Dans un tract daté du 15 décembre, diffusé dans différents halls d’immeubles et notamment au 41 rue Dhalenne de la ville de Saint-Ouen, l’office HLM Saint-Ouen Habitat Public appelait à notre « vigilance » en menaçant d’expulsion tout-e locataire qui ouvriraient les « portes d’entrée sécurisées (…) à des sans-abri » et/ou qui fourniraient « à des sans-abri tout élément de logistique », qui leur donneraient à manger, « les incitant par là-même à demeurer sur les lieux squattés ». Tout ça pour « améliorer votre cadre de vie ». Monde de merde…
Le DAL appelle à un rassemblement de protestation ce samedi matin (20 déc. 2014) à 11h devant la mairie de Saint-Ouen.
Ci-dessous, le tract en question, suivi d’une lettre d’excuse assez invraisemblable ; puis, deux articles trouvés dans la presse mainstream francophone:
– Les SDF indésirables pour un office HLM de Saint-Ouen
par Grégoire Lecalot (France Info) | vendredi 19 décembre 2014Un tract diffusé par Saint-Ouen Habitat Public, un organisme de logement social, suscite de vives réactions. Le document affiché dans des halls d’immeubles demande aux habitants de ne pas aider des sans-abri. Au micro de France Info vendredi midi, Arnaud Bonnier a expliqué que « cette communication a échappé à son contrôle et, au fond, ne reflète pas du tout la position des instances dirigeantes ».
Le grand ensemble de bâtiments concerné par cette affaire se situe en bord de Seine à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), avec des barres d’immeubles et des tours en béton gris. Au total, un demi-millier d’appartements sont gérés par Saint-Ouen Habitat Public. Cet office HLM a commencé à poser des affichettes dans les entrées de ses immeubles. Il demande aux locataires de ne pas inciter les SDF à s’y installer.
Les consignes recommandent aux habitants de ne pas ouvrir les portes à digicode aux SDF, de ne pas leur apporter d’éléments logistiques et de ne pas leur donner à manger. Non seulement l’office HLM liste des comportements à tenir, mais en plus il prévoit des sanctions s’ils ne sont pas respectés. Les documents font état de « risque d’expulsion » pour les locataires qui seraient trop généreux ou solidaires des SDF.
« On ferait pareil pour les pigeons »
Des locataires se sont dit indignés par la mise en garde, d’autres évoquent un délit de solidarité, mais certains soulignent la gêne occasionnée par les sans-abris lorsqu’ils s’installent pour dormir dans les halls. De son côté, Jean-Baptiste Eyraud, le président de l’association Droit au logement (DAL) a fait part de son émotion et se dit « choqué par le texte » et le ton employé, à quelques jours de Noël.
« On ferait le même texte pour les pigeons. Un bailleur social se permet de traiter en quelque sorte des êtres humains comme des animaux et en plus, il menace les locataires de représailles si jamais ils font acte de solidarité. » (Jean-Baptiste Eyraud, président de l’association Droit au logement.)
Le DAL a appelé à un rassemblement devant l’Hôtel de ville de Saint-Ouen samedi matin et l’association demande au maire de faire retirer les affichettes concernées. Dès aujourd’hui, vendredi, l’offfice HLM, a affiché dans les bâtiments un message présentant des « sincères excuses. » Dans le document, le directeur général de Saint-Ouen Habitat Public explique que « la communication a échappé à son contrôle et ne reflète absolument pas la position des instances dirigeantes ».
Au micro de France Info vendredi midi, Arnaud Bonnier a expliqué que « cette communication a échappé à son contrôle et, au fond, ne reflète pas du tout la position des instances dirigeantes de l’office« . « On a été alertés à maintes reprises par des locataires ou du personnel de l’office sur site relativement à des nuisances et à des problèmes liés à des occupations de personnes de l’extérieur, liées aussi à la présence de trafic de stupéfiant sur cet ensemble immobilier qui nous ont conduit de prévenir les locataires et (alerter leur) vigilance (sur ce) qu’ils doivent employer pour préserver leur cadre de vie« , s’est-il justifié.
– A Saint-Ouen, prière de « ne pas nourrir » les SDF sous peine d’expulsion
par Vincent Michelon (MetroNews) | vendredi 19 décembre 2014Un bailleur social qui la joue… antisocial. Saint-Ouen Habitat Public, bailleur de la municipalité de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), vient de créer la stupéfaction en publiant une curieuse note d’information à destination de ses locataires.
Le document, en date du 15 décembre, les enjoint manu militari de… Ne pas nourrir les sans-abri. Les locataires, clame ce document, s’exposent « à une procédure d’expulsion » – ni plus ni moins – s’ils « fournissent à des sans-abri tout élément de ‘logistique’. Ou, précise le bailleur social, « si vous les nourrissez, les incitant par là même à demeurer sur les lieux squattés ». Nourrir un SDF serait donc « contraire » au règlement intérieur des logements sociaux.
« Comme des animaux »
Un zoo ? Non, une résidence sociale dans une commune populaire de 40.000 habitants. Interrogé par France info, le président de Droit au logement (DAL), Jean-Baptiste Eyraud, juge qu’on « traite des êtres humains comme des animaux et de plus, on menace les locataires de représailles si jamais ils font acte de solidarité ». Auprès de France info, le bailleur social s’est confondu en excuses.
Joint par metronews, le cabinet du maire a indiqué que la Ville ne s’exprimerait pas sur le sujet. Renvoyant au bailleur social mis en cause dans cette affaire. L’office HLM a publié vendredi un nouveau document indiquant que « la communication a échappé à son contrôle » et qu’elle « ne reflète absolument pas la position des instances dirigeantes ».
Si le règlement intérieur (le vrai) de Saint-Ouen Habitat Public ne prévoit a priori aucune mesure à l’encontre de ceux qui viennent en aide aux SDF, il existe bien un article (page 4) interdisant de nourrir… Les pigeons et les « animaux errants ».