Dijon: Expulsions illégales, les autorités locales récidivent !

Une cinquantaine de Rroms ont été expulsés vendredi 10 août aux alentours de 21h30 d’un bâtiment appartenant au Grand Dijon.

Communiqué de l’Espace Autogéré des Tanneries:

Il y a une semaine, les familles avaient élu domicile dans ce hangar désaffecté sur le site des anciens abattoirs, après avoir dû fuir leur ancien logement menacé d’expulsion. Ces locaux appartenant à la mairie de Dijon étaient vide depuis des années dans l’attente d’un projet d’urbanisme et le resteront sans nul doute pendant un certain temps encore.

En début d’après midi ce vendredi, Monsieur Berthaut, directeur général des services du Grand Dijon, s’est rendu sur les lieux et a photographié les militants associatifs qui étaient présents pour une distribution alimentaire. Par la suite, plusieurs agents de la police l’ont rejoint afin de tenter d’expulser les habitant-es, alors qu’aucune procédure judiciaire n’était engagée contre l’occupation du bâtiment. Une négociation avec la police permettant de prouver la présence dans les lieux depuis une semaine, semblait avoir convaincu le propriétaire de ne pas expulser sans procédure légale, obligatoire dans une telle situation.

Aux alentours de 20 heures, un important dispositif policier est revenu sur place pour finalement procéder à cette expulsion illégale, démentant ainsi sans complexe les récents propos de Manuel Valls sur les démantèlements de camps de Rroms, effectués uniquement suite à une décision de justice. Plus localement, c’est la deuxième fois depuis le début de l’été que la mairie s’assoit sur les procédures légales pour expulser des bâtiments occupés par des migrants.

Un hébergement en foyer d’urgence a été proposé aux familles pour la nuit. Ces dernières ont refusé connaissant les conditions d’accueil inadaptées et sachant qu’elles seraient remises à la rue dès le lendemain. Les Rroms ont également refusé de monter à bord d’un bus de Divia présent sur les lieux pour participer à l’expulsion orchestrée par la mairie et la préfecture. Interpellés sur leur collaboration, les responsables de Divia ont répondu qu’ils ne faisaient que «rendre service aux personnes» afin qu’elles n’aient pas à «aller à pied jusqu’au centre hébergement» (sic), s’affranchissant ainsi de leur responsabilité dans la participation à une opération de répression discriminatoire.

Finalement après plus de deux heures de résistance et de pourparlers, les Rroms ont pu sortir de l’enceinte des abattoirs librement. Ils ont alors décidé de s’installer devant les grilles, montrant leur volonté de ne pas se laisser imposer une fausse solution. A leur suite, les policiers sont repartis bredouilles en file indienne sous les applaudissements ironiques et les huées collectives.

Cette nouvelle expulsion, après celle des migrants de l’école des Greffes à Dijon, celles des campements de Rroms à Lille et le charter à Lyon démontre qu’en terme de politique migratoire, l’accession au pouvoir du PS au niveau national n’apporte aucune amélioration et permet à la gauche locale d’expulser en toute efficacité et sans complexe. En parallèle, la mairie menace d’expulser à partir du 18 août un autre squat occupé par une soixantaine de demandeurs d’asile majoritairement africains, rue Bertillon. Aux cotés d’une trentaine d’autres associations dijonnaises, nous nous opposons à cette expulsion et appelons à une vigilance et à des mobilisations à ce sujet dans les prochains jours.

Nous réaffirmons notre soutien à tous les migrants et dénonçons toutes les expulsions !

[Publié le 13 août 2012 sur Brassicanigra.]