Zürich (Suisse): expulsion de l’Autonomer Beauty Salon et de Labitzke

Jeudi 7 août 2014, l’aire squattée Labitzke (où se trouve l’Autonomer Beauty Salon), située dans le quartier Altstetten, à Zürich, a été prise d’assaut par la police et expulsée, malgré une résistance déterminée de ses habitant-e-s.

Récit heure par heure, ci-dessous:

Vers 8h, l’artillerie policière se déploie dans le quartier Altstetten de Zürich pour expulser les occupant-es d’un bâtiment voué à la destruction au profit d’un projet de gentrification. Les flics, en nombre sur la Ohlstrasse avec canons à eau, encerclent l’aire et commencent à repousser les personnes solidaires.

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À 8h30, l’expulsion commence. Il est de plus en plus en plus difficile d’entrer dans le secteur car les robocops bloquent les rues. Deux personnes sont montées sur une tour en bois dans le jardin de Labitzke. Il y a eu une arrestation.

9h06: les pompiers arrivent avec une nacelle sous protection de la police pour déloger la deuxième personne qui est sur la tour en bois. C’est la deuxième arrestation de la journée.

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La banderole suspendue dit "la ville et Mobimo, bas les pattes de l'aire de Labitzke"

Vers 9h20, les flics pénètrent à l’intérieur de l’Autonomer Beauty Salon où se trouvent encore de nombreuses personnes.

Vers 10h50, plusieurs personnes ont été été arrêtées dans la Ohlstrasse alors qu’elles étaient en dehors du périmètre démarqué par les flics pour l’expulsion. Peu de temps avant, les flics ont arrêté une personne qui était sur le toit de Labitzke, tandis que deux autres personnes à l’intérieur sont arrêtées suite à l’incursion des flics.

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Vers 11h20, les flics délogent les dernières personnes.

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À 11h42, plusieurs personnes rapportent de nombreux contrôles d’identité dans les rues alentours.

Vendredi 8 août 2014 à 10h30, neuf personnes étaient toujours en détention dans plusieurs commissariats. Nous exigeons leur libération immédiate ! 

Une manif est prévue samedi 9 août 2014 à partir de 21h30 sur la Limmatplatz de Zürich.

Le n° de téléphone Antirép’ est 076 649 51 62


Communiqué du 4 août 2014

C’est la fin? Ou plus tard? Ou ça continue encore? 

Nous sommes en colère et un peu triste. Après trois ans de résistance continue contre la ville, la police et Mobimo, ces derniers veulent raser l’aire de Labitzke, l’une des occupations les plus importantes de la ville de Zürich. Par la suite, un objet de prestige de Mobimo doit être réalisé, une immense construction sans âme avec des tours allant jusqu’à 67 mètres de hauteur, ce qui constitue un autre élément essentiel dans un développement de la ville jusqu’à une jungle de béton totale. Mais nous n’allons pas nous faire expulser sans résistance !

Nous comprenons aussi les plans de démolition de Mobimo dans un contexte plus général du développement urbain, ce qui signifie le déplacement de vastes couches de la population. Déplacement des personnes loin de leurs logements, loin de leurs places, bref: de leurs maisons et de leurs lieux de rencontres. Que disparaissent de plus en plus de logements abordables et d’espaces culturels ainsi que des espaces auto-organisés au profit de bâtiments à but lucratif et des appartements de luxe coûteux, ce n’est pas nouveau.

Avec l’aire de Labitzke et l’Autonomer Beauty Salon, la ville et Mobimo veulent maintenant détruire un espace qui est beaucoup plus que juste un centre sous-culturel. Bien plus qu’une simple alternative culturelle idéalisée de l’offre existante. Nous portons aussi dans ces projets et des espaces des idées qui sont issues de notre mécontentement avec les conditions actuelles. Nous voulons une vie au-delà de la logique de profit et de dépendances et recherchons le soutien mutuel et solidaire basé sur la vie commune, dans laquelle la compétition, le pouvoir et les hiérarchies sont remis en question.

Par ces projets, il ne s’agit pas seulement de créer une offre de consommation culturelle sans règle et autant avantageuse que possible. Il s’agit, dans cet espace libre en dehors d’un statut d’objet de spéculation, de se battre pour obtenir un peu d’espace de vie dans une alternative temporaire. Que ce soit dans l’art et la manière de cuisiner, de nettoyer et d’habiter. Comme organiser des concerts et transmettre des connaissances, comme résoudre des conflits et planifier des projets. C’est un terrain d’expérimentation, un endroit pour expérimenter et apprendre. Et par-dessus tout, c’est un endroit où les gens peuvent se rencontrer, pour les gens qui veulent se connaître, et qui n’acceptent pas les conditions existantes sans combattre.

C’est pourquoi nous réalisons notre résistance dans les rues ici et aujourd’hui, de manière diverse et résolue en protestant contre les intentions de la ville et de Mobimo. Nous faisons cela de différentes façons, chacun/e comme il/elle veut. Nous ne laisserons pas diviser cette lutte par le petit jeu des médias autour de la question de la violence dans cette lutte. Nous voulons redéfinir quand on parle de la violence qui règne: Mobimo, qui est un acteur de plusieurs milliards d’euros dans le secteur de l’immobilier, bosse dans les appartements de luxe, fait avancer l’expulsion et la marginalisation et voit purement des chiffres à la place des gens. La ville conduit une politique hostile et nous frappe d’incapacité (…). La police pointe sur nous leurs pistolets derrière leurs armures et nous tombe dessus avec des matraques. Et cette violence doit être surmontée !

Nous réalisons notre combat ensemble et nous n’aimons pas nous laisser diviser entre squatteur/euses violent/es et pacifique/s. Cette séparation n’existe pas pour nous. Nous avons décidé de résister passivement sur ​​l’aire de Labitzke. L’unique violence est celle de la police et de l’État. Nous ne sommes en aucune façon préoccupé-es à nous distancer de n’importe quelle forme d’action. Nous voulons laisser la place à toute action de résistance.

Encore une fois, nous sommes en colère ! Nous sommes en colère que de nouveau on nous cible avec des flashballs et qu’on nous tire dessus, que les gens s’arrogent le droit de nous dire comment nous devons vivre. Par conséquent nous contrecarrons maintenant leurs plans, avec des actions de solidarité dans d’autres villes et sur le lieu des événements. Avec des actions décentralisées à Zürich et une opposition bruyante, colorée et déterminée sur le terrain.

Bas les pattes de l’aire de Labitzke !

[Traduit approximativement de l’allemand du site de l’Autonomer Beauty Salon par Le Chat Noir Émeutier.]