Gizeh (Egypte): L’armée, en prenant possession de terrains squattés, tue au moins quatre personnes

Une partie de l’île de Qorsaya, sur le Nil, située en banlieue de Gizeh, en Egypte, est squattée depuis l’année dernière, occupée par de nombreuses personnes lors de la période plus ou moins “libérée” qui a suivi le renversement du président Hosni Moubarak.

Le souci, c’est que le pouvoir qui a été mis en place pour remplacer l’ancien est tout aussi porté qu’avant sur la défense de la propriété privée. Et donc de la propriété d’Etat.

Ces terres étant officiellement “territoire militaire”, l’armée est intervenue la semaine dernière pour reprendre possession des terrains squattés.

Vendredi dernier, les squatters ont décidé de retourner sur leurs lieux d’habitation, en dépit de la présence de l’armée. Une soixantaine de personnes, principalement des femmes, sont retournées sur les terrains repris par l’armée, et après des négociations ont refusé de quitter les lieux. Mais les militaires les en ont chassé violemment.

Ce dimanche 18 novembre 2012, les squatters ne se sont pas laissé faire, et des affrontements ont éclaté. Lors de ces affrontements (qui ont donné lieu à des échanges de coups de feu pendant au moins quatre heures), au moins quatre squatters ont été tué-e-s par l’armée, huit autres blessé-e-s, tandis que deux officiers et trois appelés de l’armée auraient été blessés.

D’après Dalia Mousa, du Centre égyptien pour les droits sociaux et économiques (ECESR), qui a suivi le déroulement des affrontements depuis dimanche matin, c’est la mort d’un des squatters, touché par une balle de l’armée, qui a enflammé la situation et mené à des échanges de coups de feu.

Selon les squatters, qui ont ensuite bloqué un important axe routier du Caire en érigeant des barricades et brûlant des pneus, d’autres morts auraient été laissés sur l’île, désormais aux mains de l’armée. Lors de cette action de blocage, quinze manifestant-e-s ont été arrêté-e-s. Cinq autres ont sauté dans le Nil pour s’enfuir, on ne sait pas ce qu’illes sont devenu-e-s depuis.

Sur l’île, l’armée a déjà détruit plusieurs maisons d’habitation, et a mis le feu à des bateaux, des cultures/potagers et des arbres. Certain-e-s habitant-e-s ont été capturé-e-s par l’île et subiraient par les militaires des tortures et autres actes d’intimidation…

L’armée semble déterminée à vider l’île de ses 2 000 habitant-e-s, y compris celles et ceux qui y vivent depuis de longues années.

Sources: Daily News Egypt, Associated Press, Belga et Le Nouvel Observateur.