26 janvier 2011
D’après plusieurs articles parus notamment sur Inquirer.net le 25 janvier, sur Gulfnews.com et Philstar.com le 26 janvier [1], plusieurs dizaines de personnes ont été blessées lors d’une opération d’expulsion et de destruction de bâtiments squattés (pour la plupart auto-construits par leurs habitant-e-s), à San Juan City (ville de 125 000 habitant-e-s, située en banlieue proche de Manille, la capitale des Philippines)[2]. Parmi les squatters blessé-e-s se trouvent des enfants et des personnes âgées.
Mais au fait, pourquoi cette expulsion massive ?
103 maisons/cabanes de Pinaglabanan devaient être détruites le 25 janvier 2011, pour agrandir une route et construire de nouveaux bureaux pour le gouvernement ! C’est pas génial, ça ?
Environ 800 à 1 000 squatters s’inquiétaient pour leur domicile ou celui de leurs proches…
Pour résister à cette opération d’expulsion et de destruction d’habitations, les squatters ont dressé des barricades et bloqué des routes dès 8h du matin. Si les squatters ont jeté des bouteilles et des pierres sur les forces de l’ordre et sur « l’équipe gouvernementale de démolition » (les travailleurs en vert, sur les photos), ces dernières ont parfois riposté de la même manière ! Ce sont toutefois les canons à eau et les gaz lacrymogènes envoyés par la police qui ont réussi à faire reculer les squatters.
Sur les coups de 14h30, l’opération de destruction de maisons a été suspendue.
L’ancien président des Philippines, Joseph Estrada[3], est venu sur place tenter de calmer les esprits (notamment côté squatters), créant une certaine confusion au coeur de la lutte, certain-e-s se sont mis-es à l’acclamer tandis que la plupart le huaient avec la volonté de continuer de s’insoumettre aux autorités.
Estrada a questionné les squatters face aux caméras: « On vous a donné six mois de délai, vous allez être relogé-e-s dans des conditions décentes, qu’est-ce que vous voulez de plus ? »…
Crisostomo, porte-parole de l’organisation « Anakbayan »[4], a déclaré: « Les Estrada devraient essayer de vivre dans les relogements proposés, alors ils comprendront pourquoi les habitant-e-s de Pinaglabanan sont en lutte. C’est dur d’avoir une idée précise de la réalité quand on est scotché dans des manoirs ou des hôtels particuliers… ».
Parmi la cinquantaine de blessé-e-s (des squatters, des flics et des travailleurs-collabos), les médias mainstream se focalisent sur un cas, celui d’un des ingénieurs-destructeurs, qui a subi lors des affrontements une écorchure sur le crâne, le pauvre chou.
La police a arrêté une douzaine de personnes, la plupart pour possession/transport d’armes diverses et variées, notamment des couteaux, des pistolets à grenaille et des lance-pierres. A noter aussi, parmi les objets saisis par la police, un mégaphone et des drapeaux de l’organisation protestataire de jeunes « Anakbayan ».
Selon un texte trouvé sur le site d’Anakbayan, la « bataille de Pinaglabanan » est le signe d’une révolte qui gronde contre la politique gouvernementale qui pousse des millions de Philippin-e-s de plus en plus dans la pauvreté.
[1] Gulfnews, Inquirer et Philstar.
[2] San Juan City sur Wikipedia (en anglais)et Manille sur Wikipedia (fr).
[3] Joseph_Estrada sur Wikipedia (fr).
[4] Anakbayan se présente comme « la jeunesse des Philippines qui désire un changement social ». Voir leur article au sujet des événements du 25 janvier ici.
[squat!net]