Paris: Les incendies prétextes aux expulsions musclées sans relogement

Les incendies prétextes aux expulsions musclées sans relogement: qui a donc intérêt à ces incendies?

Jean-Marie Le Pen, chef du parti fasciste a dit: « Les premières victimes de l’immigration incontrôlée sont les immigrés eux-mêmes ». « Il suffirait de mettre un terme à la béante et criminelle ouverture de nos frontières et d’engager une politique humaine de retour ». (Communiqué, mardi 30 août 2005).

Sarkozy a répété: « Il faut fermer tous ces squats et tous ces immeubles pour arrêter ces drames et c’est ce que j’ai demandé au préfet de police parce que ce sont des êtres humains qui sont logés dans des conditions inacceptables ». « A force d’accepter des gens malheureusement à qui on ne peut proposer ni travail ni logement on se retrouve dans une situation où on a des drames comme ça ». (France Inter, mardi 30 août 2005).

Et à 6h, 7h, ce 2 août 2005, Sarkozy, ci-devant Ministre de l’Intérieur met à exécution les desiderata insinués par Le Pen: « La première évacuation vendredi matin a été menée rue de la Fraternité, dans le XIXe arrondissement, où vivaient une vingtaine de familles, notamment ivoiriennes, comptant au moins 30 enfants. Une heure plus tard, des CRS ont pénétré dans un immeuble rue de la Tombe-Issoire, dans le XIVème, occupé par 80 personnes dont une douzaine d’enfants » (Reuters).

70 personnes expulsées (français à peau noire, antillais, carte de séjour de 10 ans, carte d’un an) dans le XIXéme arrondissement dont seulement 14 sans papiers refusent les hébergements proposés dans le 95 dans des formules 1.
Les formules 1, les sans papiers connaissent déjà. Non seulement Sarkozy les envoie loin des écoles de leurs enfants – carte scolaire oblige – mais les formules 1, c’est une chambre pour toute la famille quelque soit le nombre.
Les familles se retrouvent en plein air dans le square du Chapeau Rouge dans le 19éme.

Une formidable solidarité populaire – que nous saluons – organisée par le DAL, est en cours.

C’est pourquoi nous avons exigé une réponse claire aux questions suivantes:
– Combien de Sans Papiers victimes dans les incendies?
– Combien d’immigré(e)s en situation régulière?
– Combien de Français à peau noire?
– Quels emplois exerçaient les victimes?
– Combien cotisaient au 1% patronal pour le logement?
– Combien étaient en attente d’un logement social HLM ou autres et depuis combien de temps?

C’est pourquoi nous disons clairement que prétendre ou insinuer que les victimes sans papiers des incendies auraient une quelconque responsabilité dans les drames macabres qui les endeuillent est tout simplement criminel.
L’indécence atteint son comble ici. Les seuls et véritables problèmes posés sont:
– la question du racisme d’Etat qui fait que le pays berceau des droits de l’homme ne respecte pas le droit d’asile ratifié par ailleurs
– la question d’une politique de logement social
– l’accès sans discrimination au logement social
– la lutte contre la flambée des prix de l’immobilier
– la mise à disposition des logements d’urgence.

C’est dire qu’en ce qui nous concerne, en tant que lutte des sans papiers pour la régularisation, le vrai problème est qu’en France il n’y a pas de respect du droit d’asile. Nous illustrons notre affirmation ainsi:

Selon les informations reçues, les 7 morts de Paris 3éme seraient ivoiriens, c’est-à-dire que ces morts ont fui un pays en guerre civile, divisé entre rebelles occupant le nord du pays et le sud sous administration du gouvernement Gbagbo, pays où sévissent des escadrons de la mort, pays que Chirac lui même a publiquement qualifié de « fascisant », pays où 9 militaires français ont trouvé la mort et où l’armée française est accusée de « crimes sur 65 personnes ».
Or, le rapport OFPRA 2003 nous apprend que 1329 ivoiriens ont fui leur pays en guerre civile, mais seuls 15,7% ont obtenu le droit d’asile politique, c’est-à-dire qu’ils sont exactement 317 ivoiriens admis au séjour régulier et 1012 ivoiriens dont certainement les 7 morts de la rue du Roi Doré Paris 3éme ont été éconduits.
Comment ne pas constater que selon le rapport OFPRA 2003, sur 52.204 premières demandes d’asile politique au total seules en définitive 16,9% ont été satisfaites. En d’autres termes 83,1% ont été déboutées et les sans papiers sont réduits à se terrer comme main d’oeuvre des patrons négriers du travail clandestin.
Sarkozy et la droite n’ont décidément rien compris du sens profond du vote de plus de 82% des français le 5 mai 2002 après le terrible tremblement de terre électoral qui a sanctionné les promesses non tenues de Jospin. Ils n’ont vraiment pas compris:
1) que les français rejettent clairement le fascisme lepéniste
2) qu’ils exigent une politique anti-raciste et antifasciste
3) que les photocopies ne font que creuser le sillon de l’original Lepéniste et Front nazional
4) que comme le dit le chant-slogan des sans papiers: Jean-Marie Lepen, l’original, Sarko-Villepin la photocopie, attention danger, le retour 21 avril 2002.

Fait à Paris le 02 septembre 2005

Coordination nationale des sans papiers