Cannes: 12 mars, journée d’action contre le Marché international des professionnels de l’immobilier

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C’est ici que se vendent le patrimoine des États, les quartiers populaires de Moscou, les logements sociaux privatisés de la région parisienne, les terrains sur lesquels sont implantés les bidonvilles de Bombay ou Rio de Janeiro, et peut-être les îles grecques. Du 11 au 14 mars, investisseurs, promoteurs immobiliers, collectivités et banques se réunissent au Marché international des professionnels de l’immobilier, à Cannes. Pour cette nouvelle édition, le Brésil est à l’honneur… à quelques mois de la Coupe du monde de football. Face à ce grand marché de la spéculation immobilière, la Coordination pour le droit au logement et à la ville appelle à une journée d’action, mercredi 12 mars. Basta ! relaie leur appel.

Le MIPIM, (Marché international des professionnels de l’immobilier), comme tous les ans depuis sa création en 1990, se tiendra à Cannes au Palais des congrès, du 11 au 14 mars. 20 000 personnes en moyenne, investisseurs, promoteurs, collectivités publiques ou banques, font des affaires pendant 4 jours. Et quelles affaires !

Les collectivités publiques vendent des terrains et des grands projets d’urbanisme aux promoteurs. Les promoteurs vendent à des investisseurs, lesquels empruntent aux banques, puis louent ou vendent aux accédants. Pendant ce temps, les juristes, les fiscalistes et les urbanistes s’échangent les bonnes recettes pour faire monter les prix, déréguler les loyers, placer les profits dans les paradis fiscaux, lesquels sont réinvestis dans un autre programme immobilier, net d’impôt.

Tout se vend au MIPIM, le patrimoine des États et des collectivités territoriales, les quartiers populaires centraux ou périphériques comme à Moscou, Paris, Istanbul, Berlin, Londres, Dublin, Varsovie, Budapest… et bien d’autres encore. Les terrains sur lesquels sont plantés des bidonvilles, à Mumbai, Luanda, Rio de Janeiro, ou São Paulo. Les terrains des « déguerpis » de Bamako, de Ouagadougou… Cette année ce sera peut-être les plages et les îles grecques.

Des projets associés aux grands événements sportifs ou culturels

Ils vendent notre patrimoine, nos quartiers, notre coin de vie ! On ne leur a rien demandé, mais ils viennent nous déranger, nous chasser, avec leurs projets d’urbanisme, la construction de leurs tours de bureaux, de leurs quartiers d’affaires, de leurs terrains de golf, et autres grands projets inutiles comme Notre‐Dame des Landes échafaudés à Cannes. Car le MIPIM est aussi un marché, où se vendent des terrains, des projets d’urbanisme, souvent associés à des événements culturels (expositions universelles, années culturelles), sportifs (JO, mondial de foot), quand ce ne sont pas les appétits immobiliers qui créent ces événements. 25 MIPIM depuis 1990 ont mondialisé la spéculation, rationalisé le renchérissement immobilier, contraignant les populations à payer toujours plus cher pour se loger, ou se loger toujours plus loin.

La Côte d’Azur connaît cette terrible épidémie spéculative qui contraint depuis 30 ans les couches populaires provençales à abandonner le littoral, dévitalisant les zones côtières, faisant place aux touristes et aux riches du monde entier. Les salariés et les saisonniers ne peuvent plus s’y loger et doivent dormir dans leurs voitures, dans des campings, des taudis ou à grande distance.

Un grand marché de l’immobilier en pleine crise du logement

Rien n’arrête la spéculation, les spéculateurs et leurs alliés, ceux qui leurs permettent de faire fortune, ceux qui leurs vendent le patrimoine public, pour s’enrichir (pots de vins et dessous de table), pour loger leurs électeurs (corruption électorale), pour chasser les populations pauvres à coups de bulldozers, de charges de police, avec parfois le recours de l’armée et de décisions de justice injustes (épuration sociale) ou en votant des lois criminalisant les sans abris comme en Hongrie.

25 MIPIM ont contribué à produire des crises qui ébranlent les économies et appauvrissent les peuples. Les crises en Espagne, en Grande Bretagne, en Irlande ou aux USA ont commencé par des bulles immobilières. Celles ‐ci menacent aujourd’hui en France et en Chine. D’autres se constituent, au Brésil ou en Russie… Qu’importe, promoteurs et spéculateurs se jouent des crises, et changent de terrains de jeux, lorsque le précédent est dévasté, et y retournent à nouveau lorsqu’il est remis à flot et ce, au prix de nombreux sacrifices des populations et des États. La crise immobilière des États ‐Unis a mis à la rue 4 millions de familles. En Espagne, elle entraine des milliers de suicides. C’est la politique de la terre brulée, c’est la philosophie du prédateur, c’est la ronde du requin.

Le Brésil à l’honneur de l’édition 2014

Le cynisme, est aussi un caractère fort de ce marche mondialisé :

En 2013 la Turquie était le pays à l’honneur, huit mois plus tard le gigantesque scandale de la corruption immobilière ébranle le pouvoir turc.

Savez‐vous qui sera à l’honneur cette année ? Le Brésil ! “le Mundial” est aussi le terrain des spéculateurs. Mais tandis que les favelas sont massivement détruites par la police, la résistance des habitants s’organise et s’intensifie (lire ici)…

Mercredi 12 mars 2014, dans de nombreux pays européens, des initiatives seront menées pour dénoncer la vente à des spéculateurs de leurs quartiers, de leur patrimoine public et des conséquences pour les habitants. Le 12 mars 2014, à Cannes, des militants de chaque pays viendront mettre en accusation le marché immobilier et foncier ainsi que les politiques libérales de l’Europe, responsables de la crise du logement. Les mouvements représentés apporteront leurs propositions et exigences.

Nous appelons les mouvements sociaux à participer aux initiatives qui se dérouleront dans chaque pays.

NDLR : la mairie de Cannes a demandé l’interdiction du rassemblement à proximité du Palais des Congrès. La Préfecture des Alpes-Maritimes propose un lieu de rassemblement à 2 kilomètres du Palais des Congrès de Cannes.

Pour entrer en contact avec les participants : dal06 (a) droitaulogement.org

A l’appel de la Coordination pour le droit au logement et à la ville :
Allemagne  : Berlin Tenants’ Movement, Berliner MieterGemeinschaft, Zwangsräumung verhindern NRW, Whose city is it ?, BürgerInneninitiative Zinkhüttenplatz, Witten Tenants Association… Belgique  : Habitat et Participation, CNE … Espagne  : Plataforma de afectados por la hipoteca (PAH) … Grande ‐Bretagne : Radical Housing Group … France  : Droit au logement (DAL), HALEM, AITEC … Hongrie  : The City is for All – A Város Mindenkié … Irlande  : Tenants First … Italie  : Unione Sindiquini da Base – ‐ Associazoni Inquilini i Habitanti … Pays ‐Bas : Bond Precaire Woonvormen, Student Squat Information Center … Pologne : Wielkopolskie Stowarzyszenie Lokatorow, Grunt to Warszawa … Portugal : Colectivo Habita for the right to housing and the city, UMAR … Réseaux internationaux : NO VOX, Habitat International Coalition (HIC), International Alliance of Inhabitants (IAI) ; et d’Attac, la FSU, la Fondation Copernic, l’Union Syndicale Solidaires…

[Article publié le 7 mars 2014 sur Basta!.]