Ils sont venus de tous les pays du monde, pour participer aux actions de la société civile lors de la COP 21. Les forces de l’ordre les ont expulsés mardi 8 décembre.
Mardi 8 décembre à 19h. La rue Blanche (Paris 9e) est particulièrement encombrée. Les voitures avancent au ralenti, car la voie est largement occupée par une longue file de véhicules bleu et blanc. Un car de police, et au moins dix camions de gendarmerie… un dispositif impressionnant.
Un squat hébergeant pour la durée de la COP 21 des activistes du climat est en cours d’expulsion par les forces de l’ordre. Au 29-31 de la rue, des policiers – au moins une quarantaine – bloquent l’accès, casque et matraque en main.
Des dizaines de militants, jeunes ou vieux, sortent du bâtiment à la façade délabrée, sac à dos et duvet dans les bras. Des agents relèvent les identités de chacun. « Je me sens bouleversé », explique un Espagnol. « On nous a mis dehors, et on se retrouve dans la rue de nuit, et sans logement. » Comme lui dans le squat, ils seraient une petite centaine d’activistes venus de France, d’Europe et d’ailleurs pour participer aux actions citoyennes en marge de la COP21.
Ce lieu aurait ouvert le week-end dernier. D’après « Camille », l’un des occupants, le bâtiment qu’ils occupent est vide depuis trois ans. L’affirmation est confirmée par une voisine, qui explique « que des travaux sont prévus de très longue date. » La dame semble par ailleurs étonnée du remue-ménage qui se déroule sur le pas de sa porte : « J’étais là tous les jours, je n’ai vu personne ! »
Le squat compte environ vingt-cinq chambres, une cuisine et des lieux de réunion. « C’est ridicule ! », s’exclame une anglaise sexagénaire. « Nous ne faisions aucun mal, nous avions juste besoin d’un lieu où dormir pendant la COP. »
La police leur a proposé de se loger dans des gymnases, accessibles uniquement de 22h00 à 9h00. Mais les squatteurs, craignant d’y être surveillés, préfèrent chercher d’autres solutions.
Ils entassent matelas, matériel de cuisine et autres bidouilles dans des camions « amis », sous l’œil attentif des policiers. « D’un côté, c’est bien car tout s’est passé sans violence », estime une militante espagnole. « Mais c’est triste et révoltant d’être ainsi mis dehors, sans lieu pour nous réunir. »
Par ailleurs, les squatteurs attendent l’arrivée mercredi 9 décembre d’environ soixante-dix activistes venus de l’étranger.
L’occupation de ce squat est liée au manque criant de logements prévus pendant la COP. Il y a déjà plusieurs mois, la Coalition 21 avait alerté les autorités quant à ce problème, en vain, comme Reporterre l’avait relaté.
9 décembre 2015 / Lorène Lavocat (Reporterre)