Depuis l’abandon du projet d’aéroport, une partie du mouvement a fait le choix d’une stratégie de négociation en vue d’une légalisation de l’occupation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Cette stratégie a été présentée comme devant créer un « manteau » ou un « dôme » protégeant – légalement – un foisonnement d’activités hors cadre vouées à rester vivantes sur la ZAD. Elle devait empêcher l’appropriation privée des terres et des communs par la création d’une structure collective qui devait être la seule à pouvoir signer un contrat avec l’État.
De compromission en coup de force, ce ne sont au final que des Conventions d’occupation précaire (COP) qui ont été signées, à titre individuel, portant sur des projets plus ou moins agricoles, et dont une grande partie s’intègre au marché. Précaires comme leur nom l’indique (6 mois, renouvelables ou pas), ces COP excluent toute forme d’occupation des terres autre que celle sur laquelle elles ont été déposées.
Ce choix, fait par certain-e-s, engage de fait les autres, puisque les COP couvrent la quasi-intégralité de la zone occupée. Il entraîne donc la normalisation de nos activités et de nos pratiques, les enfermant dans le cadre légal et les contraintes qu’il impose. Il vide de contenu politique notre présence ici. La norme s’imprime d’elle-même et parvient à se trouver des gardiens. Et des promoteurs.
Le collectif du Rosier, lieu occupé depuis plus de 10 ans, détruit pendant les expulsions de 2012, puis reconstruit et toujours occupé, maintient son refus de rentrer dans ladite « stratégie administrative », de se plier aux règles faites pour nous gouverner et de coopérer avec un État qui aménage nos vies pour les faire correspondre aux besoins du capital, qui assassine les pauvres des quartiers populaires le plus souvent issus des « anciennes » colonies, qui expulse les gens qui n’ont pas les bons papiers, mène une politique raciste, mortifère et armée aux frontières, etc. (la liste est longue). Dans un contexte où les voisin-e-s acceptent les conditions dictées par l’État et justifient par les normes juridiques et administratives l’invasion de nos espaces de vie et d’organisation, nous nous trouvons isolés et menacés.
Aujourd’hui, nous avons donc besoin de la présence active de toutes les personnes souhaitant ouvrir des brèches dans l’implacable normalisation en cours. Venez nous rencontrer, passer du temps et construire avec nous d’autres dynamiques. Venez faire vivre ce lieu pour qu’il demeure et se pérennise comme un espace hors normes, où on n’accepte pas de rejeter celleux qui n’entrent pas dans les bonnes cases, où on refuse d’enterrer ses rêves.
[Publié le vendredi 5 octobre 2018 sur Indymedia-Nantes.]