[6 février 2011]
Ce vendredi 28 janvier, un groupe d’habitants de L.L.N. et ses alentours investit un endroit où créer et diffuser de la musique, installer des ateliers et des expositions. Notre désir est de fonctionner hors des institutions car nous entendons être libres dans la gestion de notre espace, notre volonté étant d’être indépendants de subsides ou d’animateurs. Nous avons décidé de récupérer des locaux laissés à l’abandon ou non utilisés par leur propriétaire. Ce genre de collectif ou dynamique existe dans d’autres villes comme Liège, Bruxelles, Gent, Leuven ou Antwerpen…
Résumé des évènements de ce vendredi 28 janvier :
19h. Nous rentrons dans les locaux de l’ancienne poste place des Sciences. Rapidement un groupe de personnes y installe une cuisine, d’autres un bar, une sono, une infothèque. Nous nous sentons vite chez nous et y installons une charmante ambiance.
20h. Un vigile de l’U.C.L. constate notre présence et appelle ses collègues et la police… L’un d’entre nous sort pour leur expliquer nos intentions, en vain ; nous connaissons notre bonne ville, le dialogue est impossible et l’expulsion imminente. Les policiers se rassemblent devant le bâtiment, matraque à la main et casque vissé sur la tête. Le ton est lancé mais la bonne humeur est toujours un peu là. Les enfants et certains parents quittent la poste.
21h. Le nombre de policiers augmente. Ils encerclent le bâtiment bloquant toutes les issues.
21h30. La police casse une vitre puis une porte et entre de force. (Qui donne ce genre d’autorisation, le bourgmestre ?) Le commissaire Lagrange rentre avec sept de ses hommes pour nous sommer de discuter avec un responsable (?), matraque à une main et lacrymo dans l’autre tout en poussant et bousculant le groupe. La discussion s’envenime, les coups de matraques pleuvent, nous nous opposons collectivement à leur charge et finissons par les repousser hors du bâtiment.
22h. La police fait fortement usage de gaz lacrymogènes. Le gaz envahit tout le bâtiment, nous sommes obligés de sortir par les portes de l’étage inférieur et nous retrouvons face à d’autres policiers. Le matraquage et gazage se déroule sous l’œil bienveillant de responsables de l’U.C.L. : Dominique Opfergelt (administrateur général) et Alexandre Bauthier (responsable de la sécurité des biens et des personnes).
22h30. Nous sommes tous dehors. Plusieurs membres du groupe ont été frappés par la police et sont blessés. Certains ont été frappés à l’intérieur du bâtiment, d’autres alors qu’ils étaient déjà dehors. Certains policiers sont prêts à nous frapper pour n’importe quelle raison. D’autres, repus de violence satisfaite ricanent à l’écart. Une personne est arrêtée car elle crie fortement sur la police, elle est jetée violemment au sol.
23h. Nous formons un petit groupe sur la place des Sciences. La police revient vers nous. Suite à une discussion avec le commissaire, l’un des nôtres est arrêté agressivement sans aucun motif. Nous disloquons notre groupe et nous rassemblons ailleurs pour faire le point, quatre personnes à l’hôpital, deux au poste, notre détermination est toujours intacte. Nous sommes ouverts à toutes propositions d’espaces vides à occuper.
Depuis 1998, le changement de politique d’aménagement du territoire nous en a fait baver.
Une forme de nettoyage ethnique, de type social, s’opère dans le Brabant Wallon et spécialement à Louvain-la-Neuve. Beaucoup de jeunes nés à Louvain-la-Neuve doivent partir en laissant la place à ceux qui ont les moyens de payer le coût de la vie néo-louvanesque. Habiter, c’est aussi rencontrer et créer dans la cité.
Même si M. l’échevin de la Culture nous traite d’ignares sur cette question, nous persistons à penser qu’il y a un manque crucial de lieux à destination de la création (ateliers et salle d’expo-concert-performance).
La maison des jeunes va renaître. Nous l’espérons car nous avons grandi à travers elle et son apprentissage à l’autogestion. Nous trouvons qu’il faut la laisser à disposition des plus jeunes qui ont besoin d’un lieu de découvertes.
Les écuries de la ferme du Biéreau ne sont plus accessibles à l’a.s.b.l. Corps et Logis ainsi qu’aux habitants de Louvain-la-Neuve pour des raisons de sécurité. Celles-ci servent la commune pour faire pression sur le collectif d’habitants et leur faire signer un contrat qui les affaiblit. Il semble donc évident que la prochaine rénovation des Écuries sera la mise à mort de ce projet.
Le squat du 111, expérience douloureuse pour tous, en reste néanmoins enrichissante. Certains dirigeants de l’U.C.L. et de la Commune ainsi que leur administration se dissimulent encore derrière cet accident pour dévaloriser notre action. Nous trouvons la méthode périmée d’autant que nous avons revu nos copies. Mais notre besoin de continuer nos créations, productions et diffusions culturelles nous amènent à continuer, de manière déterminée, à rechercher des espaces.
Le Cinéma avec ses 13 salles, fermées ou ouvertes, ainsi que sa voisine l’Aula Magna nous parlent sur le type d’infrastructure culturelle sensiblement mégalo et finalement sur la manière de penser Louvain-la-Neuve qui rend le ticket d’entrée fort cher. Nous ne parlerons pas du Centre Commercial ou de l’«éco-quartier» du futur «Courbe voie». Face à cette culture de synthèse, nous prônons une culture organique et non-instituée.
Nous n’avons pas de lieu et donc nous les prenons. La météo a produit la preuve évidente de cette nécessité d’un lieu. Nous en sommes partis. Nous avons ouvert la Poste et avons été jeté manu militari avec une violence rarement égalée sur le site. Visiblement, on lâche la bride à la flicaille.
nn