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Plus d’infos sur l’Opération « Nottetempo ».
samedi 21 mai 2005
Nouvelles attaques contre des anarchistes en Italie
On se souvient que l’Etat italien avait frappé des compagnons de plusieurs villes (Pise, Gênes, Cagliari, Lecce, Rovereto, Rome-Viterbo) en été 2004 (1). Trois des anarchistes visés par l’ « opération Cervantes » du 27 juillet 2004 sont incarcérés depuis bientôt dix mois (Marco Ferruzzi, David Santini, Simone del Moro) tandis que le quatrième (Sergio Maria Stefani) est en résidence surveillée depuis peu. Quant à ceux visés dans le cadre de l’enquête sur les COR (cellules d’offensive révolutionnaire) à Pise, trois sont embastillés : Alessio depuis le 7 juin 2004, Willy depuis le 30 juillet 2004 et Francesco depuis le 11 mai 2005 à Barcelone, après neuf mois de clandestinité. Les 11 compagnons mis en examen dans cette enquête pour association subversive passeront les 23-24 et 27 mai prochains au tribunal de Florence pour les audiences préliminaires.
Jeudi 12 mai 2005 à l’aube a débuté l’opération « Nottetempo » : 150 policiers de diverses unités (coordonnées par la direction centrale de la police antiterroriste) mènent près de 16 perquisitions d’habitations et de locaux dans toute l’Italie (Lecce, Aoste, Turin, Trente, Trieste, Chieti, Cagliari, Taranto, Catania). Cinq anarchistes de Lecce sont arrêtés pour association subversive (art. 270bis) : Saverio Pellegrino, Salvatore Signore et Cristian Paladini sont immédiatement incarcérés, Marina et Annalisa sont placées en résidence surveillée. Huit autres sont laissés en liberté mais mis sous enquête avec le même chef d’inculpation et deux autres sont sous enquête pour manifestation non autorisée.
Cette opération sur requête du procureur Giorgio Lino Bruno et signée par le juge d’instruction Antonio del Coco se base sur des micros placés dans les maisons, des écoutes téléphoniques et un émetteur GPS placé dans la voiture d’un compagnon. Les cinq anarchistes de Lecce sont incarcérés parce que le procureur les accuse d’une longue liste de délits commis dans cette ville en 2003 et 2004 : de nombreux tags, l’incendie du portail de la cathédrale le 11 juin 2003, le sabotage de plusieurs distributeurs automatiques de billets de la BancaIntesa (qui gère les comptes du centre de rétention du coin), celui de plusieurs pompes à essence Esso (qui fournit les troupes en Irak), le cocktail molotov contre la maison de la soeur de Cesare Lodeserto (curé gestionnaire du centre de rétention) le 17 août 2004, des dégâts contre Benetton (qui exproprie les Mapuche en Argentine) le 31 décembre 2003, des manifestations illégales et des incitations à la révolte dans le centre de rétention. Bref, de nombreux actes de révolte souvent anonymes qui ont pu perturber l’ordre de cette ville. La maire (Alleanza Nazionale, parti ultra-droite de la coalition gouvernementale), Adriana Poli Bortone, a aussitôt salué dans les journaux « une intervention qui restituera de la sérénité aux gens qui veulent vivre dans l’ordre et le respect des règles démocratiques ». L’association subversive est, elle, basée sur des réunions contre les centres de rétention ou les prisons.
Cette opération se déroule dans un contexte marqué à la fois par des luttes contre le centre de rétention « Regina Pacis » de Lecce (à commencer par les immigrés eux-mêmes qui ont multiplié révoltes et évasions) et dans toute l’Italie : ce même 12 mai à Turin par exemple, la police a froidement tué deux sénégalais lors d’une de ses rafles quotidiennes dans les quartiers tandis qu’une jeune slave se suicidait dans la prison de les Vallette et le 20 mai a éclaté une révolte dans le centre de rétention de cette ville (situé corso Brunelleschi). La solidarité avec les compagnons arrêtés s’est immédiatement traduite par un petit rassemblement informatif à Turin, une manifestation sous le centre de rétention de Bologne avec une dédicace aux copains et une manifestation sauvage à Lecce qui a bloqué le trafic routier. Une seconde est prévue à Lecce le samedi 21 mai, suivie de débats le lendemain, et un concert de solidarité à Taranto.
Pour leur écrire : nom, Casa Circondariale Borgo S. Nicola 119, 73100 Lecce (LE), Italia
Un compte est ouvert : c.c.p. N° 56391345 au nom de Marina Ferrari
Jeudi 19 mai, la police mène l’« opération Fraria » sur requête du procureur Paolo De Angelis et signée par la juge Ermenegarda Ferrarese, en effectuant 56 perquisitions, principalement en Sardaigne, mais aussi à Viterbo, Rome, Gênes et Foggia. 3 personnes sont mises sous enquête pour « propagande et apologie subversive » (art. 272), 16 pour des complicités de délits et 7 sont immédiatement arrêtées et mises en résidence surveillée pour « association subversive » (art. 270bis).
