#Paris2024, l’épreuve de lutte commence maintenant: 70 mal-logés ont manifesté ce 28 juin devant l’exposition « Paris, 1924 », organisée à l’Hôtel de Ville dans le cadre de la candidature de Paris aux Jeux Olympiques.
Aux yeux d’Anne Hidalgo, les Parisiens qui revendiquent leurs droits sont une tâche sur la carte postale, on nous a donc envoyé la police comme seul interlocuteur.
Demandeurs de logement parisiens, nous aimerions avoir la possibilité de nous réjouir tout autant que nos élus de cette candidature et des Jeux. Mais il n’y a aucune métropole au monde où les Jeux Olympiques n’ont pas créé plus d’inégalités urbaines.
Pour le moment, et dans un contexte de grave crise du logement dans la capitale, rien n’indique que ce sera différent ici : notamment, parce que le Village Olympique sera construit dans l’Est parisien et en petite couronne, que la zone va donc attirer les investisseurs immobiliers privés dans les prochaines années. Le blocage des loyers du privé dans la capitale est bien peu contraignant et soumis à des dérogations importantes, il n’empêchera pas une restructuration urbaine globale au détriment des plus modestes.
D’ailleurs ces investisseurs ne cachent pas leurs appétits et leur ambition : le cabinet de conseil prestigieux JLL a déjà réalisé une étude où il prévoit des augmentations d’au moins mille euros le m2 à la vente sur les quartiers concernés, et un doublement du parc de bureaux.
Certes à la Ville de Paris, on annonce « 3000 nouveaux logements » dont « une part sociale ». Mais combien en tout, et s’agira-t-il de logements très sociaux ou de PLS, inaccessibles à 70% des mal-logés parisiens ? Faute de réels engagements, la réalité risque de se résumer à quelques centaines de vrais HLM au mieux, qui ne compenseront pas, ne serait-ce que les effets de la hausse des loyers sur la seule zone du Village Olympique.
Le Monde, 23 juin 2017. |
Alors, d’emblée, ça gâche un peu la fête… en tout cas aux centaines de milliers de Parisiens mal-logés et au demi-million de mal-logés franciliens qui actuellement ont déjà le plus grand mal à se loger. D’autant que l’horizon 2024, c’est aussi celui de la réalisation des projets du Grand Paris, qui eux aussi, vont générer beaucoup d’argent, beaucoup de restructurations urbaines et d’augmentations des prix immobiliers. Les besoins criants en logements sociaux ne sont eux inscrits nulle part en budget prioritaire du Grand Paris.
Survivre au mal-logement est un sport de combat auxquels les millions de mal-logés ne sont que trop habitués dans ce pays. Et gagner ne serait-ce que la prise en compte minimum de nos problèmes, à Paris comme dans toute l’Ile de France, c’est un marathon sans fin. Pour autant, nous ne nous laisserons pas invisibiliser et exclure des grandes fêtes qui s’annoncent.
Quand on peut faire les JO du 21e siècle, on peut faire en sorte qu’une partie de la population ne vive pas comme au 19e siècle à cause du mal-logement. Nous viendrons le dire à chaque fois que nous pourrons, lors des événements publics organisé autour de #Paris2024, jusqu’à ce que nous ayons l’assurance que l’on ne jouera pas avec nos vies et qu’on respectera nos droits.
[Publié le 28 juin 2017 sur le blog du Collectif des Mal-logés.]