Samedi matin 14 août 2010, s’est déchaînée une grosse opération des services anti-« terroristes » (GOPE, LABOCAR, Inteligencia de Carabineros) contre le mouvement anarchiste et anti-autoritaire. Cela faisait des mois que les médias et les politiciens de droite comme de gauche battaient le rappel contre le mouvement.
Officiellement, cette longue série de perquisitions et arrestations menées par le procureur spécial Alejandro Peña (qui centralise les enquêtes sur les attaques anarchistes) visait les auteurs présumés de 23 de ces attaques incendiaires et explosives revendiquées à Santiago ces derniers mois (« Caso Bombas » comme pouvoir et médias nomment cette enquête). Lors de la conférence de presse qui a suivi, le procureur a avancé comme « preuves » déterminante d’imaginaires traces de TNT sur les mains et vêtements (ils sont forts dans les labos chiliens !) de trois des quatorze arrêtés, ce qui impliquerait six d’entre eux dans les attaques.
Les deux premières perquisitions à Santiago se sont déroulées au squat La Crota (situé Santa Isabel #380), où 6 personnes ont été arrêtées. Ce fut aussi le tour en même temps du Centre social occupé Sacco y Vanzetti (situé Santo Domingo #2423).
A la même heure ont été perquisitionnés deux appartements à Cerro La Virgen (Valparaíso), mais aussi le Centre social Jonny Cariqueo de Pudahuel (El Cobre #8793), en banlieue de Santiago.
Parmi les arrêtés, outre plusieurs compagnons anarchistes bien connus, on retrouve plusieurs ex-Lautaristas (du groupe de lutte armée post-mao Mapu Lautaro, dissous dans les années 90). Les 14 arrêtés ont été transférés pour la plupart au 33e commissariat de Ñuñoa avant d’être conduits devant la 11e Juzgado de Garantía de Santiago. Les accusations vont d’association terroriste (« Asociación ilícita terrorista ») à attaques explosives (« Colocación de Artefacto explosivo »).
Cette opération très démocratique, est un coup spectaculaire orchestré contre une partie du mouvement anarchiste à grand renforts de médias, comme on l’a déjà vu dans d’autres pays ces dernières années (Grèce, Italie, Espagne). Mais qu’y a-t-il d’incroyable, pourtant, que face à une multiplication d’attaques en tous genre et dans un contexte chilien de guerre sociale intense, l’Etat, cherchant des coupables, va comme d’habitude les chercher chez les parties du mouvement les plus visibles (squats et « ex » de la lutte armée) et surtout les plus déterminées et cohérentes dans leurs idées ?
C’est maintenant aussi à la solidarité de briser leur isolement provisoire, et de démontrer que la lutte continue avec feu, joie et explosions… de rage.
Aucune perquisition ni arrestation n’arrêtera la guerre sociale !
Les arrêtés seraient :
– Pablo Morales Furiman : Ex lautarista. Arrêté au squat La Crota.
– Rodolfo Retamales Leiva : Ex lautarista.
– Omar Hermosilla Marín
– Andrea Urzúa Cid : Suspectée en 2008 d’avoir voulu faire entrer de la TNT dans la prison de haute sécurité, où se trouvaient incarcérés les ex-lautaristas Marcelo Villarroel et Freddy Fuentevilla (en préventive, accusés du braquage de la Banco Security en 2007, où un flic a trouvé la mort).
– Felipe Guerra Guajardo
– Cristian Cancino Carrasco
– Carlos Riveros Luttgue
– Camilo Pérez Tamayo
– Iván Goldenberg González : Arrêté à Valparaíso. Les flics affirment que le flingue que portait Mauricio Morales (jeune anarchiste qui a sauté avec sa bombe en 2007, voir « Peste noire« ), était à Iván.
– Candelaria Cortés-Monroy Infante
– Francisco Solar Domaínguez
– Maónica Caballero Sepaúlveda
Deux autres n’ont pas encore été identifiés.
14 août 2010 : « preuves » exhibées lors de la conférence de presse quelques heures après les perquisitions :
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Le site (en espagnol) créé en solidarité avec toutes les personnes arrêtées dans cette « affaire »:
http://libertadalos14a.blogspot.com/
Pratiquement une dizaine d’articles là-dessus en espagnol sur les pages hispanophones de squat!net.
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Article paru dans les « Brèves du désordre de « Cette semaine »