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Hier le 31/12/02, à 16h00, environ 70 personnes déguisées en pirates sont montées « à l’abordage » du bateau-restaurant le Marseillois amarré au quai d’honneur du vieux port, devant l’Hotel de ville. Il s’agissait d’une blague, une heure portes ouvertes improvisées sur un symbole de la classe marseillaise, qui ne portait pas préjudice au bâtiment ni à l’activité de restauration du Marseillois : l’action ludique avait lieu à l’heure de la récréation. Comme le souligne un tract d’invitation distribué à bord et sur le quai : « nous avons en commun le désir d’expérimenter d’autres formes d’aventures humaines […] ne voyez en cet abordage que la mise en forme de quelques rêves d’enfants ». Le drapeau pirate était donc hissé sur le mât central, ainsi qu’une banderole clamant « POUR UN MONDE SANS ARGENT, A L’ABORDAGE! » . Un punch était gracieusement offert à bord.
LA POLICE MANQUE ENCORE D’HUMOUR
Cependant, comme toute farce digne de ce nom, cet abordage était plein de sens en ces temps de terrorisme industriel et d’hyper consommation : toujours selon le tract distribué, les pirates » refusent de jouer un rôle dans le système des marchands et de leurs complices de tous bords « . C’est donc pour des raisons sérieuses que l’appel se terminait par une note d’ironie : « cette pièce devrait recevoir le soutien de la force publique… »
ET LA FORCE PUBLIQUE ARRIVA…
A 17h00, une patrouille alertée par la direction du Marseillois monte à bord, constate l’ambiance et demande aux personnes à bord de quitter le navire, ce qui se fait doucement, toujours dans la bonne humeur. Mais d’autres patrouilles sont appelées en renfort, et certains policiers arrivent déjà énervés. Leur violence verbale, face à l’humour, fait vite place à la violence armée. Gaz lacrymogènes, coups de matraque et les premières interpellations provoquent la dispersion des pirates. Un bébé de neuf mois sera même gazé dans les bras de son père, et sera arrêté avec lui ! Estimant que ça ne leur suffit pas, les policiers toujours plus nombreux (au moins cinquante) entreprennent une chasse à l’homme ahurissante, arrêtant plusieurs dizaines de personnes arbitrairement, essentiellement dans le quartier du Panier. Après avoir passé 24 heures aux fers à l’Évêché, les 14 derniers prévenus ont été libérés. Un de ces pirates s’est fait casser la tête (10 points de suture), puis arrêter, parce qu’il «parlait trop» selon les dires d’un policier. Pas d’évacuation sans violence policière. Les pirates ont largué les amarres vers un monde sans argent.
AFP (Association des Faux Pirates)