Voici un petit résumé de la première semaine de la campagne et de l’occupation « Short Stay? No Way! » au Waldeck Pyrmontkade 872 à La Haye. L’objectif est de donné un aperçu de ce que nous avons fait et pourquoi, et de noter nos victoires et les projets à venir.
Vendredi 1er mai
Les premières mesures sont prises pour sécuriser le bâtiment. Il n’y a pas de meilleur jour !
Lundi 4 mai
Avant que notre lutte contre les appartements location de courte durée puisse commencer, nous avons dû occuper et conserver avec succès le bâtiment du Waldeck Pyrmontkade. Des préparatifs ont été faits pour éviter une expulsion immédiate par la police, ce qui est souvent le cas à La Haye, et une éventuelle réaction du propriétaire.
À 9 heures, des sympathisant.es, avec lesquels nous avions forgé des plans, ont appelé le policier en charge du quartier pour signaler l’occupation. Il n’était pas disponible, l’annonce a été reportée d’un jour.
Mardi 5 mai – Libéré!
À 9 heures, nous appellons à nouveau le policier en charge du quartier. Cette fois, il était joignable. Comme il travaillait à la maison, nous avons pris rendez-vous pour le lendemain afin de constater l’occupation et revendiquer nos droits. Maintenant que la police était au courant, nous avons également informé le propriétaire par e-mail, à 9h43 nous avons reçu une réponse automatique indiquant que notre e-mail avait été reçu. Nous étions sûr.es que notre premier pas avait été fait, il n’y avait plus de retour possible.
Mercredi 6 mai
Nous nous sommes réveillé.es d’humeur productive et avons fait un peu de ménage pour pouvoir décorer le bâtiment selon nos besoins. Le policier en charge du quartier est venu prendre un café dans la rue et a fait quelques blagues avec les voisins. Il a dit que le propriétaire serait informé. Il n’était pas satisfait de cette ouverture. Nous avons passé le reste de l’après-midi à préparer nos prochaines étapes ; à diffuser des informations sur notre action et les raisons qui la motivent, pourquoi nous nous battons. Nous allions dérouler une énorme banderole du bâtiment afin de faire savoir à chaque passant que le bâtiment avait été squatté et pourquoi. En plus de la bannière, notre communiqué de presse serait envoyé à toutes les parties potentiellement intéressées, la presse, les groupes d’activistes, les partis politiques locaux, etc. et largement diffusé sur les médias sociaux.
Jeudi 7 mai
Le jeudi devait être une journée de préparation de notre action du vendredi. Malheureusement, nous avons été perturbés par l’arrivée de deux hommes qui avaient apparemment été envoyés par le propriétaire. Ils sont arrivés dans des voitures d’une valeur de 50 000 euros, avec des vêtements de marque et des lunettes de soleil, et ont annoncé qu’ils se préparaient à démolir l’intérieur le bâtiment. Lorsqu’ils ont essayé d’installer des barrières, les voisin.es ont fait preuve de solidarité et les ont affrontés. Eils ont crié qu’ils n’étaient pas les bienvenus à La Haye pour accentuer la gentrification comme à Amsterdam. Par la suite, d’autres sympathisant.es du quartier se sont joint.es au groupe, déplacant au besoin les barrières devant le bâtiment. Les hommes de main du proprio ont dit de revenir le lendemain pour des travaux de démolition, qu’il soit encore squatté ou non. Leur tentative d’intimidation a échoué et ils sont partis pendant que les squatters et les voisin.es criaient victoire.
La nouvelle de l’occupation ainsi que le but de cette action se sont rapidement répandues dans le mileu squat de la ville et des préparatifs ont été faits pour empêcher une tentative d’expulsion par des hommes de main.
Vendredi 8 mai
À 9h55, les hommes de main du proprio sont de retour pour mettre leurs menaces à exécution. Après les nouvelles de la veille, des sympathisant.es s’étaient mobilisé.es pour affronter le propriétaire. Ce dernier débarque avec deux hommes de main, face à un groupe de plus de 20 sympathisant.es, une banderole de 7 mètres de long a été déroulée sur la façade du bâtiment. Le propriétaire est pris de court.
Avant leur départ, les occupant.es ont donné un numéro de téléphone (pas un numéro personnel) par bonne volonté car le propriétaire prétend « vouloir parler de la situation et de la pénurie de logements ». À la tombée de la nuit, un individu apparaît dans la rue et commence à faire du bruit. Ce dernier a d’abord prétendu être l’avocat, puis annonce vouloir défoncer les vitres, et finalement qu’il est le propriétaire. Il est reparti furieux en criant des propose qui ont été tenus contre les squatters depuis des générations (Allez vous trouver un boulot! Pourquoi n’allez-vous pas vivre chez vos parents ? Ceci est ma propriété ! Junkies !)
Depuis une salle de presse en effervescence, nous avons pu transmettre notre communiqué de presse à d’innombrables médias. Le jour même où nous avons reçu des demandes d’interview, d’autres sont prévues. Nous avons également reçu le soutien de certains partis politiques et hommes politiques locaux. Comme les plus importants, d’autres groupes luttant contre la getrification et le capitalisme ont repris le message et se sont immédiatement reconnus dans notre lutte. La campagne commence juste !
Week-end
Le samedi et le dimanche étaient consacrés à des tâches qui avaient été laissées en suspens les jours précédents. Nous avons répondu à des courriels, mis à jour Twitter et décoré notre nouvel espace de vie. Plusieurs pièces du bâtiment ont été meublées pour la bataille à venir, ce qui, ironiquement, donne une impression de bureau.
