Afrique du sud: des révoltes contre des expulsions en ce mois de mai 2016

Le 10 mai 2016, les forces de l’ordre sont intervenues dans un quartier pauvre de Grabouw pour y déloger des squatters qui avaient construit leurs propres logements sur des terrains abandonnés.

Les flics ayant expulsé et détruit quelques maisons et cabanes (aidés par les tronçonneuses d’employés-collabos), des habitant-e-s de Grabouw ont rapidement fait connaître leur colère: affrontements avec les flics, blocage de la route N2 avec barricades enflammées, et c’est pas tout, puisque des manifestant-e-s se sont vengé en foutant le feu à des bureaux de l’institution propriétaire responsable des expulsions (le département local du trafic routier)! Quatre personnes suspectées d’avoir participé à l’incendie ont été arrêtées.

S’adressant aux manifestant-e-s, Andile Lili (du Ses’khona People’s Rights Movement) a déclaré: “Ne laissez jamais la police ou qui que ce soit détruire vos logements. Vous avez construit ces logements vous-mêmes, ça vous a coûté de l’argent… Par conséquent, vous devez les défendre”.

A Hammanskraal, le 23 mai, alors qu’une équipe de l’entreprise privée de sécurité “Red Ants” (spécialisée dans les expulsions) était en train de faire son sale taf de destruction de logements dans les townships “illégaux” de Suurman et Kanana, des habitant-e-s se sont révolté-e-s et sont intervenu-e-s pour les en empêcher. Des affrontements ont suivi, et deux des membres de l’entreprise “Red Ants” ont été tués (l’un d’entre eux par un coup à la tête, l’autre est mort brûlé !).

Une habitante d’un des deux townships a déclaré à une journaliste de Times-Live: “Nous essayions de les empêcher de détruire nos maisons, mais ils ont continué, ils pétaient tout. C’est alors que la communauté s’est retournée contre eux en les frappant avec des objets et en brûlant l’un d’entre eux (…). Ma cabane se trouve aussi dans ce quartier. C’est pas comme si on venait de nulle part, on n’a pas d’autres habitations. C’est ici que nous vivons et maintenant ils veulent juste nous faire dégager comme ça. Ils veuillent qu’on aille où ?”.

Selon Sacky Lekalakala, un habitant d’un des townships, interrogé par des journalistes de Vox News: “ils ont commencé à tout détruire, c’est pour ça que les gens se sont mis en colère et qu’ils ont commencé à se battre. Quand les Red Ants sont venus, les policiers étaient là, ils ont tiré au hasard. Je vous le dis, ils ont tiré sur les gens au hasard. Tout le monde a eu peur, on a couru pour se sauver. Les Red Ants ont détruit nos maisons…”

Une autre habitante d’un township a déclaré aux mêmes journalistes de Vox News à propos du moment de l’expulsion: “je leur ai dit que je voulais prendre mes affaires. Ils ont tout cassé: toutes les fenêtres, les meubles. Ils ont tout pris”.

Qui sème le vent…

Dans la même journée du 23 mai, les squatters en colère ont mis le feu à quatre bus “Starline” de la ville après les avoir placés en travers de la route R101 de façon à la bloquer durablement.

Les émeutes se sont poursuivies jusque dans la nuit. Le lendemain, mardi 24 mai, les expulsions et destructions ont repris. Les émeutes aussi. Des barricades de pneus en flammes ont été mises en place, et un autre bus a été cramé.

Au moins cinq personnes ont été arrêtées lors des affrontements du 24 mai.

[Sources: Times Live 1 & 2 | enca.com | Eyewitness News 1, 2, 3 & 4 | Vox News.]