Ces dernières sont accusées d’être « militants ou adhérents » du centre de documentation anarchiste de Cagliari, Fraria. L’enquête part notamment d’un colis piégé reçu par la caserne de carabiniers de Stampace le 2 octobre 2003 et de l’incendie du siège électoral de Forza Italia (parti de la coalition gouvernementale, auquel appartient Berlusconi) le 12 juin 2004 à Quartu Sant’Elena pendant les élections européennes et régionales. Trois des sept arrêtés (Carlo , Luca et Vinico) avaient avaient déjà passé 40 jours en prison, et 9 mois en résidence surveillée avant de passer en avril 2005 au régime du pointage au commissariat, accusés de ce même incendie. Les quatre autres sont Roberto, Caterina, Licia et Paolo.
Solidarité active avec les compagnons.
Feu aux centres de rétention et aux prisons !
(1) Voir a-infos ( http://www.ainfos.ca)du 30 juillet 2004 et la brochure « Un été italien », textes sur la répression anti-anarchiste, par Quelques complices sans patrie, janvier 2005, 32 p. (disponible sur http://mutineseditions.free.fr/eteitalien/etendex.html).
Les frontières de la démocratie : les immigrés tués, les rebelles en prison
Jeudi 12 mai, cinq anarchistes de Lecce ont été arrêtés dans le cadre de l’énième enquête pour « association subversive à finalité terroriste » (art. 270Bis), sur la base de laquelle des domiciles et des lieux anarchistes ont été perquisitionnés dans la moitié de l’Italie. Le Capolinea occupato [squat] de Lecce a été fermé et mis sous séquestre judiciaire. Connus pour leur opposition constante et sans compromis à ces lagers que la langue de l’Etat nomme « centres de résidence temporaire » [Cpt, centres de rétention], ces compagnons dérangeaient trop. A présent que les brutalités dans le CPT de Lecce sont apparues si évidentes que son directeur, don Cesare Lodeserto, a été arrêté sous l’accusation de violence et séquestration de personnes ; à présent que plusieurs immigrés enfermés ont commencé à se rebeller avec courage et continuité, la voix de ceux qui démasquaient depuis longtemps les responsabilités de tout un système concentrationnaire restera muette. Ces compagnons sont accusés d’une série d’attaques contre la propriété des gestionnaires et financiers du CPT de Lecce, de quelques sabotages contre Esso et de quelques actions directes contre Benetton. Nous ne savons pas s’ils sont innocents ou coupables, et ça ne nous intéresse pas. Nous ne cherchons pas ce que nous trouvons juste entre les lignes des codes de l’Etat. S’ils sont innocents, ils ont notre solidarité. S’ils sont coupables, ils l’ont plus encore. Répondre avec détermination à ceux qui enferment des femmes et des hommes dont l’unique faute est celle d’être pauvres et de ne pas avoir de papiers en règle, présenter un peu l’addition à ceux qui s’enrichissent avec le génocide de la population irakienne (comme le fait Esso) ou avec la déportation des Mapuche (comme le fait Benetton), sont des pratiques absolument partageables. Des bombardements aux CPT, des banques aux multinationales, les ennemis des exploités ne sont peut-être pas partout les mêmes ?
Alors que nos compagnons étaient arrêtés, la police a expulsé un camp de nomades, tué à froid un sénégalais sur un barrage et provoqué la mort d’un autre immigré qui cherchait à échapper à une rafle, en un seul jour à Turin. Ca vous suffit ? Depuis plusieurs semaines, les reclus du CPT de via Corelli à Milan sont en grève de la faim, protestent en montant sur les toits, hurlent leur volonté de liberté. En même temps, des centaines de réfugiés sont internés dans des « centres d’accueil » d’où ils cherchent à s’évader à tout prix. Ce sont les cris qui nous arrivent des massacres de ce monde en ruine. Nous pouvons faire semblant de ne pas les entendre. Nous pouvons fêter hypocritement la lutte armée contre le nazifascisme sans se rendre compte que les lagers ne sont pas notre passé, mais notre présent. Nous pouvons nous réfugier derrière le respect de la loi -la même loi au nom de laquelle on affame et on bombarde, la même loi qui est quotidiennement suspendue pour des millions de damnés de la Terre. Ou bien nous pouvons décider de lever la tête, trouvant en nous-mêmes le sens de ce qui est juste, armant notre coeur et nos bras. Nous pouvons nous cacher ou bien nous battre.
La meilleure façon d’être solidaires avec les anarchistes de Lecce nous semble être de continuer la lutte pour la fermeture des lagers, pour enrayer la machine à expulser. Pour un monde sans frontières.
Liberté pour Salvatore, Saverio, Christian, Marina, Annalisa !
Feu aux CPT, liberté pour tous !
Des anarchistes en liberté provisoire
[Traduit de l’italien, publié le 13 mai 2005 sur anarcotico.net.]