Genève: Occupation en solidarité avec les camarades de Turin

Plutôt deux fois qu’une : Occupation au 45 rue de Saint-Jean

Nous occupons cette maison parce que bientôt, nous n’en aurons plus. Nous l’occupons aussi parce que nous l’avons déjà occupée en août 2007. Elle était vide alors depuis deux ans, elle est toujours vide : depuis quatre ans. Nous l’occupons enfin en solidarité avec nos camarades de Turin qui manifestent aujourd’hui contre le plan du maire «communiste» Chiamparino d’évacuer tous les squats de la ville.

Ici à Genève, pareil plan a été mis à exécution : entre novembre 2006 (expulsion de Chez Georges) et août 2008 (expulsion de la Petite Tour), une dizaine de squats ont été évacués. À cela s’ajoutent l’expulsion des Jardins et des maisons occupées à Saint-Jean en 2004, la fin d’Artamis, etc. Il y a une volonté claire du pouvoir d’éliminer tous les lieux d’habitat et d’activités qui ne sont pas soumis au marché immobilier.

Face à cela, une vague d’occupations a eu lieu durant une année dès l’automne 2007. Aucune d’entre elles n’a abouti bien que la plupart des bâtiments occupés soient encore vides aujourd’hui. À l’époque certains avaient proclamé la fin des squats parce qu’il n’y aurait plus d’espaces vides : nous prouvons le contraire.

Nous montrons aussi, en réapparaissant aujourd’hui, que les gens qui occupaient ces lieux existent encore. Nous ne voulons toujours pas de l’isolement des appartements, de la séparation entre habitat et activités, mais nous constatons aussi que, même à ces conditions, il n’y a pas de place pour nous : il n’y a même plus de place en prison…

Depuis plus de cinq ans, une quinzaine de personnes vit à la Tannerie à Carouge. Certaines y sont arrivées à la suite des expulsions de ces dernières années. Aujourd’hui, l’État, propriétaire, veut démolir la maison sans avoir aucun projet de reconstruction. Une fois de plus, comme sur la parcelle proche du 14 rue des Moraines, l’État laissera une maison murée ou au mieux un trou à la place d’un lieu habité. Après ça, ils viendront parler de la crise du logement… La Villa Freundler et le squat de l’Avenir sont également menacés. À Lausanne, la Laiterie est à nouveau menacée. À Turin, à Genève, à Lausanne, à Barcelone comme partout ailleurs, la volonté d’éradication des squats est identique.

En 2007, au plus fort de la vague d’expulsions, les politiciens de tous bords annonçaient que du logement utilitaire remplacerait enfin les squats. Même sans nous, ce plan a avorté, chacun peut le constater aujourd’hui : il n’y a plus de place pour les pauvres au centre-ville.

Nous sommes toujours là. Nous continuerons à occuper.

Des habitantes de la Tannerie, leurs amies, Intersquat, le Groupe pour la promotion de l’intelligence, le Comité central pour l’égalité entre riches et pauvres, Association des fumeurs et fumistes réunis, Groupe genevois des artisans chapeliers, Association pour la promotion du Dog Dancing, Collectif de lutte pour la sauvegarde du patrimoine, Groupe non-mixte de défense du bois de chauffage, Association genevoise pour le Jura libre, Groupe de soutien à Massimo Tartaglia, Collectif Réveillez Johnny.

Indymedia Suisse romande, 19 décembre 2009 – 15h38.

L’ilôt Tannerie-Moraines : un exemple d’urbanisme idéologique

L’ilôt delimité par la rue des Moraines, la rue Joseph-Girard et la rue de la Tannerie à Carouge est un très bon exemple de la politique urbaine que conduit l’État de Genève.

En 1993, le Conseil d’État adopte un Plan localisé de quartier (no 28472) qui prévoit la démolition des maisons et des locaux artisanaux existants. Ils doivent être, selon ce plan, remplacés par des immeubles. L’État n’est alors propriétaire d’aucune parcelle et plusieurs entreprises sont encore actives, certains bâtiments mêlent habitations et activités comme c’est souvent le cas à Carouge et aux Acacias.

