C’est après dix jours de manifs, prog, cantines, occupations, jeux et discussions à Grenoble dans le contexte du festival intersquat que nous avons décidé de vandaliser l’office d’un bailleur social de la ville, Pluralis. Nous considérons cet acte comme partie prenante de la dynamique intersquat.
C’est dans la nuit du 2 avril aux alentours de 3h du matin, soit la nuit qui succédait le jour marquant la fin de la trève hivernale que nous avons attaqué cette façade, boulevard du Maréchal Foch. Une trève qui ne trouve de sens que dans la guerre structurellement imposée contre les précaires. Pour notre part, nous n’observons aucune trève dans notre affrontement quotidien contre l’existant.
Pluralis n’était qu’une cible parmi des possibles. Cette attaque n’aurait la prétentieuse prétention de s’inscrire dans une réflexion stratégique globale. L’attaque n’était qu’autoréférentielle, n’avait de finalité qu’elle-même ainsi que la réalité vécue entre les assaillant-e-s. Elle ne saurait être un moyen pour atteindre un quelconque objectif politique.
C’est sur cette grande façade que nous avons décidé de témoigner de notre rejet du monde à grands coups de marteaux, de performer notre affliction sur les vitrines du bailleur social, de s’éprouver ensemble dans la négation de cette folie mortifère. Nous étions avides de nous vivre les un-e-s les autres dans l’attaque de ce monde vide, vide comme cette façade que nous avons explosée, comme la multitude de bureaux dont nous en avons fait tomber les fenêtres, comme l’office dans laquelle nous sommes rentré-e-s après avoir fait voler en éclats les vitrines qui la gardaient pour y détruire les ordinateurs et y renverser les armoires pleines de dossiers et de prospectus. Un temps sensible, politique et poétique, dans lequel l’écho des coups de marteaux qui pourfend la nuit n’a d’égal que leurs résonances dans les corps en communion. Et les corps fondent dans la nuit.
Une attaque en acte comme manifestation de notre solidarité envers les personnes perquisitionnées ainsi qu’aux inculpé-e-s de l’affaire du quai de Valmy.
Sautons à la gorge du monde.
[Publié le 6 avril 2018 sur Indymedia Grenoble]