Santiago du Chili : Retour sur l’expulsion du CSO Sacco y Vanzetti

Novembre 2010.
L’évènement remonte à quelques mois maintenant, mais ses conséquences restent d’actualité.
Deux textes avaient été publiés sur le site en août dernier: [1|2]. Voir aussi cette affiche traduite de l’espagnol.

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CHRONIQUE D’UNE REPRESSION ANNONCEE

Le samedi 14 août dernier a eu lieu ce que nous voyions venir depuis quelques temps, la presse nous l’annonçait déjà, la chasse aux sorcières prenait forme et visait plusieurs camarades. Autour des six heures du matin a eu lieu la deuxième perquisition de notre maison (la première avait été le 11 décembre, en coulisses des élections présidentielles), dans le cadre du « Caso Bombas » [« l’Affaire des Bombes », dont la mort de Mauricio Morales le 21 mai 2009 a été l’élément déclencheur], et a été opérée par l’Equipe de Réaction Technique (ERTA) de la Police d’Investigation (PDI), exactement comme la fois passée.

Notre décision a été de ne pas les recevoir comme ils le méritaient, puisqu’à ce moment était présent le plus jeune des membres de notre maisonnée, âgé d’à peine un an, et à qui nous ne voulions plus faire prendre les risques et humiliations que nous avions vécus le 11 décembre. La perquisition effectuée, nous avons été transféré-e-s dans les bureaux de la Brigade d’Investigations Policières Spéciales (BIPE) de la PDI, où nous avons été informé-e-s que certain-e-s des membres actuel-le-s du collectif de la maison (et 11 autres camarades) étaient envoyé-e-s en détention pour les délits d’association illicite terroriste et pour la possession et la manipulation d’engins explosifs. Une fois ces heures passées, celleux qui n’avaient pas été placé-e-s en détention nous sommes dirigé-e-s vers notre maison pour nous rendre compte de l’état dans lequel elle avait été laissée et faire un inventaire de nos affaires personnelles, pour se rendre compte de ce qui avait été emporté par la police. La surprise fut énorme lorsque nous avons vu des troupes de la PDI qui bloquaient l’accès à la maison, selon eux parce qu’il y avait une démarche en cours (un ordre qui ne pronostiquait qu’une nuit noire). Grâce à la présence d’un avocat à nos côtés, nous avons pu entrer pour récupérer quelques affaires personnelles et un peu de vêtements pour ne pas nous retrouver sans rien. Le temps passé dans la maison a été très décourageant. Ils avaient détruit beaucoup d’affiches, une fresque qui se trouvait à l’intérieur et volé tout l’argent que nous avions gardé. Mais nous avons passé peu de temps dans la maison, car l’heure du jugement des 14 camarades arrêté-e-s ce jour-là approchait, et nous sommes sorti-e-s en ne sauvant que le nécessaire pour passer un jour dans la rue.

Lorsque nous sommes arrivé-e-s à la salle du tribunal compétent, nous avons été frappé-e-s par la quantité de personnes venues pour apporter leur soutien et leur énergie aux camarades. A cause de la présence massive de la presse, qui occupait presque tout l’espace, seule une seule personne par camarade arrêté-e a pu rentrer dans la salle. Depuis l’extérieur, nous n’arrivions à entendre rien de ce que disait le procureur Peña, nous ne pouvions que voir les silhouettes de nos camarades entre les gendarmes. Par chance, elleux aussi nous voyaient, et pas seulement nous, mais tou-te-s les camarades venu-e-s au tribunal en solidarité. Il était bon d’y sentir la force de l’ouragan de la révolte dans tous nos coeurs. Quand il a été décrété que le procès était suspendu jusqu’au mardi suivant, la réaction fut immédiate : cris, crachats, empoignades et coups portés aux gendarmes qui nous séparaient de nos frères et soeurs, des morceaux du palais de justice endommagés comme forme d’exutoire de toute la colère accumulée dans nos têtes contre les bourreaux d’antan, qui aujourd’hui sont ceux qui ferment les cellules de nos camarades jour après jour.

Après avoir moqué le cercle policier, qui fermait le lieu en frappant qui passait devant eux, nous sommes retourné-e-s à la maison. En arrivant, nous avons constaté que la présence policière était toujours effective, et empêchait toute entrée en fermant chacun des accès à la maison. L’ordre verbal qu’ils avaient était de ne laisser entrer personne car il y avait eu expulsion, ce que nous leur avons contesté car ils ne disposaient pas d’un ordre physique qui le leur permettait, et que d’après un papier de la PDI l’ordre venait du procureur Peña, qui n’avait rien à voir avec la procédure civile dans lequel nous étions engagé-e-s pour la maison, et que les raisons en étaient différentes. Grâce au soutien des camarades venu-e-s en solidarité nous avons pu sauver la plus grande partie de la Bibliothèque, notre chère bibliothèque, qu’ils voulaient laisser à l’intérieur de la maison sans que personne ne puisse y avoir accès. Ils voulaient également murer nos affaires, et jusqu’à ce jour nous n’avons pas pu récupérer tout ce qui se trouvait à l’intérieur de la maison.

POUR TOU-TE-S LES CAMARADES ENFERME-E-S, NOUS LEUR CRIONS :
8 ANNEES D’OCCUPATION, MAIS TOUTE UNE VIE DE COMBAT

Centro Social Okupado (CSO) y Biblioteca Sacco y Vanzetti