Dans la saga qui anime le quotidien du centre social Tchoukar [AKA le 38], le dernier épisode est sans doute celui qui nous aura le plus fait rire. Après les tentatives d’incendie moins réjouissantes de l’hiver dernier, notre voisine préférée tente un nouveau buzz, en mettant le 38 en location sur Le Bon Coin pour un euro symbolique. Manque de pot, nous sommes gratuit ! Repris par la presse locale sans aucun élément de contexte, nous nous retrouvons, encore une fois, au centre d’un débat qui nous concerne peu, où certains tentent de construire une légitimité qui leur échappe et où notre parole est confisquée.
Samedi dernier [29 juin 2019], nous étions sur la place pour la fête de quartier annuelle à laquelle nous participons comme nous en avons l’habitude pour faire vivre ce quartier qui nous est cher. Ces jours-ci, nous effectuons une semaine publique de travaux, parce que nous refusons de rester enfermés derrière nos rideaux et que nous souhaitons construire cet endroit avec celles et ceux qui le traversent déjà et qui habitent ce quartier au quotidien. Nous construisons tout cela justement face à l’individualisme et au repli sur soi qui pousserait à appeler la police ou rester figé sur son balcon à prendre des photos de son voisinage.
En septembre, nous serons toujours là, en accord avec nos principes et en respect de ce qui nous entoure. Nous avons conscience de la géographie des lieux, prenons en compte les immeubles adjacents et ne sommes un espace de fête que très occasionnel. Nous continuerons également à tenir un atelier vélo pour que chacun-e puisse se déplacer, d’ouvrir un magasin gratuit pour que chacun-e puisse se vêtir simplement, une cantine sur la place, et plein d’autres événements entre soirées de soutien aux luttes et projections. Nous faisons tout cela gratuitement, ou à prix libre, parce que l’argent ne peut pas être une barrière pour habiter St-Bruno. Plus que notre supposée nuisance lorsque nous faisons des travaux dans nos locaux, c’est notre existence sociale et politique qui fait horreur à ceux qui tentent de nous nuire, et face à cela, évidemment, nous ne céderons jamais.
Tout le monde est bien sûr bienvenue pour venir peindre nos murs et réparer nos fissures avec nous durant cette semaine.
[Publié le 3 juillet 2019 sur CRIC.]