Le matin du mardi 1er octobre 2013, près de Draâ Ben Khedda, les squatters des 80 logements sociaux du village d’Ighil-Azzegagh ont été délogés par les CNS (Compagnies Nationales de Sécurité, police anti-émeute équivalente aux CRS français).
Ces logements étaient squattés depuis environ un an. Après avoir été exclus de la liste des bénéficiaires de logements sociaux, les villageois ont directement occupé les lieux, pour contester cette liste et vivre sous un toit dans de bonnes conditions. Un an plus tard, un arrêté a été signé pour rendre ces logements officiellement expulsables…
Face à la résistance des squatters (parmi lesquelles de très nombreuses familles), les flics ont frappé dans le tas et des affrontements ont éclaté.
Un père de famille, expulsé parmi les expulsés, a déclaré aux médias locaux: «Les policiers nous ont insultés et nous ont traités de rats devants nos femmes et enfants».
Les squatters ont bloqué la route qui relie la RN12 à la localité de Sid Ali Bounab. Des femmes se sont mises par terre pour empêcher les engins de la CNS d’accéder à leur village.
Après quelques heures de résistance, l’expulsion a finalement eu lieu…
Ci-dessous, parmi les extraits d’un article paru dans Le Temps, le témoignage d’un villageois qui dit avoir échappé aux mains des CNS ayant tenté de l’embarquer lors des affrontements:
«Je suis natif du village Ighil-Azzegagh où j’active dans le domaine de l’agriculture.
J’avais déposé mon dossier pour bénéficier d’un logement, mais à ma grande surprise, mon nom ne figurait pas parmi les bénéficiaires. Le pire, c’est que je retrouve des noms de personnes qui jouissent de tous les moyens sur la même liste pendant que ceux qui sont dans un réel besoin sont tout simplement écartés pour des raisons qu’on ignore».
A 10h, heure à laquelle les affrontements se sont calmés, le maire s’est rendu sur les lieux, assurant les protestataires de les faire bénéficier d’un appartement prochainement dans la liste des 50 autres logements en cours de construction. «Le maire a promis de nous faire bénéficier de logements dans un autre projet qui n’est pas encore achevé, mais nous, nous ne croyons plus à leurs promesses».