En 2005, l’État achète la parcelle du 3 rue de la Tannerie qui comprend une maison d’habitation et un atelier ainsi que celle du 14 rue des Moraines qui comprend une maison d’habitation, plusieurs ateliers et un jardin. À cette date, la maison de la rue de la Tannerie est déjà occupée. Il existe alors un vague projet de construire une école de théâtre, projet qui ne correspond d’ailleurs pas au Plan localisé de quartier.

Aujourd’hui, soit seize ans après l’approbation du Plan localisé de quartier, il n’existe pas la moindre demande d’autorisation de construire qui laisserait supposer que ce plan soit réalisé dans les dix ans à venir. Une entreprise est encore en activité à l’angle Tannerie-Moraines et plusieurs maisons individuelles de l’ilôt sont louées. Le Conseil d’État prétend qu’il déposera une demande d’autorisation de construire d’ici la fin de l’année : comme au California, comme aux Tulipiers, comme à Dalcroze, à la Coulouvenière…

Pourtant, l’État de Genève a décidé de démolir les maisons qu’il possède à la rue de la Tannerie et à la rue des Moraines. L’évacuation des squatters de la rue des Moraines a eu lieu cet été. L’État a ensuite fait percer les toits et muré les fenêtres des maisons et des ateliers, puis il s’est adressé et accordé une demande d’autorisation de démolir ces bâtiments au motif de leur insalubrité… insalubrité provoquée par les trous pratiqués dans les toitures. Pour répondre aux observations formulées contre cette demande par le collectif d’habitants de la Tannerie, un architecte a versé au dossier un faux rapport qui confirme l’insalubrité. Il y prétend avoir pénétré dans les bâtiment au mois d’octobre alors qu’ils sont totalement murés depuis l’été. Les démolisseurs sont à l’oeuvre : aucun projet de reconstruction n’est envisagé sur cette parcelle. Elle restera donc vide.

Le même scénario devrait, selon toute vraissemblance, se produire au 3 rue de la Tannerie. Le collectif d’habitants ayant épuisé les recours juridiques pour empêcher une démolition sans reconstruction. Il est vrai que dans ce cas l’État est extrêmement pressé de dépolluer la parcelle, en dépit des avis d’experts selon lesquels la dépollution peut attendre un projet de construction. Mais l’État aime particulièrement l’écologie-spectacle…

L’État agit de la sorte à de nombreux autres endroits à Genève. À la pointe du triangle Rod-Soret-Soubeyran, l’État a fait murer et percer les toits de trois maisons d’habitation qu’il possède. Le contexte est identique : un Plan localisé de quartier qui peine à se réaliser. À l’avenue du Pailly, une maison d’habitation appartenant à l’État est totalement murée : on cherche un acheteur depuis deux ans. Espérons que l’acquéreur aime la vue sur les parpaigns.

Ce qui se joue dans ces zones, ce n’est pas une absence de politique. Au contraire. Confronté à l’impossibilité de mener à bien quelque projet urbanistique que ce soit, l’État fait du nettoyage de quelques marges (dépollution, démolition, expulsion) un objectif spectaculaire. Il est prêt à mettre des moyens considérables au service de cet objectif (police, justice, destruction et dégradation de ses propres biens, etc.).

Nous ne demandons pas un changement de politique, car nous savons qu’aucune politique de la ville n’est possible. Nous voulons occuper les interstices où nous nous plaisons et assister depuis là au désastre.

Indymedia Suisse romande, 19 décembre – 15h50.

Mise à jour : occupation à Genève

L’occupation à la rue de Saint-Jean est terminée. L’immeuble est à nouveau vide.

Débutée à 14 heures cet après-midi, l’occupation au 45 rue de Saint-Jean s’est terminée sans arrestation. Les occupantes sont sortis de la maison vers 17 heures. Leurs identités ont été contrôlées sous l’oeil de quelques personnes venues en soutien.

L’immeuble reste donc vide comme il l’est depuis plus de quatre ans maintenant.

La manifestation à Turin, que l’occupation genevoise visait notamment à relayer est toujours en cours. Plus de mille personnes défilent dans les rues pour protester contre le plan d’évacuation de la totalité des squats de la ville.

Indymedia Suisse romande, 19 décembre – 19h42.

http://juralibertaire.over-blog.com/article-occupation-genevoise-en-solidarite-avec-les-camarades-de-turin-41488391.html