COMMUNIQUE DE PRESSE DU 25 FEVRIER 2005
PARIS – Action de protestation contre les expulsions de squats, à Paris et ailleurs dans la France entière
Aujourd’hui, vendredi 25 février 2005, le hall de la mairie PS du 12e arrondissement a été recouvert de gravats en signe de protestation face à la politique d’expulsion des squats menée par la gauche à Paris et dans de nombreuses autres villes.
En effet, Vendredi 18 février, la mairie du 12e après avoir fait violemment expulser des étudiants et étudiantes qui occupaient depuis une semaine un bâtiment vide au 1, cité Debergue, près de la rue du Rendez-Vous (métro Picpus), s’est appliquée à détruire l’escalier et l’intérieur du bâtiment pour empêcher toute éventuelle réoccupation. De quelle politique sociale la gauche parle-t-elle, quand on expulse sans discussion et en plein hiver, en toute illégalité des étudiants sans-logis ? La politique « quartiers verts » dont se flatte la Mairie de Paris, est-ce le rasage de bâtiments vides pour planter des arbres et l’expulsion des sans-logis ?
Par cette action, nous comptons aussi mettre en lumière la politique d’expulsion des squats opérée par la gauche municipale dans de nombreuses autres villes de France : le squat de l’Ekluserie expulsé hier à Rennes, plusieurs squats expulsés à Lille, et peut-être à Grenoble, où la municipalité PS menace de démolir le célèbre squat des 400 Couverts. Nous inscrivons notre action dans la campagne d’action nationale pour empêcher sa démolition. Ci-joint le tract de nos amiEs grenobloisEs:
Contre l’expulsion des 400 couverts, pour la construction d’espaces d’expérimentation et d’autonomie
Pourquoi nous nous sentons concerné-e-s par l’avenir de ce squat grenoblois ? « Les 400 couverts », c’est un lieu concret d’expérimentation de l’autogestion et de modes de vie différents qui est menacé d’expulsion par la mairie socialiste de Grenoble. Dans cette société qui impose ses normes dans tous les domaines de nos vies , il y a peu de place pour ce types d’initiatives autonomes. Partout en France les pouvoirs publics expulsent des squats et imposent des cadres de vie dans lesquelles ces expérimentations sont impossibles à mener. Nous pensons donc qu’il est important, nécessaire et vital de défendre chacun de ces lieux indépendants, chaque fois qu’il le faut. Par cette action, nous voulons aussi rendre visible qu’il existe partout en France des initiatives de ce type, intéressantes et riches, sans cesse mises en danger par les logiques de l’ordre et de la rentabilité. Pourquoi s’organiser collectivement hors des institutions ? Protester contre cette expulsion, c’est revendiquer le pouvoir de choisir nos façons de vivre. Les choix qu’on nous laisse dans ce monde sont des choix de pacotille : acheter un pantalon noir ou un blanc, manger du chocolat volé à des personnes exploitées dans le tiers-monde ou boire un soda fabriqué dans une usine chimique, etc. Qui pense pouvoir influer sur les orientations politiques et sociales de notre société ? Pour sortir de ces systèmes de dépendance et se réapproprier une partie de nos vies, nous pensons qu’il est nécessaire de construire ces lieux d’expérimentations hors des institutions. Comme beaucoup de gens, nous critiquons les injustices et les aberrations du système dans lequel nous vivons. Mais nous pensons qu’il est possible, dès maintenant, de s’organiser pour modifier ces fonctionnements que nous subissons et entretenons à la fois. Nos luttes passent par la construction de mode de vies et d’actes qui nous rendent plus responsables : + essayer d’entretenir des relations basées sur la solidarité et l’entraide, plutôt que sur la compétition et le chacun pour soi + tenter de maîtriser notre alimentation et notre consommation suivant nos besoins + mettre en place des systèmes d’échange, de récupération et de production qui nous permettent de réduire notre dépendance au salariat et aux rapports marchands + tenter de nous organiser collectivement sans hiérarchie en privilégiant la discussion et la prise en compte de chacun-e.
Pourquoi s’attaquer a la gauche ? Nous faisons le constat qu’aujourd’hui, les partis politiques sont avant tout le relais d’un aménagement libéral. Bien sûr, la gauche et notamment le Parti Socialiste gardent, au moins dans le discours, une approche plus sociale des problèmes politiques. Mais sous son masque bienveillant et solidaire, la démocratie sociale applique les mêmes logiques que la droite : un aménagement sécuritaire et aseptisé des villes (vidéosurveillance, arsenal policier, bancs anti-SDF…), des choix budgétaires, de politiques urbanistique et culturelle, liés au prestige et au monumental et, dans le même temps, des expulsions de squat et de locataires en plein hiver, le mépris et la criminalisation des demandeur-euse-s d’asiles et des sans papier-ère-s, etc. C’est dans ce contexte que nous attaquons aujourd’hui le Parti Socialiste parce qu’il porte, au même titre que la droite, des responsabilités concrètes dans de nombreuses expulsions et dans la répression des mouvements sociaux.
Les 400 couverts ? C’est une petite rue dans le centre-ville de Grenoble, squattée depuis plus de trois ans, C’est le domicile d’une vingtaine de personnes, une vie collective quotidienne, un lieu public où se déroulent une multitude d’activités à prix libre (débats, concerts, projections, réunions de différents collectifs…), une bibliothèque alternative, un square et un four à pain autoconstruit pour des repas de quartier conviviaux, ainsi que moult expérimentations pratiques plus ou moins réussies (toit végétal, potager, compost, pharmacie des plantes, informatique libre, etc.). Tous ces espaces, ces activités, ces réflexions ont été réalisés avec les moyens du bord, sans subvention et pratiquement sans argent, hors des circuits marchands et institutionnels. La municipalité de Grenoble, propriétaire, veut expulser et raser la traverse des 400 couverts pour y reconstruire une vaste opération immobilière. L’argument principal pour justifier la disparition de ce lieu est la création de 12 logement sociaux. Expulser des gens qui prennent en main leur habitat pour en reloger à peine plus dans des immeubles standardisés, c’est cette logique bureaucratique qui favorise le contrôle social des habitant-e-s, et planifie l’anéantissement systématique des lieux d’invention et de contestation. Dans une ville qui consacre des millions à la construction d’un stade de foot ou d’une maison de la culture élitiste , ce ne sont pas les squateureuses qui empêchent la mairie d’appliquer son programme social. Nous nous battons pour que cet espace de création, de tentatives, de réflexions, de rencontres et de solidarités continue d’exister .
Pour plus d’informations sur les squats grenoblois :
http://grenoble.indymedia.org
http://grenoble.squat.net
http://inventati.org/nebuleuse/
Si vous voulez protester contre les expulsions : Sur Paris (expulsion cité Debergue) : TEL : 01 44 68 12 12 (mairie du 12ème), 01 44 68 12 64 (Dominique Larrey, Maire-adjoint, délégué à l’urbanisme et à l’habitat, conseiller d’arrondissement), 06 73 87 74 47 (M. Dronneau, de la Direction du Logement et de l’Habitat) par téléphone. FAX : 01 44 68 12 09 (mairie du 12ème) et 01 42 76 54 00 (Cabinet de Jean-Yves Mano, adjoint au logement et habitat ville de Paris)
Sur Grenoble : Hôtel de Ville 11, boulevard Jean Pain BP 1066 38021 Grenoble Cedex 1 Tél. 04 76 76 36 36 Fax 04 76 76 39 40 email : contact [at] ville-grenoble [point] fr
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