Grenoble : petit déj’ contre les expulsions

Ce Lundi 22 mai au tribunal d’instance de Grenoble, 3 maisons occupées passeront en procès pour « occupations sans droit ni titre ».

Ce mois de mai est une hécatombe pour les groupes et les personnes qui squattent des maisons et des immeubles dans l’agglo : trois expulsions pour le réseau du 22, le procès pour le camp Valmy, le Roxy Cooper expulsé, le camp derrière Cémoi menacé, des actions militantes asphyxiées (CHU, CCAS), GEG qui court derrière rue Jay et bien d’autres expulsions dont nous ne savons rien (expulsions locatives notamment).

De plus c’est avec un surcroît de violence et pour montrer son pouvoir que la préfecture déploie ces dernières semaines un dispositif policier jamais vu à Grenoble.

L’état d’urgence, le durcissement sécuritaire, le déblocage de nouveaux fonds et effectifs pour les flics ainsi que les lois relative au renseignement et la loi sur la présomption de légitime défense de la police portent à croire que ça ne va pas s’arranger face à la répression.

Il y a une dizaine de fourgons de CRS qui tournent en permanence dans les quartiers de la ville, faut bien leur faire faire un peu d’exercice à cette bleusaille !

Pourquoi tant de haine me direz-vous ?

Ce n’est pas une question de haine ni de ressentiment. Dans un État-nation où le socle capitalisme (aidé par un fond raciste) fait subir à ses concitoyen·ne·s ses crises de plus en plus aiguës, il est urgent de resserrer les rangs, de mater la moindre forme de remise en cause et de distiller la peur.

Le logement social (comme le droit d’asile ou les aides sociales) devient une composante gênante des prérogatives étatiques et institutionnelles en général. Coûteuse et non productive, elle fait partie des poids morts de l’économie et doit disparaître pour laisser la place à de « l’urbanisme » et de « l’aménagement de l’espace » et de « l’éco-quartier ». C’est-à-dire à quelque chose qui rapporte du fric et attire les populations individualistes assez compétitives et ubérisées jusque dans leur foyer.

Et pour les personnes souhaitant pratiquer le squat comme manière de vivre ? N’en parlons plus ! La « radicalité » est devenue une insulte et doit être exterminée (en temps que pratiques politiques) comme de la vermine. À sa place, son squelette mort réapparaîtra, bien propre et apolitisé comme ce Street Art Festival de la PiolleCity. Lénine ne faisait pas autre chose en enfermant et éliminant les anarchistes russes et ukrainiens.

En fin de compte c’est ça les quatorze fourgons de CRS pour expulser dix pauvres squatters, c’est du symbolique, comme une annonce du Haut Château que les temps changent et qu’il est souhaitable, voire indispensable, que nous nous adaptions au plus vite à la nouvelle donne.

Mais nous ne nous laisserons pas faire. Si les temps tournent au vinaigre, j’espère que nous ne serons pas la lie.

Imposons nos pratiques et ne nous transformons pas en « équipe adverse » de la police.

Mais comment faire ?

Rendez-vous au tribunal à partir de 8H45 pour un petit déj’ et des procès contre le fait de vivre et d’habiter pleinement des baraques. On pourra discuter de toutes ces questions autour d’une crêpe.

P.S : Big up à Barthélémy Barcik. (On est pas tes cobayes d’étude !)

[Publié le 16 mai 2017 sur Indymedia-Grenoble.]