Lundi 11 août 2008 à Villeurbanne, le Rictus 1 a été expulsé vers 14h30 par la flicaille (une famille continuait à loger dans le squat, la plupart des autres ayant investi le Rictus 2, squat dont le proprio est « Habitat et Humanisme »…).
Le lendemain, mardi 12 août, toujours à Villeurbanne, devait se tenir à 13h30 au TGI (tribunal de grande instance) un recours juridique auprès du Jex (juge d’exécution des peines) pour le Boulon… mais à 6h du matin, le GIPN, accompagné de quelques dizaines de CRS et autres flics, envahi le Boulon pour l’expulser. En un peu plus d’une heure, c’est chose faite.
Pour cela, il leur aura fallu se défaire laborieusement des nombreuses barricades protégant les squatteur-euse-s… Une partie des squatteur-euse-s est rapidement sommée de se rassembler dans la cour par des membres du GIPN.
Une conversation un peu tendue s’engage entre squatteur-euse-s et GIPN:
– un-e squatteur-euse (sq): tiens, c’est le GIPN qui expulse ?
– un membre du GIPN (gipn): normalement on ne fait pas les squats, ce n’est pas notre métier
– sq: bah ça commence à le devenir ! [effectivement, ces dernières années, plusieurs squats ont été expulsés par le GIPN, à Dijon, Lille, Lyon et ailleurs – l’an dernier, à Montreuil/93, le Chatô a même été expulsé par le RAID]
– gipn: on est là pour votre sécurité, pour empêcher que vous alliez sur les toits…
Et à peine deux minutes après, une autre partie des squatteur-euse-s, barricadé-e-s dans un grenier transformé en sleep’in, grimpaient sur le toit !
– gipn: merde ! ils sont sur le toit ! Fred, regarde, ils ont des cordes et des baudriers !
Dehors, quelques personnes sont réunies en solidarité avec les squatteur-euse-s, mais la rue est bloquée des deux côtés par des rangées de CRS (dans le quartier, de nombreux véhicules de CRS et de police nationale sont là, pour l’expulsion).
Galérant pour atteindre le toit, essayant parfois en vain de défoncer telle ou telle barricade, le GIPN finit par investir les deux toits du Boulon. En face de celui où se trouvent les squatteur-euse-s, un flic du GIPN les pointe avec son fusil en répétant « arrêtez de bouger », tandis qu’un autre flic du GIPN menace tendrement les squatteur-euse-s monté-e-s sur le toit: « allez, arrêtez de jouer aux cons, moi j’veux pas vous faire de mal, mais mon collègue en face, je ne pourrai pas l’empêcher… », et là, le flic du GIPN sur le toit en face actionne son fusil façon « je le recharge pour l’utiliser vraiment ».
Finalement, il a fallu encore plusieurs dizaines de minutes au GIPN pour en terminer avec cette expulsion… Interpellant les squatteur-euse-s, les flics du GIPN leur demandent: « vous avez des armes ? des seringues ? ». Eclats de rire en guise de réponse…
A 7h15, le squat était évacué et le Boulon commençait à être « normalisé » et vidé, « protégé » par une bonne dizaine de CRS.
En début d’après-midi, le recours au Jex a été renvoyé à une date ultérieure, l’avocate souhaitant plaider la réintégration des squatteur-euse-s dans le bâtiment du Boulon ! On était de toute manière au coeur des absurdités du système judiciaire, avec un recours ayant pour but de repousser l’expulsion, quelques heures après l’expulsion effective (!!!).
Le matin-même, vers 9h du matin, a eu lieu le procès du squat « Le Capitaine Kraak », ouvert à la Guillotière en mai dernier. La juge, connue pour n’accorder aucun délai, a poussé sa haine des squats jusqu’à annoncer le rendu du procès… au lendemain ! Habituellement, les rendus de procès pour ce type d’affaires sont donnés une à deux semaines après.
La DK-dance, squat situé dans le 3ème arrondissement de Lyon, est également expulsable. A ce rythme-là, ça pourrait ne pas traîner…
Les derniers jours du Boulon ont été vraiment enthousiasmants, débordants d’énergie et de projets à continuer, le fait d’être rester jusqu’au bout et de n’avoir pas laissé les flics entrer dans le squat en toute tranquillité a renforcé les convictions des squatteur-euse-s et des personnes solidaires.
On peut prévoir des ouvertures à venir sur l’agglomération lyonnaise…
Squattons encore et toujours !