Publié mardi 18 décembre 2007 sur Rebellyon:
Les flics occupent nos facs et nos quartiers, nous occupons la ville ! Besoin d’un max de monde pour une occupation politique en centre-ville. Rendez-vous dès ce mardi midi 18 décembre 2007 au 12 bis rue Burdeau, ancien musée désaffecté des télécommunications.
– Des discussions devaient avoir lieu cet après-midi pour essayer de définir tou-te-s ensemble des tactiques mais aussi pour notre organisation collective.
– Ce soir devaient avoir lieu des concerts de rap, du slam, un concert de rap d’un groupe d’étudiants de Lyon2, un open mic, …
– Mise à jour 13h45 : Les flics débarquent (4 voitures normales et 5 de BAC avec flash-ball et gilets pare-balles), venez donc.
– 14h20 : Les flics (10 voitures maintenant, la plupart banalisées) ont discuté avec les occupants à la fenêtre. Il s’avère que le lieu appartient à 3 particuliers qui vont être contactés.
– 15h : La moitié des flics lèvent le camp, la maire du 1er passe avec un de ses adjoints. Elle s’entretient quelques minutes avec les policiers sans un mot pour les gens dehors…
Appel aux habitants des pentes de la Croix-Rousse, nous avons besoin de témoignages attestant que nous sommes bien là depuis dimanche matin 8h afin d’empêcher une expulsion arbitraire. Merci de venir devant en discuter avec les personnes présentes.
– 17h35 : Arrivée massive de cars de CRS. Une expulsion sera-t-elle tentée malgré sa totale illégalité ? Appel à venir rapidement devant l’occupation pour l’empêcher et faire respecter les procédures d’expulsion.
– 18 h : Les CRS ont repoussé les personnes venues en soutien et tentent maintenant d’entrer dans le musée barricadé dans lequel se trouvent entre 60 et 80 personnes. Soutien nécessaire pour empêcher l’expulsion et foutre la pression !!!
– 19 h : Occupation terminée, la flicaille venue en masse a fait ses basses oeuvres. Malgré les témoignages confirmant l’occupation depuis deux jours, le commissaire a donné l’ordre d’intervenir. Les keufs ont foncé dans les personnes venues en soutien devant le musée et s’en sont donnés à coeur joie sur deux-trois personnes, en blessant trois et en envoyant une autre à l’hôpital, le crâne ouvert à plusieurs reprises par des coups de matraque. Les personnes retranchées à l’intérieur ont été évacuées une par une après que la porte ait été défoncée à coups de bélier. 1 personne a été arrêtée.
Suite à l’intervention répétée la semaine dernière des keufs à la facs, des étudiantEs engagéEs dans le mouvement étudiant, mais pas que, ont décidé qu’il n’y aurait pas de retour à la normale mortifère.
Comme on pouvait s’y attendre, les premiers mois de l’ère Sarkozy ont déclenché des mouvements sociaux : celui des cheminots, celui des étudiants. Ces mouvements ont vite été limités, non seulement par le pouvoir (l’offensive médiatique, les coups bas des directions syndicales, la répression), mais aussi par leur forme propre. Un mouvement social, ça arrive toujours en contre, en réaction et donc en retard. Ensuite, ça reste généralement corporatiste et enfermé dans certaines revendications. Surtout, ça a un début, une fin, et ça précède toujours le retour au calme.
A Lyon, le mouvement étudiant, qui avait dès le départ révélé une certaine puissance, s’est enlisé dans une difficulté à agir. Le blocage fut vite stérile, et il a été difficile de donner vie à l’occupation. La suspension du quotidien étudiant n’a pas débouché sur des pratiques politiques collectives, vivantes et innovantes. Et pourtant, ce moment aura permis de réelles rencontres et généré des envies d’agir ensemble, qui n’ont pu se concrétiser dans ce cadre.
Ce vécu et ces attentes politiques rendent aujourd’hui insupportable le retour à la normale, à des existences individualisées, incompatibles avec la réalisation de notre désir de résistance. Face à celles et ceux qui nous martèlent qu’il est urgent d’attendre, ou qui proposent le stand-by politique entre deux mouvements, nous refusons de perdre l’énergie collective générée par cette rencontre, nous refusons de nous résigner. Contre le cycle des mouvements sociaux, qui naissent, qui meurent et qui se chassent les uns les autres, sans rien laisser derrière eux, il est nécessaire de construire une continuité politique, de ne plus s’arrêter, de rester en mouvement. Dans un monde où l’alternative c’est : « la cogestion ou la répression », nous ne pouvons plus nous satisfaire d’une succession de défaites négociées. Nous voulons vaincre.
Nous refusons la France policière qui banalise les CRS dans les facs et la BAC dans la rue, qui rafle les sans-papiers, qui criminalise la révolte, encourage la délation et enferme les pauvres pour les faire taire. Nous refusons la France du travail exploité, du profit et de la consommation. Nous refusons la France triste et abêtissante du métro-boulot-Pernod-dodo. Nous voulons vivre.
Continuer ensemble nécessite de se donner les moyens de nous retrouver, de nous organiser, de commencer. Aujourd’hui, dans la lancée du mouvement, les insatisfactions et les désirs ont conduit à l’ouverture d’un nouvel espace. A l’heure où la seule réponse au problème vital du logement est encore la répression brutale, libérer et occuper un lieu est une nécessité urgente pour construire, s’organiser, vivre – se libérer.
De fait, dans cette société toute occupation est fragile, mais peu importe. Il nous appartient d’agir dans ce lieu, pour trouver une force qui, elle, pourra perdurer au-delà, et s’investir ailleurs. Il paraît qu’ensemble tout devient possible. Soit : soyons nombreux à réaliser concrètement cette volonté de demeurer en mouvement.
Ouvrir un lieu pour ouvrir des possibles
Toute la semaine des activités auront lieu, surtout des discussions pour essayer de définir tou-te-s ensemble des tactiques pour faire face et répondre efficacement aux attaques du gouvernement, mais aussi des concerts mardi et vendredi, des projections, des repas collectifs, …
Cet espace a vocation à être un lieu de vie et un QG de lutte et un lieu de rencontre pour tous ceux qui ne veulent pas de retour à la normale. Ce lieu est également le vôtre : venez, soutenez, proposez des activités ; si tout va bien la porte sera ouverte.