Nanyang (Chine): des promoteurs immobiliers prêts à tout pour arriver à leurs fins…

À Nanyang, dans la province chinoise du Henan, une opération d’expulsion inhabituelle a eu lieu en cette fin de mois de décembre 2014: un promoteur immobilier a envoyé des hommes de main terroriser les habitant-e-s pour pouvoir les expulser, comme cela arrive trop souvent à travers le monde, en employant la force classique (tirs au lance-pierre dans les vitres des appartements ciblés, éclats de pétards aux alentours des habitations) ainsi qu’une « équipe sida de démolition » !

Au moins six hommes prétendument porteurs du virus HIV constituaient cette « équipe ». Ils ont tagué les murs de la résidence visée de signatures explicites, de manière à effrayer les habitant-e-s, tout en s’installant, équipés de seringues, dans un des appartements vidés du bâtiment. Dans une région où les séropositifs sont traités comme des pestiférés (dans les années 1990, cette province chinoise a vécu un énorme scandale du sang contaminé, affectant des dizaines de milliers de personnes), l’objectif était clairement de répandre la peur chez les habitant-e-s de la résidence, pour les faire fuir et ainsi acquérir facilement et rapidement les bâtiments.

Le projet immobilier de la Yi’an Real Estate Company passant par la démolition de la résidence en question, il lui fallait d’abord expulser la cinquantaine d’appartements habités…

Apparemment, cette méthode ne serait pas tout à fait « nouvelle » puisque des attaques similaires ont été signalées depuis dix ans dans la même ville de Nanyang. Dans une Chine qui se trouve être le pays qui connaît le plus gros boom immobilier de la planète, les opérations d’expulsion-démolition se multiplient, et tous les moyens semblent permis pour entretenir la bonne forme du marché de l’immobilier.

Face aux contestations des habitant-e-s, les autorités locales sont toutefois intervenues et ont arrêté une partie des assaillants (dont la dite « équipe sida de démolition »). Mais la moitié des habitant-e-s de la résidence ont déjà quitté les lieux.

Un des membres de l’équipe « sida de démolition », effectivement porteur du virus HIV, aurait déclaré que cette pratique serait en train de se développer de manière quasi-industrielle. Il serait lui-même employé depuis 2009, avec une soixantaine d’autres, dans le but d’accélérer des procédures d’expulsion. Payé 400 yuans par jour (US$64.32), il a déclaré être parfois envoyé dans d’autres régions, voyageant jusqu’à Pékin, Shanghai ou Guangzhou…

[Sources: AFP | Want China Times | The World of Chinese.]