En ce vendredi 1er avril, le « Syndicat des Propriétaires Egocentriques » a remis le Prix spécial du Jury 2016 au directeur général d’Habitat Sud Atlantic médusé.
Qu’on se le dise, c’est le jour du poisson. Et à plus d’un titre. Aujourd’hui, vendredi 1er avril, une dizaine de membres du « Syndicat des Propriétaires Egocentriques », dont le nom n’apparaîtra dans aucun journal officiel, se sont invités dans les locaux du bailleur social Habitat Sud Atlantic (HSA) pour lui décerner leur prix « du bailleur social le plus antisocial ». Si la blague est potache, le fond de l’affaire l’est nettement moins.
Parés de leurs plus beaux atours, les « propriétaires » (anciens occupants du hameau de Plantoun et leurs soutiens) ont fait irruption dans les locaux bayonnais pour un apéro-surprise. Bouteilles de Crémant, cannelés, confettis, tout était réuni pour fêter cette remise de prix spéciale devant des salariés et un directeur général interloqués. Jean Elhuyar n’aura souhaité commenter ni cette action ni « le fond de l’affaire », se contentant de mettre à la porte les joyeux drilles après un quart d’heure de cérémonie.
Dans leur discours ces derniers ont passé en revue l’historique qui les oppose au bailleurs social. La dérision pour aborder les conséquences personnelles pour les deux anciens occupants, dont une saisie de 1 700 euros sur le compte de Carine Courtiade (« contre laquelle on ne peut rien, HSA est dans son droit » ont-ils précisé par la suite). L’humour pour dénoncer les carences bayonnaises en matière de logements d’urgence, « quelques 1 500 habitations vacantes entre les mains des propriétaires tant privés que publics » quand la liste des aspirants locataires s’allonge. Et un petit tacle sur le procès en cours concernant les malfaçons des pavillons du quartier.
Merci HSA !
« Nous nous sommes inspirés du film Merci Patron !, explique le président du syndicat (alias Hartzea Lopez Arana). Nous avons profité de ce 1er avril pour remercier le bailleur social et l’encourager à utiliser toutes les ressources et tous les outils juridiques pour maintenir des logements vides vacants. »
En 2013, les « squatteurs » avaient quitté le n°26 après l’annonce de l’installation d’une famille suivie par le PACT-HD (Soliha Pays Basque). La porte du logement est aujourd’hui à nouveau close. « Au-delà des procédures, poursuit-il, nous voulons rappeler que ces logements répondent à un besoin. Nous en revendiquons le droit d’usage pour la population ». Forts de leur expérience, accompagnés de leurs soutiens, ils lancent un appel global à l’action collective pour enrayer cette problématique grandissante. « On a rien sans rien. »
Justine Giraudel
[Publié le 1er avril 2016 sur Media Bask.]