Grenoble : Présentation et programme du 38 (alias Lieu commun, alias centre social Tchoukar)

Le 38 est un lieu squatté depuis maintenant un an et demi au 38, rue d’Alembert, à Grenoble. Le dernier numéro du journal de l’union de quartier de Saint Bruno leur a consacré un article, dont voici la reproduction, et auquel est joint leur programme de cet automne et ce début d’hiver.

L’Union de Quartier : Vous avez certainement déjà entendu parler du 38 dans nos colonnes, en passant devant la façade, par le bouche à oreille, ou pendant la cantine de la fête de quartier. Le « centre social tchoukar » ouvert rue d’Alembert l’année dernière continue son bonhomme de chemin, et reprend ses activités publiques depuis la rentrée scolaire. Voici un point sur la situation de cet espace collectif qui se veut, d’après deux membres du collectif, « plus qu’une MJC autogérée, un lieu où reconstruire des communs ». On n’a pas compris, alors on leur donne la parole !

Le 38 n’est pas une MJC, pas un squat, pas un immeuble, pas un resto, pas un bateau pirate, pas une île au trésor… il est tout ça et plus à la fois. Pour parler du 38, il faut réviser son histoire, et sa géographie. Son histoire, c’est une bande d’amis qui tente de s’organiser autour d’activités comme la Cantine de Saint Bruno, qui cherche un espace où faire vivre ses envies collectives, et celles des autres. Sa géographie, c’est le quartier Saint Bruno, où nous habitons, travaillons, et faisons de nos vies quelque chose de plus que seulement travailler et habiter. Sa géographie est celle de Grenoble et de ses habitants, son histoire celle d’une époque où les manières de vivre sont dictées par l’économie. Le 38 c’est le volcan au milieu de la banquise !

Pour parler du 38, il faut rappeler comment la gestion publique de l’espace urbain transforme la ville en désert, et les quartiers en musée. On se souvient comment les socialistes voulaient réduire la surface du marché Saint Bruno, on voit aujourd’hui comment les Verts veulent rendre le stationnement de plus en plus cher : ces petits détails sont des attaques de l’économie contre la vie simple, modeste. Moins de marché, plus de supermarchés ; moins de pauvres, plus de profits. Heureusement, le quartier a du répondant… Mais dans le même temps, il est grignoté par la promotion immobilière, faisant augmenter les loyers depuis dix ans. Un exemple à quelques mètres du 38 : les multinationales ARaymond et Eiffage veulent construire des centaines d’appartements pour augmenter leurs plus-values. Ces logiques sont les mêmes dans toute la Métropole en construction. Une ville géante, où chacun reste chez soi, par peur des autres.

Mais qui souhaite vivre ainsi ? Peu de travail, des loyers chers et de la nourriture surgelée, tout ça dans un désert policier et technologique. Nous n’en voulons pas, alors construisons autre chose.

C’est quoi le 38 ?

Pas si facile, de passer des mots aux actes : s’organiser pour proposer des activités collectives, pas cher, trouver le temps, un lieu, des complices… Et le 1er Mars 2015, un ancien lycée privé laissé vide reprend vie, devient le nid de toutes ces envies. De quoi faire mûrir quelques idées, et de les mettre en pratique. Le 38 a ouvert ses portes rue d’Alembert.

La réponse du quartier a été immédiate : dès les débuts nous avons accueilli des centaines de personnes chaque semaine, pour une simple visite ou pour proposer une activité, pour un coup de main ou donner des affaires. L’espace s’est peuplé, meublé, nous avons publié un programme, lancé des initiatives dans et hors les murs, bref une histoire s’est écrite. La mairie de Grenoble, propriétaire depuis peu, a proposé de discuter d’une convention. Mais après négociation, elle nous a envoyé un document qui ne prenait pas en compte nos accords, puis elle nous a envoyé un huissier. Pas susceptibles, nous sommes donc allés tous ensemble demander directement au maire, lors de la réunion publique annuelle de l’Union de Quartier, si nous avions mal compris son message. Et là surprise : finalement Piolle a affirmé publiquement ne pas vouloir expulser le 38. Comme quoi, il vaut toujours mieux demander… Et là, le maire a dit : « on a matière à discuter sur les fonciers interstitiels existants ». On n’a pas tout compris, du coup on reste !

Le 38 a deux noms de famille : le « Centre Social Tchoukar », et le « Lieu Commun ». Le premier indique que cet espace abrite des activités sociales (un magasin gratuit, un lavomatic, des repas à prix libre) et des activités collectives, visant à gagner en autonomie par la pratique : boxe, clown, cuisine, mécanique, théâtre, couture, apiculture, lecture… Le second manifeste notre volonté que derrière les activités socio-culturelles se dessine une manière commune de peupler l’espace du 38, du quartier et de la ville, que de ce bâtiment émerge une manière de vivre, de s’organiser, de se rencontrer, qui soit riche et joyeuse, magique et contagieuse. Qui soit le contraire du désert.


Programme provisoire de l’automne 2016

Vous pouvez nous trouver :
- aux horaires de permanences les mercredis et vendredis de 15 à 18 heures,
- le mercredi à 18 heures au début de notre assemblée d’organisation, pour proposer des activités ou toute autre demande.
- le vendredi après-midi vous pouvez venir cuisiner avec nous pour la Cantine du samedi,
- le samedi midi pendant la Cantine (sur la place Saint Bruno ou au 38, selon la météo),

Le programme est susceptible de changer et s’agrandir, passez nous voir !

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