Manille (Philippines): De nouvelles émeutes lors d’une opération d’expulsion-démolition

Le 20 septembre dernier, de nouvelles émeutes ont éclaté dans la capitale des Philippines: comme bien souvent, les flics sont arrivés en nombre, accompagnés de nombreux employés de démolition, pour expulser tout un quartier squatté. Et comme bien souvent également, les squatters n’ont pas laissé la flicaille faire tranquillement son sale taf.

Environ 250 familles vivaient là, dans un quartier gouvernemental abandonné de Makati, à quelques kilomètres du centre-ville de Manille. Les autorités avaient prévenu les squatters à plusieurs reprises de leurs intentions d’expulser, leur “demandant” de partir. Mais, pour aller où ? Le gouvernement local avait “offert” aux squatters de ridicules propositions de relogement, à plus de 70km de Manille, où les possibilités de survivre correctement sont encore plus minces que dans le bidonville où les squatters vivaient…

L’opération d’expulsion s’est déroulée à base de canons à eau et grenades lacrymogènes.
Des volées de pierres, de bouteilles et de cocktails Molotov ont accueilli la police anti-émeute et les employés de démolition.

Plusieurs personnes ont été blessées lors des émeutes, côté squatters et côté flics.

Selon Nora Abarquez, une des habitantes expulsées, quelques squatters ont réussi à déménager leurs affaires avant que tout ne soit détruit, les autorités ne se préoccupant pas vraiment du peu de matériel possédé par les expulsé-e-s. Beaucoup de gens, dans cette opération d’expulsion-démolition, ont tout perdu: leur domicile et leurs affaires personnelles. Les bulldozers n’ont pas de coeur, mais les humains qui les conduisent n’agissent pas avec leur coeur, comme on se l’entend dire à longueur d’actions de répression et d’humiliation, ils ne font que leur travail. Comme les flics, les juges, les huissiers, etc. Nora Abarquez l’a précisé: “ils n’avaient pour nous aucune pitié”.

“Ils ne nous ont laissé aucune chance de déménager correctement. Ils nous ont directement attaqués avec des lacrymogènes.”

Les bidonvilles désormais détruits devraient laisser place à des immeubles à plusieurs étages, pour y installer des bureaux gouvernementaux. Ha, l’administration, l’Etat, la bureaucratie, y’a qu’ça de vrai, nan ?

Quand on sait que dans l’agglomération de Manille, l’une des plus denses du monde, plus de deux millions de personnes vivent en squat/bidonville, soit un cinquième de la population de l’agglo, on peut deviner facilement que ce genre de situation risque de se reproduire encore et encore, jusqu’à la fin de la propriété privée et des inégalités sociales.

Crevons le capital, détruisons l’Etat.

Ici, une vidéo d’ABC-News relatant l’opération d’expulsion-démolition du 20 septembre 2012.