Montréal: Présentation de la pièce de théâtre Red Emma dans un squat

Communiqué – 16 mai 2006

C’est dans la nuit du 13 mai a 22h que WeNous, notre troupe de théatre et notre public averti de plus que 100 personnes, sommes venus prendre place dans ce lieu à l’abandon qu’est le terrain du CN. Nous avons décidé de redonner vie à ce lieu afin de démontrer l’utilité qu’il pourrait avoir, bien au-delà des centres récréo-touristiques, des condos et autres manifestations du système de développement capitaliste. Sans en faire partie, en tant que gens conscients et sensibilisés, nous avons suivi la lutte contre le Casino et avons été grandement inspiré-es par celle-ci, non seulement comme réaction à un projet contraire à l’intérêt de la communauté, mais aussi comme lutte ayant des projets de réappropriation communautaire et de décision collective de l’utilisation du terrain.

Nous désirons nous solidariser à cette lutte et souligner que les mouvements populaires de réappropriation de territoire ne sont pas nouveaux ni réduits à notre localité. Dans l’histoire des luttes sociales montréalaises, ce sont toujours les moyens directs qui en sont arrivés aux changements désirés, c’est-à-dire à l’amélioration concrète des conditions de vie et d’existence : blocage des trains par les Irlandais au 19e s., occupations d’édifice par des vétérans de la IIe guerre mondiale, le squatt de la rue St-Norbert, Overdale en 1988 et 2001, etc. Ceci montre bien que les luttes sociales bien que toujours représentées comme impossibles, utopistes et illuminées, ont une longue histoire bien réelle. C’est une des raisons pourquoi la troupe WeNous avons choisi le thème de la vie d’Emma Goldman, anarchiste du début du 20e s : se réapproprier l’Histoire, qui est changée, dont des pans entiers sont effacés; se réapproprier notre histoire, celle des mouvements de résistance, cachés, détournés, oubliés.

Nous voulions vivre et faire revivre des manières de faire et d’être différentes, confronter les moyens sociaux d’expression traditionnels et reconnus comme la norme, qui sont basés sur le mode de propriété capitaliste; cesser d’être seulement en réaction au système pour plutôt créer de réelles alternatives, vivre gratuitement, élaborer nos espaces de vie et de jeu et nos façons de subvenir à nos besoins fondamentaux. Ce faisant, nous avons voulu mettre de l’avant l’idée d’une zone d’autonomie, protégée de la spéculation, qui rend possible d’exister autrement, hors des rapports de consommation. Trop souvent, les lieux physiques permettant d’expérimenter nos idéaux nous manquent et nous obligent à une participation à la société marchande pour obtenir ce type de lieu. La réappropriation de ce lieu, en plus d’être une action politique contre la propriété, est un acte nous donnant le temps de nous consacrer à nos idéaux, à nos communautés, bref à tout ce à quoi nous sommes organiquement relié-es. Cette volonté s’inscrit dans une pratique de culture de résistance où l’art ne peut être une fin en soi, séparé du monde, mais un moyen de vivre nos idées et un langage pour les créer, accessible à tous et toutes, avec nos multiples identités et nos habiletés. Nous croyons que la contre-culture ne peut se présenter sans contexte et vision politique, elle est le socle sur lequel nous construisons notre identité, avec les valeurs que nous revendiquons. Isoler la culture, la mettre sous un globe de verre pour l’admirer, c’est la déraciner et lui faire perdre son sens profond. Ainsi, nous faisons une distinction entre la culture capitaliste et la contre-culture ou culture de résistance. WeNous voulons enrichir et faire grandir cette dernière, afin qu’elle ne soit pas récupérée et mise en boîte par la première. C’est-à-dire : inscrire nos projets artistiques dans la réalité objective des luttes locales et internationales, créer par nos projets des happening permettant l’échange et le réseautage, fortifier la résistance en enrichissant sa culture de référence.

WeNous – 16 mai 2006

N’oubliez-pas nos prochaines deux présentations!

mercredi 24 et jeudi 25 mai

19h00
Studio-théâtre Alfred-Laliberté
Pavillon Judith-Jasmin
405, rue Ste-Catherine E.
Local J-M400 (niveau Métro)
metro Berri-UQAM
Contribution volontaire (échelle de 5-20$) Présenté dans le cadre du festival de l’anarchie
Infos: http://salonanarchiste.taktic.org

Pour voir des photos de la première de Red Emma, visitez :
http://gallery.cmaq.net/red-emma

Contact : red-emma(a)riseup.net

WeNous