nous défendons l’utilité et l’usage contre le tout-propriété.
On a craché dans une main tendue. L’attitude du propriétaire nous écoeure: tout-puissant par son héritage, tout-puissant par son capital, terrorisé par l’échec de sa spéculation, il nous méprise et méprise nos droits.
Nous défendons le dialogue et le respect contre l’usage de la force et le mépris.
Nous voulons amplifier le rapport de force face aux propriétaires et à l’état policier, face à la répression des formes et des moyens de contestations du capitalisme.
Arthur, Calou, Bernat, Valentin, Bérangère, Bertrand, Majya, Régis, Audrey, Jérémie et leurs ami-e-s…