Dans la matinée du dimanche 13 mai 2018, vers 10h, les services de l’OPGI (Office de Promotion et de Gestion Immobilière) de Bir Ghbalou ont entamé la distribution des convocations pour les bénéficiaires des 310 logements sociaux, dont la liste des pré-bénéficiaires avait été affichée en juin 2017. Parmi les 310 bénéficiaires inscrits sur la liste initiale, environ une centaine ont été écartés et remplacés par la commission de wilaya pour «diverses raisons réglementaires»… Déjà en juin dernier, l’affichage des pré-bénéficiaires avait déclenché plusieurs protestations et manifestations de la part des non-bénéficiaires, qui avaient dénoncé «le non-respect» des critères d’attribution du logement social par la commission locale du logement.
Révoltés par les mauvaises nouvelles du jour, plusieurs dizaines de demandeurs de logements se sont dirigés vers le carrefour du centre-ville de Bir Ghbalou et ont commencé à bloquer les deux routes nationales (la RN8 et la RN18) qui traversent le chef-lieu communal. Les blocages ont été effectués avec des pneus enflammés, des grosses pierres et des troncs d’arbres, empêchant l’accès à tout véhicule. Deux revendications accompagnaient cette action: la réintégration dans la liste des bénéficiaires exclus, et l’ouverture d’une enquête ministérielle pour comprendre le pourquoi de leur absence de la liste définitive, qu’ils jugent «arbitraire et infondée».
Vers 13h, les policiers anti-émeute ont attaqué les blocages pour rétablir la circulation sur les deux routes nationales, provoquant des affrontements avec les manifestants. Les forces de l’ordre ont balancé du gaz lacrymogène pour disperser les bloqueurs, qui ont répliqué avec des jets de pierres et bloqué l’accès à plusieurs autres rues de la ville. Une heure plus tard, les flics ont réussi à reprendre les deux routes nationales et à disperser l’ensemble des manifestants.
Un peu plus tard, les manifestants se sont retrouvés et se sont dirigés vers le siège de la daïra de Bir Ghbalou. Quand des manifestants ont tenté d’accéder à l’intérieur du siège, les services de sécurité ont donné l’assaut pour protéger l’édifice, et de nouveaux affrontements ont eu lieu. Des pierres ont été balancées sur les vigiles et la daïra, et de nouveaux blocages de rues ont été mis en place avec des pneus enflammés et des troncs d’arbres.
Divers pacificateurs locaux, des «représentants de la société civile» ainsi que ceux du «comité local des demandeurs de logements sociaux», sont intervenus pour tenter de calmer les esprits et préserver le statu quo.
Mais dans la soirée, une nouvelle tentative de blocage des RN8 et RN18 a eu lieu. L’intervention rapide des flics anti-émeute a transformé ça en émeute jusque tard dans la nuit. Les affrontements ont été assez violents, entre caillassages d’un côté, jets de grenades lacrymogènes de l’autre.
La révolte s’est étendue notamment dans le «quartier des 100 logements», où des dégâts ont été commis sur des voitures, des habitations et des équipements publics.
Au moins 15 personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre, principalement dans la soirée et dans la nuit.
Le lendemain, lundi 14 mai, des renforts de police ont été dépêchés sur Bir Ghbalou, notamment pour assurer le «bon» déroulement de la distribution des 310 logements sociaux et éviter de nouveaux débordements…
[Sources: Le Quotidien d’Oran | Dépêche de Kabylie 1 & 2.]