Calais: nouveau communiqué de “Salut ô Toit!”

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Diffusé hier en fin de soirée :

Communiqué suite à la réoccupation de la maison 3 impasse Leclercq par ses habitants et habitantes

Les habitants et les habitantes du 3 impasse Leclercq sont de retour…Après s’être fait expulser illégalement et dans la violence le vendredi 28 février alors qu’ils disposaient de preuves attestant de plus de 48 heures d’occupation, et les avaient montré aux journalistes et aux forces de police, ces derniers et dernières ont repris possession de leur maison. Ils sont, aux yeux de la loi, toujours chez eux et elles.

En effet, selon les propos du parquet rapportés par les journalistes, la police est intervenue dans ce domicile pour un simple contrôle d’identité, et les habitant-e-s ont été mis-e-s en garde à vue pour « soupçon de rébellion ». Le procureur, interrogé sur le respect du délai de 48 heures, s’est permis de répondre simplement : « sans commentaires » . Nous nous demandons ce que signifie ce flou artistique : ce n’est pas une procédure d’expulsion pour occupation illégale, car seul le tribunal d’instance peut en décider, ce n’est pas une perquisition, parce-qu’un mandat n’a pas été montré et qu’ils reconnaissent eux-mêmes qu’il s’agissait d’un contrôle d’identité…

Quel contrôle d’identité légitimerait donc l’entrée en effraction, en défonçant la porte, d’un domicile privé, sans même qu’on laisse la possibilité à ses occupants d’ouvrir la porte ? Quel contrôle d’identité se terminerait par une maison dont les accès auraient tous été condamnés, avec toutes les affaires des habitant-e-s à l’intérieur ? Il est temps de mettre en lumière les rouages de cette machine à expulsion illégale qu’ils ont construite et qui sévit en toute impunité sur Calais. L’action de réoccupation de ce dimanche 2 mars a servi, entre autre, à répondre à quelques unes de ces questions.

Aux alentours de 14h30 les habitant-e-s sont rentré-e-s chez eux/elles, et, une vingtaine de minutes plus tard, cinq vans de CRS, trois voitures de police nationale, et deux voitures de police municipales sont arrivés sur les lieux. Soulignons qu’au cours des événements de Coulogne, lorsqu’une cinquantaine d’individus d’une minorité d’extrême droite jetaient des pierres et appelaient au viol et au meurtre, un effectif de seulement six agents de police était là pour « protéger » les habitant-e-s. Aujourd’hui c’est une quarantaine de policiers qui encerclait la maison impasse Leclercq. Que signifie donc cette disproportion des dispositifs de sécurité dans le contexte actuel ?

Quelques instants plus tard, ils ont été rejoints par un adjoint à la mairie avec qui des soutiens des habitant-e-s ont dialogué. Ce dernier ignorait jusqu’au fait que la maison appartenait à la mairie, ce qui n’est guère surprenant lorsque l’on connaît le nombre de maisons vides qu’elle possède. Il a ouvertement reconnu, s’inscrivant dans la continuité des propos des propos tenus par Monsieur Mignonnet, que cette expulsion n’avait aucun cadre juridique puisqu’il a explicitement posé la question suivante : « est-ce qu’on peut tolérer ça à Calais ? », le « on » étant, pour lui, la « ville de Calais ». Il y a effectivement une chose que nous ne pouvons pas tolérer, c’est que le droit au logement soit pris en otage par des calculs politiques. Une nouvelle fois, la ville de Calais s’assoie sur la loi. A quoi peut bien ressembler une ville où des élus peuvent tenir ce genre de propos, si ce n’est à une zone de non droit ?

Aujourd’hui, les forces de police et la mairie n’ont pas cessé de sonder tous les recoins de la maison à la recherche de traces de dégradation, s’attardant sur la porte défoncée par les CRS deux jours auparavant. Ils cherchent à ce qu’une plainte pour dégradation puisse être déposée et légitime l’expulsion des habitant-e-s, c’est à se demander vraiment quelle était la base légale à l’origine de la première évacuation, puisque, si l’occupation avait été juridiquement déclarée illégale, ils auraient pu déloger les occupant-e-s sur le champ. La mairie, le préfet et les forces de police, sont prêts à tout pour parvenir à leurs objectifs politiques qui sont de vider les squats de Calais de leurs occupants. La fin justifie les moyens, et cela suffit !

Vous pouvez rentrer en contact avec nous au : 07 53 15 01 41 ou nous envoyer un mail au : salutotoit [at] hotmail [point] com.”

[Info publiée le 3 Mars 2014 sur Passeurs d’hospitalités]