Nous, étudiant.e.s et personnes solidaires des exilé.e.s, réaffirmons notre soutien inconditionnel à l’ensemble des exilé.e.s qui vivent dans le château du Tertre et une aile du bâtiment Censive.
Parlons de faits. Depuis novembre dernier, les occupations n’ont pas entravé la tenue des cours. Si ces derniers ont pu être perturbés, c’est en lien avec les récentes mobilisations alertant sur le projet de réforme de l’université. Réunir ces combats via leurs potentiels désagréments auprès de la communauté étudiante est calculateur : la présidence vise clairement à criminaliser l’ensemble des actions de mobilisation.
Parlons de fond. Ces deux luttes convergent et entretiennent des liens. Nous avons tous.tes vocation à participer (de gré ou de force) à une sélection, à partir du moment où nous consentons à être mis.e.s en concurrence. Cette gestion du flux des étudiants résonne en écho avec la maîtrise des flux migratoires.
Refuser à certain.e.s, pour des critères aussi vagues et malsains que la nationalité ou l’âge, l’accès à un toit, une hygiène, une scolarisation, et des solidarités via des lieux de rencontre… nous parait aussi irraisonné que l’injuste sélection d’autres à l’université. Nous nous plaçons donc en opposition à toutes formes de tri, de sélections, et donc en soutien à celles et ceux qui luttent depuis plusieurs semaines sur le campus.
Paul Fattal (l’un de nos principaux interlocuteurs jusqu’à présent) nous avait annoncé vouloir interpeller les pouvoirs publics au bénéfice des exilé.e.s, tout en soulevant les difficultés et prises de risque que cela impliquait pour l’institution. Pourtant, quand il s’agit de menacer les occupant.e.s et de réprimer les étudiant.e.s, la communication du président de l’université si policée dévoile un lien privilégié avec la préfecture.
Nous sommes d’accord avec Olivier Laboux : les deux lieux « sont devenus des lieux d’habitation ». C’est justement ce qui justifie la décision commune aux habitant.e.s que la présidence vienne à notre rencontre sur rendez-vous.
Olivier Laboux nous dit qu’il ne souhaite pas que l’université soit confisquée par un groupe restreint qui souhaite imposer sa vision du monde. Quelle vision du monde ? Celle d’une université ouverte à toutes et à tous, sans conditions, où chacun.e peut avoir accès à des conditions de vie et d’habitat convenables.
L’université peut-elle être « un lieu ouvert sur la société et la cité » sans que sa présidence ne prenne des positions publiques qui vont, si ce n’est contester, au moins questionner le gouvernement ? L’université a-t-elle saisi sa « chance » ? N’est-elle pas davantage « plurielle » et « diverse » depuis l’accueil d’exilé.e.s dans ses locaux ? Ou poursuit-elle son chemin vers la reproduction d’une société d’injustices, celle qui sélectionne au « mérite » qui peut être étudiant.e ou réfugié.e, qui peut réussir ou doit rater, qui peut avoir sa place ou la laisser?
De Nantes à Lyon en passant par Paris, ces occupations de facultés avec les exilé.e.s construisent des bribes du monde que nous souhaitons, sans sélection, à la fac comme aux frontières. A Grenoble, l’occupation est garantie par la direction au moins jusqu’à la fin de trêve hivernale, soit au 31 mars. Alors que d’autres solutions sont possibles, la réaction de la présidence nantaise serait-elle un aveu de faiblesse ou une énième sommation ?
Le discours de présidence de notre université fut axé dès le premier jour de l’occupation sur la notion de sécurité de toutes et tous : exilé.e.s comme étudiant.e.s. Malgré le répit concédé, la présidence a su faire régner un climat d’insécurité dont le climax pourrait bien être une expulsion policière sur le campus…
Ni Expulsion, ni Répression : pour une Université Ouverte
Nous comptons sur chacun.e d’entre vous aux cotés des exilé.e.s.
Publié le 16 février sur https://nantes.aveclesexiles.info/spip.php?article181