Limoges : un nouvel espace libéré

  Limoges : un nouvel espace libéré


Salut,

Le collectif “la clepsydre” occupe depuis ce week-end [27-28 mars 2005] un immeuble vide. Au rez-de-chaussée, une “boutique” (ancien local des Verts), et à l’étage un appartement d’environ 100-150 m².

Ce squat a comme ambition d’entamer une bagarre politique sur le thème “l’usage contre la propriété privée”. Faire vivre des projets collectifs multiples (politiques, culturels, …), produire du commun, créer et défendre des espaces d’autonomie,… ne plus cantonner l’espace public aux seuls endroits autorisés, mais au contraire, élargir l’espace public aux maximums de champs.

En lien avec le DéDAL (collectif de défense du droit au logement) qui occupe toujours le “squathédrale”, les occupants de la “clepsydre” sont en train d’élaborer leur projet pour le lieu. Déjà prévu, potager, chambre d’amis, atelier bal folk, permanences juridiques et sociales, salle de réunion, un infokiosque (le 2ème à Limoges !), et plein d’autres choses que nous n’avons pas encore inventer/imaginer…

Ci-dessous, le premier communiqué des occupants

“La clepsydre”
71 rue Montmailler
87000 Limoges

Contact :
Xavier
06-84-53-41-74


Il y a ce vide urbain, cette ville composée de murs morts, de fenêtres en parpaings, d’immeubles délabrés ; il y a la folie destructrice des propriétaires qui transforment nos maisons en terrain vague ; il y a le racket des loyers qui conditionne notre accès à l’habitat ; tout cela qui permet l’auto-reproduction de la spéculation.

Il y a cette ville sécuritaire. Le panoptisme des maîtres s’étend à l’ urbanisme ; les digicodes, la vidéo-surveillance sont là pour conditionner quotidiennement nos comportements. Si bien que son assimilation a construit la peur. La paranoïa s’achète dans les médias et finance les pharmacies.

Le contrôle de nos vies passe par le traitement judiciaire des problèmes sociaux. Sommés d’avoir des papiers, un loyer à payer, un travail, les récalcitrants risquent l’expulsion et l’emprisonnement. Huissiers et prisons symbolisent et matérialisent la solidarité du pouvoir, avec les propriétaires et les possédants, contre les locataires et les dépossédés. Cette vie ennuyeuse et sous contrôle forge les besoins de consommation, de télévision, de médicaments. Nos vies sont contraintes, les moyens de s’en évader aussi. Travaille ! Consomme ! Ou meurs !

L’ordre républicain règne sans partage. Le citoyennisme veut nous faire croire à l’égalité des droits. Y-a-t-il égalité de citoyens quand le logement représente dans ce monde son statut de riche ou de pauvre ? Studio pourri ou villa avec piscine ; Beaubreuil ou Emailleurs ; visite surprise de l’huissier ou rendez-vous chez le notaire ; cantine populaire ou petits fours chez le préfet. Il n’y a pas de citoyen ! Il y a ceux qui n’ont rien ou presque, et il y a ceux qui ont tout ou presque.

L’ennui, la peur font de nous des êtres séparés. Chacun son logis, chacun ses problèmes, chacun son pouvoir d’achat. Imaginer s’en tirer dans son coin, c’est se bercer d’illusions. Nous avons à inventer d’autres gestes que le sauve-qui-peut individuel.

Mourir d’ennui ou vivre nos désirs ?
Nous sommes aujourd’hui quelques-uns à refuser de crever d’ennui. nous invitons tous ceux qui veulent construire les espaces de nos émancipations présentes et futures, à se joindre à notre projet. Chez nous, pas de place pour l’isolement, les hiérarchisations, ou les divisions, mais un espace multiple de liberté, de création, d’expression.

Nous appelons les associations, les collectifs temporaires ou non, individus, à venir occuper ce squat, conçu comme un local où tout peut se mettre en commun. Nous proposons à toute personne, chaque idée, chaque projet, chaque initiative à se vivre en collectif et à partager notre colère festive !

A tous ceux qui veulent fuir le désert de cette société, pour construire ici une oasis d’autonomie sociale, pour éprouver toutes les formes de désobéissance sociale, pour affûter de nouvelles manières d’être et de faire ensemble ; pour que les frustrations d’aujourd’hui deviennent les pavés de demain :

A l’abordage ! La piraterie immobilière commence aujourd’hui !

La Clepsydre