Ce mercredi 16 octobre a été empêchée l’expulsion du bloc occupé par la PAH de Salt, une petite ville de la banlieue de Girona en Catalogne. Depuis deux ans, ce bâtiment est réquisitionné par un des multiples collectifs locaux de la PAH (plus de 150 sur tout le territoire espagnol), la Plateforme d’Affecté-e-s par les Hypothèques, cette structure d’auto-organisation des personnes directement touchées par la crise du logement. En 2012, plus de 100.000 foyers ont été expulsés dans tout l’État espagnol.
Ces dernières années, la PAH a participé au blocage de plus de 700 expulsions, puis s’est lancée dans une bataille politique et juridique pour faire changer les lois régissant les prêts. Pour ceci, elle a d’abord rassemblé près d’un million et demi de signatures de son Initiative Législative Populaire (voix pour présenter une reforme sans passer par des partis). La plataforma s’est enfin lancée dans une campagne de pression directe (les « scratches ») des députés du PP qui avec leur majorité absolue bloquent seuls cette réforme en allant les déranger chez eux, sur leurs lieux de travail ou devant les sièges du parti. Tout ceci alors que les banques responsables de centaines de milliers d’expulsions depuis le début de la crise sont maintenues à flot grâce à l’argent public selon la règle du moment, « nationalisons les déficits, privatisons les bénéfices ».
700 personnes solidaires dorment dans le squat pour éviter l’expulsion.
Face aux refus systématiques du pouvoir, la PAH est passée à l’action et a donc décidé de prendre les choses en main en occupant les logements laissés vides par les banques (estimés à cinq millions). Ainsi, plus de 700 personnes habitent actuellement dans des squats ouverts par la PAH en Catalogne. Du fait d’une légitimité sociale peu commune, les politiques, juges et flics sont obligés d’être conciliants et aucun de ces bâtiments n’a pour le moment été expulsé. Ce rendez-vous du 16 octobre était donc un moment fort dans le bras de fer contre le pouvoir et l’appel à solidarité est repris dans tout l’Etat Espagnol. Ainsi, [ce 16 octobre] 700 personnes étaient venues en soutien, pour dormir dans le bâtiment et le défendre collectivement. À tel point qu’il a été nécessaire de réquisitionner un autre bloc voisin pour pouvoir héberger tout le monde!
À la première heure ce matin, devant un rassemblement massif bloquant les accès à la maison, la nouvelle tombait, le recours déposé au Tribunal Européen des Droits de l’Homme est accepté et l’expulsion repoussée temporairement. Est-ce une prise de conscience fulgurante (!) du tribunal européen de la violence sociale que représentent ces expulsions? Parions plutôt que le rapport de force établi par tous les moyens possible et notamment dans la rue a payé pour cette fois. Une petite victoire dans cette lutte quotidienne pour l’accès à un logement
digne pour tous et toutes mais vu le contexte c’est bon à prendre. Reste à voir si cette décision fera jurisprudence et pourra freiner d’autres expulsions ici ou ailleurs en Europe. En tout cas c’est une journée qui a donné des forces pour continuer la lutte…
Courage à vous et à bientôt.
La page web de la plataforma:
http://afectadosporlahipoteca.com/
Vidéo d’invitation à rejoindre le bloc (en catalan et castillan)
Des photos publié par El Pais.
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