Depuis une semaine, nous resistons à la destruction de nos deux maisons
On vous écrit du 3ème étage. Sous la fenêtre, là en-bas dans la rue, les gens s’arrêtent, lèvent la tête vers les banderoles et lisent les mots collés sur le panneau d’affichage. Ils remarquent ces deux maisons historiques du centre-ville de Renens qui auraient dû commencer à disparaître il y a quelques jours si on n’y était pas resté. On habite là depuis des mois. Aujourd’hui on attend de savoir si la commune, propriétaire des lieux, va s’acharner à vouloir démolir ces maisons et les remplacer par les gravats d’un terrain vague. … par un champ de tournesols, pardon, c’est vrai qu’elle a prévu un « aménagement paysager » sur la parcelle, pour cacher le vide. Pourquoi cette démolition ? Pour rien. Pas l’ombre d’un projet, pas de concours d’architecture, rien. Quelle que soit l’idée qui sortira du chapeau des urbanistes et des architectes qui bétonnent et reconstruisent la ville à neuf, la première brique ne sera pas posée avant cinq ou dix ans. En attendant, magie du capitalisme, le terrain laissé en friche gagnera de la valeur, avant qu’il soit cédé à des privés.
Comment la municipalité est parvenue à faire accepter cette démolition devant le conseil communal ? En prétendant que les bâtiments seraient insalubres. Elle se base sur une série de rapports d’expertises réalisées par des ingénieurs qui « vont dans son sens », comme elle l’a dit au conseil en septembre, et dont elle a reformulé les analyses et les conclusions dans un discours alarmiste mais infondé. De notre côté, on a fait venir des architectes et des ingénieurs qui ont dit que ces bâtiments sont de solides constructions, à l’architecture intelligente et robuste, qu’il n’y avait aucun problème dans leur structure, et qu’ils sont sains et habitables.
Peut-être que notre présence est une épine dans le pied de la municipalité, dans sa grande marche gentrificatrice. En tout cas, elle a senti venir le roussi, puisqu’elle a mandaté des sécuritas deux jours avant la fin des derniers baux (fin janvier), qui ont fait un piquet 24h/24h pendant tout le week-end devant chaque entrée. On a fermé la porte sous leur nez. La commune a adapté ses techniques d’intimidation selon les personnes dont elle pensait pouvoir se débarrasser, puisqu’elle a aussi menacé une famille dans une situation extrêmement précaire d’arracher portes et fenêtres si elle restait. Malgré notre présence, elle n’a pas décommandé l’entreprise qui devait venir poser les échafaudages, mais on l’a chassée.
La municipalité se fiche des contre-expertises qu’on lui fournit, et de toutes les personnes qui s’arrêtent devant chez nous pour exprimer leur révolte ou pour nous montrer leur soutien. Elle devrait porter plainte demain.
On la laissera pas créer du vide là où on habite.
On refuse de partir, même si on aime les fleurs.
On y vit, on y reste.
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Publié sur Renversé