Taipei (Taiwan): Mille flics anti-émeute pour expulser une famille !

Le matin du 28 mars 2012, pour pouvoir expulser une famille de ses deux maisons, la police de Taipei a dû employer les grands moyens: plus de 1000 flics anti-émeute !
Derrière cette expulsion se cache en effet un vaste et controversé projet de “réaménagement urbain”, et plus de 300 personnes avaient passé la nuit sur place, guettant l’arrivée des forces de l’ordre, avec l’intention claire de s’opposer à l’expulsion et à la démolition des deux maisons familiales.

L’arrivée de la police et des “démolisseurs” a donné lieu à des échauffourées. Certaines des personnes venues en solidarité s’étaient enchaînées les unes aux autres pour empêcher la police d’avancer.
L’expulsion, puis la démolition, ont finalement eu lieu plus tard dans la journée.

Cela faisait apparemment deux ans que le projet de “redéveloppement” du quartier était bloqué, la famille Wang refusant de quitter leurs maisons.

Expulsée, la famille Wang a brandi des photos de ses anciens/morts, marquant son histoire dans le quartier de Shilin depuis six générations.

Le maire de Taipei, Hau Lung-pin, en grand démocrate, a justifié cette expulsion par le fait qu’il devait faire un choix “entre les intérêts d’une minorité ou ceux de la majorité“. Une “majorité” qui a bon dos…
Il semble qu’avant l’expulsion de la famille Wang, plus 90% des 36 familles du quartier directement concernées par ce projet de réaménagement urbain avaient déjà cédé aux injonctions de la Ville et ont déménagé depuis déjà deux ans.

Auparavant, tout “redéveloppement urbain” nécessitait légalement l’accord consensuel (bien souvent acheté, cela va de soi) de la totalité des habitant-e-s concerné-e-s d’un quartier en voie de démolition. Mais pour accélérer ces processus de redéveloppement, la Ville de Taipei a modifié la loi il y a quelques années, permettant d’effectuer ce genre de projet sans consensus, simplement avec l’accord de la “majorité”.

Ces deux dernières années, la famille Wang s’est battue par les voies légales (devant les tribunaux) contre la Ville de Taipei et les entrepreneurs, mais la plus haute cour administrative du pays a récemment annoncé un verdict allant contre les requêtes de la famille Wang, qui n’a semble-t-il plus de recours légal possible.

La Ville avait donc laissé aux Wang jusqu’au 18 mars pour dégager…

Les Wang ne savent pas encore où ils devront loger, la Ville ne leur proposant qu’un hébergement en hôtel pour un temps limité (avec toutefois une compensation de 74 millions de nouveaux dollars de Taiwan, soit environ 1,87 million d’euros – mais la famille Wang insiste qu’il ne s’agit pas d’une question d’argent, mais qu’ils vivaient là et voulaient simplement continuer d’y vivre).

Sources: The China Post, Focus Taiwan et Taipei Times.