(Saint-)Martin-d’Hères (38): René Proby, maire PCF de (Saint-)Martin-d’Hères soutient le préfet dans les expulsions de Roms

Lundi 23 août 2010, sur Indymedia-Grenoble.

Bref rappel des faits

Jeudi 19 août à 7h00, 150 CRS et gardes mobiles expulsent un terrain où vivotaient depuis deux ans une centaine de Roms roumains à Saint-Martin-d’Hères (Isère). Bilan : 10 Roms passent de la garde à vue au centre de rétention administrative, 12 reçoivent un OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) et 16 choisissent un retour volontaire en Roumanie (sources : Grenews et AFP). Les autres se retrouvent à la rue. La préfecture et son nouveau locataire, Eric Le Douaron, ex-flic, communiquent : « Cette opération d’évacuation répond aux instructions du ministre de l’Intérieur et du ministre de l’Immigration » (AFP, 19 août 2010) [1]. Rien de plus banal en Sarkozhistan.

Où l’on découvre que des élus de « gauche » ont appuyé l’’expulsion

Mais que fait « la gauche » au pouvoir dans les collectivités locales ? Rien. Elle ne moufte pas, ne s’émeut pas, ne s’indigne pas. Qu’attendent les élus PS et PCF de Grenoble et l’agglomération pour dénoncer ces expulsions absurdes dans les médias ? Pire, des édiles de « gauche » ont cyniquement encouragé cette expulsion.

La preuve, on la trouve dans la mise en demeure [2] de la préfecture adressée aux Roms de Saint-Martin-d’Hères quelques jours avant l’arrivée des flics et des pelleteuses. Voir aussi:
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Voici un extrait : « Vu la lettre du maire de Saint-Martin-d’Hères en date du 12 août 2010, sollicitant de M. le Prefet la mise en demeure de quitter les lieux pour ce groupe ; Vu Les courriers du Maire de Saint-Martin-d’Hères en date du 3 mai et du 15 juin 2010 faisant part de la sollicitation et sollicitant l’intervention de M. Le Préfet ; Vu la lettre du Président du Conseil général en date du 8 juin 2010 faisant part de l’occupation illégale du site, de la dangerosité du site où stationne le groupe à proximité de la entre (sic) la voie ferrée et une voie routière urbaine à forte circulation et sollicitant l’intervention de M. Préfet ».

Proby et Vallini, sans scrupules

Le préfet rechigne à donner les noms des protagonistes dans ce document.

– Rappelons que le maire communiste de Saint-Martin-d’Hères s’appelle René Proby. Stéphane Pépin, chef du cabinet du maire précisait pourtant dans le Daubé du 20 août 2010 : « Il s’agissait d’un terrain propriété de l’Etat sous contrôle de la préfecture, nous n’avions pas matière à intervenir, mais nous sommes allés constater l’évacuation qui s’est faite dans le calme et le respect des personnes ». « Pas matière à intervenir » alors que René Proby rédige trois courriers à la préfecture demandant l’expulsion de ces personnes. La bonne blague. Stéphane Pépin « constate une évacuation », tiens, le terme employé par le préfet lui-même. C’est vrai que « expulsion », ça fait moche pour une municipalité communiste. « Dans le calme et le respect des personnes », mais de quel respect veut-il parler ? Celui de foutre à la rue des dizaines de personnes sous la pression de 150 types armés ? Dire que le PCF dénonçait dans un communiqué [3] du 18 août dernier à propos de la chasse aux Roms en cours : « Nous sommes face à un risque humanitaire majeur. Leur situation sanitaire et sociale ne peut se régler à coup d’expulsions spectaculaires, de démontage de campement pour les journaux télévisés du soir. Ces pratiques d’un autre âge doivent cesser ».

– Quant au président du Conseil général cité dans cette mise en demeure, il s’agit du socialiste André Vallini. Oui, oui, André Vallini, celui qui ose écrire dans son journal de communication (Isère Magazine d’avril 2010) : « Et oui à plus de solidarité car plus que jamais notre devoir est d’être aux côtés des plus faibles et des plus défavorisés ». Aux côtés seulement des Français ?

D’autres lieux de vie menacés

Il reste encore quelques terrains où vivent des Roms roumains. Deux d’entre eux ont été visités par la police nationale dans la semaine du 16 au 22 août pour des contrôles d’identités qui laissent présager des expulsions imminentes. Un se situe aux Glairons sur la commune de Saint-Martin-d’Hères, un autre à la Tronche en face de Décathlon et un autre à quelques pas de la Bifurk. Le bâtiment occupé sur ce dernier terrain est la propriété de la commune de Grenoble… à suivre.

Notes:
[1] Ministre de l’immigration, l’incorrigible Eric Besson ose sans vergogne « La France est le pays d’Europe le plus respectueux en matière de droits des étrangers et notamment des étrangers en situation irrégulière, ou – soyons plus modestes – l’un des pays les plus respectueux, donc nous n’avons pas de leçons à recevoir » (AFP, 21 août 2010)
[2] Une mise en demeure est un document qui ordonne officiellement au destinataire d’exécuter une obligation qui lui est échue. Ici elle émanait de la préfecture et imposait aux habitants du terrain de quitter les lieux sous 24h.
[3] http://www.pcf.fr/spip.php?article4987