« Le reflet des arbres, dans ce coin humide, verdissait la salle enfumée, faisait danser des ombres de feuilles au-dessus de la nappe, mouillée d’une odeur vague de moisi. »
Émile Zola, L’Assommoir.
Nous occupons depuis un an une petite maison à la frontière de Noisy-le-Sec et Montreuil. Nous avons remis en état cette maison qui dépérissait ; assaini les murs, bouché les fuites de la toiture, refait les planchers, la plomberie, l’électricité, entretenu le jardin… afin d’en faire un espace habitable, un joli petit squat. Pendant toute cette période, aucune procédure, rien.
Mercredi 26 novembre, deux personnes se sont présentées à la porte de notre maison prétendant être munies d’un contrat de location. Ils nous menacent de « revenir à nombreux pour scier les serrures et nous dégager ». Le nouveau propriétaire d’il y a un mois aurait loué la maison sans même la faire visiter, sans établir d’état des lieux, et sans en informer ceux qui y vivent et l’entretiennent.
Mardi 2 décembre, en début d’après-midi, nous sommes trois dans la maison et le soi-disant locataire revient avec trois autres gars et commencent à défoncer à coups de piolet le portail arrière. La discussion est impossible. Au bout de quelques minutes le portail cède, nous nous réfugions dans la maison et sécurisons toutes les entrées. Ils commencent à attaquer la porte d’entrée arrière de la maison à coups de marteau, pioche et pelle de jardin. Nous arrivons à repousser leurs attaques et leur intrusion dans le lieu avec l’aide d’ami-es et de voisin-es alerté-es. La police arrive et embarque G. – un des habitants, blessé à l’épaule pendant l’attaque – ainsi que les quatre gars qui continuaient à faire des menaces aux habitant-es. Ils se retrouvent tous les cinq en garde-à-vue. Lorsque les flics repartent, nous sommes près de trente soutiens devant la maison, un flic lâchera : « mais c’est une ZAD ici ?! »
Le lendemain matin, mercredi 3 décembre, la police de Noisy et la compagnie de sécurisation et d’intervention procèdent à une perquisition à la Moisy. Toutes les personnes présentes à l’intérieur sont violemment plaquées au sol puis menottées. Ils disent venir chercher des armes de type gazeuse ou bâtons mais sont repartis bredouille. Dehors, de nombreuses personnes arrivent en soutien. Les flics, agressifs, violents et insultants, dispersent le rassemblement. Les personnes se réfugient non loin dans une maison amie. Puis les flics enfoncent au bélier le portail du jardin de cette maison (elle était ouverte) et entrent dans la maison où plusieurs adultes et deux enfants sont présents. Rebelote : plaquages au sol, menottes et compagnie… Ils viennent pour arrêter une des personnes présentes au rassemblement. L. est placé en garde à vue, accusé d’outrage et violence contre la police. Ce midi, sa garde-à-vue a été prolongée pour 24h de plus. G., lui, est sorti après 24h de garde-à-vue avec un rappel à la loi.
L’histoire n’est pas terminée. Le propriétaire dit vouloir négocier ou débuter une procédure mais rien n’est sûr.
L. passe en comparution immédiate ce vendredi 5 Décembre au tribunal de Bobigny à 13h, soyons nombreu-ses pour le soutenir !
Malgré ce monde qui continue à déverser ses passions nauséabondes, nous sommes plus que jamais reliés les un-es aux autres, il y a du passage à la maison, on se raconte plein d’histoires, on fait des plans sur la comète, on mitonne des petits plats toute la journée.
Là c’est le soir, il fait noir.
On vous dit à bientôt.
Des occupant.es de la Moisy
Contact : zitveaz@@@riseup.net
Post scriptum de Paris-Luttes.Info: le copain qui s’est fait choper suite à cette histoire, L., a refusé la comparution immédiate cet après-midi. Il a été libéré. Il a un contrôle judiciaire et une interdiction de Noisy-le-sec jusqu’à son procès en avril. Il est accusé d’outrage, rébellion et violence contre agent.