Genève: Expulsion de Rhino

  Genève: Expulsion de Rhino


La guerre contre les squats bat son plein à Genève et la mythique corne rouge de Rhino vient de tomber.

Après la Tour, c’est Rhino (19 ans d’occupation !) qui vient d’être expulsé [le 23 juillet 2007] avec des affrontements avec la police (et même le matraquage de la vice-présidente du Parti Socialiste Suisse qui s’était opposée à l’expulsion) et des attaques incendiaires sur des commissariats par la suite.

On imagine comme d’hab’ que toute réaction d’hostilité vis à vis des institutions suisses, et de solidarité avec les occupant-e-s sont les bienvenues.

Il y a pleins d’infos en vrac sur http://ch.indymedia.org/fr/ et puis je vous colle, ci-dessous, un article du Monde d’aujourd’hui pour voir ce qu’en disent les médias français.

Le plus vieux squat de Genève a été évacué par la police

C’est un lieu emblématique de la culture alternative genevoise, presque une institution, qui vient de disparaître. Lundi 23 juillet, le squat Rhino (Retour des habitants dans les immeubles non occupés), le plus ancien de la ville, installé depuis dix-neuf ans dans trois immeubles d’un quartier chic de la ville et reconnaissable à la corne rouge qui ornait l’une de ses façades, a été évacué par la police après quelques violents affrontements en fin de soirée.

Quatre-vingts personnes, dont dix enfants, y vivaient. Les lieux abritaient aussi un bar et une petite salle de concerts, la Cave 12, réputée dans le monde entier pour sa programmation de musique improvisée. Le tout géré dans une parfaite quiétude et propreté helvétique. Au printemps 2001, les lieux avaient été visités par Bertrand Delanoë, le nouveau maire de Paris, venu s’informer sur la tolérance genevoise en matière de squat.

La « doctrine » de l’époque, partagée par les autorités politiques et judiciaires, voulait que les squats ne soient évacués que si les propriétaires des lieux étaient en mesure de proposer un projet de rénovation, si possible pour des logements à loyer modéré, et que la justice le confirme par jugement.

Cette époque est révolue. Daniel Zappelli, le procureur de Genève, a ordonné l’interpellation des occupants de Rhino – une vingtaine de personnes présentes sur les lieux – sans jugement d’évacuation, sur la base d’une plainte pour violation de domicile et d’un arrêté administratif ordonnant que des travaux soient effectués dans les bâtiments.

Depuis son élection en avril 2002, M. Zappelli se félicite d’avoir fait passer le nombre de squats de 122 à 27, alors que Genève souffre d’une grave pénurie de logements. Les milieux de l’immobilier et la droite applaudissent, eux, au retour « du respect de la protection de la propriété ». Une partie de la gauche socialiste, autrefois solidaire des squatteurs, s’est ralliée à ces arguments.

Voilà quinze jours que les habitants et sympathisants de Rhino craignaient une telle issue, après que le squat voisin de La Tour eut été vidé, le 10 juillet, de ses occupants. Leur avocat, Pierre Bayenet, dénonce une « opération scandaleuse et illégale », menée alors que des procédures étaient pendantes. Les squatteurs s’étaient adressés au tribunal des baux et loyers afin de faire reconnaître l’existence d’un bail tacite après dix-neuf ans d’occupation. « Durant cette période nous avons investi 1,5 million d’euros dans des travaux d’entretien et rénovations », explique Maurice Pier, porte-parole du collectif Rhino.

De son côté le propriétaire des lieux avait obtenu un permis de construire. A la place du squat, il est prévu qu’une vingtaine d’appartements privés voient le jour à l’automne 2008, loués durant cinq ans à des tarifs modérés. Le propriétaire en disposera ensuite à sa guise. « Il pourra les vendre à 900 000 euros pièce, réalisant une belle opération immobilière », prédit Maurice Pier.

Agathe Duparc

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