On vit dans une période de crise généralisée du système et d’intensification constante d’une attaque totale des dominants contre les couches plébéiennes et plus faibles de la société. Dans ces conditions où se dévalorisent et se détruisent les conditions de vie d’importantes parties de la population, se manifestent de plus en plus des phénomènes de dédain et de délégitimation du système, ainsi que de multiplication de résistances d’en bas, politiques, sociales et de classe, spontanées ou organisées. C’est pourquoi l’attaque constamment intensifiée des dominants aux droits élémentaires et aux conditions de vie de ceux d’en bas de la société est accompagnée de l’intensification respective de la répression étatique -et, dans pas mal de cas, para-étatique- des résistances. Et, particulièrement, de ces résistances qui ne sont pas contrôlées et limitées par les institutions et les vecteurs du système, mais qui se manifestent sans tutelle, en essayant de passer de la protestation et de l’indignation spontanées des personnes opprimées et exploitées à la révolte consciente et à la revolution sociale en tant que seule réponse réelle à la crise du système et à l’attaque de la classe dominante.
Les squats et en général les lieux autogérés sont une partie déterminée de cette résistance consciente et auto-organisée et ont joué un rôle important au développement et à l’évolution des luttes sociales plus larges ces dernières décennies. C’est pourquoi d’ailleurs, les squats se trouvaient depuis toujours dans la ligne de mire de la répression étatique et des bandes para-étatiques et ils occupent, particulièrement aujourd’hui, une des premières places dans les projets répressifs de l’Etat pour l’attaque et la neutralisation des résistances qui jaillissent d’en bas.
Le Squat de Lelas Karayianni 37 est un de ces squats, le plus ancien de ceux qui existent aujourd’hui dans l’espace grec, qui, en mettant en avant le triptyque de l’Auto-organisation, de la Résistance et de la Solidarité a contribué et continue à contribuer sans cesse depuis 24 ans au développement d’une multitude de luttes anti-autoritaires et anti-capitalistes. C’est pourquoi il a affronté dans le passé de nombreuses attaques étatiques et para-étatiques et c’est pourquoi aussi il se trouve toujours et particulièrement aujourd’hui dans le collimateur des projets répressifs. Dans ces projets, un rôle déterminé, celui du lièvre de course de répression, jouent les fascistes de toute sorte, comme ceux du LAOS (parti de l’extrême droite) qui participent dernièrement au junta parlementaire trilatéral du gouvernement Papadimou (PASOK, ND, LAOS) et qui ont entrepris, pour le compte du régime, de menacer les gens en lutte, de terroriser la société et de rechercher des taux de plus en plus élevés de violence du système, en exprimant ouvertement les intentions et les buts les plus profonds du totalitarisme moderne. Les ridicules diachroniques de l’histoire politique et sociale du pays, les rufians de toujours et les laquais de toute sorte de patrons locaux et internationaux qui infestaient depuis toujours le peuple et la richesse de son travail, sont sortis de leurs trous et ont l’audace de se présenter comme censeurs de militants et de leurs lieux, en les menaçant et en annonçant leur répression.
D’autre part, de très bons services dans la même direction offrent aussi, de leur propre façon, diverses « personnalités » de la gauche du régime établi qui, en tant qu’auxiliaires de la répression mettent dans la ligne de mire et diffament squats et lieux de lutte. Caractéristiques de cette situation sont les exemples de la (mise en collimateur) récent du Squat Skaramanga de la part de députés de la Gauche Démocratique, ainsi que l’exemple du dénigrement constant de la lutte sociale auto-organisée au parc Kyprou kai Patission et du Squat Lelas Karayianni 37 par des cadres locaux de la Coalition de Gauche et de la formation municipale « Anoixti Poli ».
En focalisant particulièrement dans la région où se trouve le Squat de Lelas Karayianni 37, et plus généralement dans les quartiers tout au long de Patission, depuis le centre-ville jusqu’à Agia Varvara dans le quartier de Ano Patissia, on voit une présence importante et une diffusion de lieux occupés et plus généralement autogérés (squats, centres sociaux, parcs), ainsi que de fonctionnement d’assemblées locales et d’initiatives d’habitants en lutte, qui constituent des foyers de résistance, des digues aux plans étatiques et capitalistes et aux objectifs de la répression et des fascos para-étatiques.
A titre indicatif, on évoquera le Squat Villa Amalias qui a 22 ans de vie et de lutte et se trouve pour une fois de plus dans le collimateur de l’Etat, des fasistes para-étatiques et de la Mairie. Le Squat Skaramanga qui a reçu l’attaque de fascos en mai 2011 et l’invasion de forces policières le 29 juillet 2011. Le centre anti-autoritaire occupé de l’ASOEE (Faculté de Sciences Economiques et Commerciales) et les étudiants en lutte ensemble avec les immigrés contre les pogroms de la police en dehors de l’Université. Le Marché Municipal occupé de Kypseli qui affronte des menaces constantes et des efforts de répression par la Mairie et les fascistes. Le nouveau parc qui a été créé par des habitants en lutte et des solidaires à Kyprou kai Patission et qui constitue foyer d’une lutte sociale locale et fait aussi constamment face à aux efforts du maire Kaminis et de ses compagnons de route de le neutraliser.
Parmi ces lieux occupés et autogérés qui existent dans la région figure aussi le Squat de Lelas Karayianni 37 qui, à part sa contribution aux luttes politiques et sociales centrales plus larges, a aussi contibué de façon décisive aux résistances locales dans les quartiers de Kypseli et de Patissia. C’est pourquoi, il n’a jamais cessé de se trouver dans le collimateur de la répression, alors qu’en ce moment il se trouve parmi les priorités immédiates de cette dernière. L’opération de coupure de l’éléctricité, le 7 juillet 2011 par une équipe de DEH (Entreprise Publique d’Electricité) qui avait labouré le trottoir en dehors du squat, n’était pas une action fortuite, mais faisait partie d’une opération répressive plus large qui évolue depuis longtemps selon une décision politique centrale ayant pour but de mettre fin au squat à tout moyen. Comme il a été récemment divulgué à travers les réponses du ministre d’Education A. Diamantopoulou et du ministre d’Ordre Public Ch. Papoutsi, ainsi que d’autre ministres aux questions afférentes des fascistes dans le Parlement, une poursuite pénale d’office a été déjà engagée par le Parquet contre les squatteurs de Lelas Karayianni 37, alors qu’une série de préparations de divers vecteurs et appareils de l’Etat ont été mises en route afin qu’ils parviennent, à un certain moment, à réaliser leur désir ardent depuis des décennies, la répression du squat.
Ils se trompent lourdement ! Quoi qu’ils fassent, nous sommes sûrs qu’en avançant toujours en mettant en avant les valeurs de la solidarité qui est notre arme et en ayant confiance aux forces politiques, sociales et de classe avec lesquelles nous avons partagés et nous continuons à partager de façon intransigeante les mêmes luttes pour une nouvelle société d’Egalité, de Solidarité et de Liberté, NOUS VAINCRONS !
Squat Lelas Karayianni 37
16 janvier 2012