Grenoble : Festival intersquat du 24 mars au 1er avril 2018

Une répression qui s’intensifie depuis un an.Le squat s’inscrit dans des pratiques illégalistes (mais légitime) et nous ne sommes pas naïfs au point d’ignorer que l’État et ses institutions protègent la propriété privée, on remarque depuis un an une recrudescence de la répression sur les squatteur·euse·s s’affichant politiquement. Plus de cinquante gardes à vue, un nombre incalculable d’expulsions illégales, des procédures accélérées et parfois antonyme d’expulsion, des campements, détruit des coupures de fluides pendant l’hiver… tous ces actes nous laissent penser qu’il y a réellement de la part de la préfecture et des mairies une volonté coordonnée de tuer le mouvement squat dans son ensemble.

Ces politiques ne sont pas isolées, elles font écho à d’autre pratiques répressives dans toutes les métropoles françaises. À Paris, des squatteurs se sont vue emprisonner avec comme chefs d’inculpation fallacieux : cambriolages, violation de domiciles…

Nous pensons qu’une lame de fond vise à faire cesser ces pratiques jugées trop subversives dans un contexte de répression sociale.

La répression d’un mouvement politique radical est une chose cependant celle-ci s’inscrit plus globalement dans des politiques anti-pauvres, notamment pour celles et ceux n’ayant pas les moyens, ni la bonne couleur de peau. Celle-ci est beaucoup plus intense et reste pourtant invisible.

Le squat est une pratique politique attaquée.

Dans plusieurs pays européens les gouvernements bafouent les droits les plus fondamentaux du logement et d’accès à une vie décente en pondant des lois rendant illégale toutes formes d’organisation et de vie jugées marginales. Notamment en Angleterre, en Belgique, au Pays bas et en Allemagne il est devenu délictueux de squatter des bâtiments laissés à l’abandon. Le pouvoir du capital à désormais acté sa volonté d’en finir avec des pratiques qu’il considère maintenant comme inadmissibles pour le maintien de sa croissance. L’urbanisme et l’habitat devenant un enjeu crucial dans la relance de l’économie après les crises répétées du crédit et de l’immobilier, il faut stigmatiser ces troubles-fête : les squatteur·euse·s. Pour justifier une répression grandissante on sépare médiatiquement l’ivraie du bon grain : méchant·e·s squatteur·euse·s anarchistes à éliminer contre gentils squatteur·euse·s conventionnables. Dans cette contre-information médiatique ils veulent ne faire perdurer qu’une parure de squatteur·euse·s bien gentil·le·s et pas trop réfractaires aux politiques publiques et normalisatrices. Quant aux autres, ces méchants anti-tout, seul le combat les fera exister, les politiques leurs promettant l’oubli, le bannissement, les procès à répétition et l’épuisement comme unique horizon.

Dommages collatéraux des attaques capitalistes, les squatteur·euse·s et autres indigent·e·s vivant d’une manière jugée « hors norme » paient le prix cher ne serait-ce que par le fait d’encore vouloir vivre librement et de manière choisie sans avoir à attendre une retraite qui n’arrivera jamais. Et même si en tant que mouvement radical nous disparaissons, tant que des logements vides serviront la spéculation il y aura toujours des gens pour les squatter.

Ce festival est une manière de dépasser le stade de la plainte et de l’indignation afin d’assumer nos idées, recréer des liens entre nous, et se renforcer. Mais c’est aussi l’occasion rêvée pour refaire des jonctions entre nos envies et attentes radicales. On pourrait espérer que cette semaine sera l’occasion de tisser des amitiés avec d’autres personnes engagées dans d’autres luttes, des personnes autant balayées que nous (sinon plus) par le système.


Le programme

[Publié le 21 mars 2018 sur Indymedia Grenoble]