Lundi 11 mai
Dès lundi, la première phase de nos actions était fixée : le bâtiment avait été squatté et préservé, notre communiqué a été bien accueillie par les sympathisant.es, les voisin.es et la presse. Nous avons discuté des plans et des actions à venir. Ce n’est qu’un début ! Restez informé sur shortstaynoway.nl et indymedia.
Un grand merci à tous celleux qui ont exprimé leur solidarité avec nous cette semaine, qui ont été là quand nous avons eu besoin d’elleux, qui ont cuisiné, qui ont aidé à la décoration du bâtiment, qui ont agi comme porte-parole avec la presse, le propriétaire ou la police et qui nous ont suivis sur les médias sociaux. Nous allons continuer, nous ferons pression pour un logement équitable pour toutes et la redistribution des richesses. Nous voulons du changement, maintenant !
Informez vos ami.es, vos voisin.es et votre famille !
Suivez-nous nos pages en ligne pour lire les dernières informations et dites-le nous !
Nos affiches seront bientôt disponibles en ligne. Imprimez-les et accrochez-les chez votre marchand de fruits et légumes, à la librairie, au café, devant votre fenêtre et dans la rue.
Ensemble, nous pouvons arrêter les ravages du capitalisme ; ensemble, nous pouvons arrêter la vente de la ville ! Nous ne voulons pas souffrir du capitalisme, c’est pourquoi le capitalisme doit souffrir à cause de nous !
Waldeck Pyrmontkade 872: sur les propriétaires, la gentrification et la résistance.
Depuis que nous avons informé les propriétaires que nous squattions le bâtiment de Waldeck Pyrmontkade 872 à La Haye, ils sont venus à plusieurs reprises pour nous menacer.
Au début, ils sont venus nous enfermer qu’ils avaient un permis pour installer des échafaudages sur le trottoir. Ils n’étaient pas en possession d’un tel permis, et ne seraient de toute façon pas autorisés à l’utiliser puisque nous vivons dans cette maison. Ils sont repartis après nous avoir menacés de revenir le lendemain à 10 heures pour commencer les travaux et que nous ferions mieux de partir : ils commenceraient, que nous soyons encore là ou non.
Et ils sont bien arrivés le lendemain, comme annoncé. Après toutes leurs belles paroles et leurs demonstration de force, ils ont appelé les flics. Comme l’occupation avait déjà été reconnue par la police quelques jours auparavant, les deux agents légèrement irrités ont simplement dit « non » lorsque les ouvriers du propriétaire leur ont demandé d’expulser l’immeuble sur place. Les flics sont alors partis, laissant le propriétaire et ses deux ouvriers dans la rue avec un groupe de plus de 20 personnes qui étaient venues manifester leur solidarité avec l’occupation et prévenir le harcèlement du propriétaire.
Le ton du propriétaire a légèrement changé, ayant réalisé que les occupant.es n’avaient pas l’intention de partir. Pendant la journée, ils ont fait semblant de vouloir ouvrir le dialogue sur la crise du logement. Dès que la nuit tombée, ils ont néanmoins envoyé des gens pour nous avertir qu’ils avaient l’intention de défoncer les vitres si nous refusions de partir. Leurs sautes d’humeur, du jour à la nuit, sont représentatives des divergences entre l’image qu’ils tentent de véhiculer et les conséquences de leurs actes imprudents.
Ils se présentent comme de jeunes investisseurs, innovants et socialement responsables. Ils investissent dans leur apparence afin de dissimuler le fait que, sous cette façade, ils marchent sur les traces de leurs prédécesseurs indécents. Rappelons que ce sont des personnes qui contribuent activement à la crise croissante du logement, en dépossédant les gens de leur maison pour construire pour les riches.
Ils le déclarent sur leur site web : « Enfants de la crise, nous avons vu une quantité énorme de bureaux vides en 2008. Des bâtiments qui ne correspondaient pas à la demande. […] Nous avons décidé que nous voulions changer le monde de l’immobilier par une approche radicalement différente ».
Leur solution est d’acheter ces immeubles de bureaux vides et de construire des appartements de luxe ? Parce qu’ils répondront à la demande ? Alors qu’en fait, ils vont créer une demande pour un produit superflu. Ils sont en effet les enfants de la crise, ils sont les produits de la capacité d’un capitalisme défunt à marchandiser l’incommodifiable : lorsque le jeu avec les maisons n’est plus assez rentable, même les composantes de l’immeuble deviennent des objets pour faire du profit. C’est pourquoi ils participent fièrement à l’étrange construction financière et juridique qui leur permet de louer la façade du bâtiment.
Ce sont des jeunes riches qui font une crise lorsqu’ils réalisent que non seulement ils ont été interpellés par leurs pratiques commerciales révoltantes, mais lorsqu’ils ont également été empêchés de les poursuivre.
Nous ne nous battons pas contre eux, en fait nous ne nous soucions pas beaucoup d’eux. Ils sont un symbole de ce qui ne va pas sur le marché du logement, de la façon dont les riches accaparent l’espace et ne s’occupent que de celui-ci. Et c’est en tant que tels que nous les ciblons. Quand ils voudraient que nous nous réjouissions à l’idée d’appartements de luxe pour des locations de courtes durées, nous disons: pas question ! Nous voulons des maisons pour les gens, pas pour le profit. Nous voulons des logements stables et abordables pour tou.tes, nous voulons que les gens aient leur mot à dire dans l’organisation de leur espace de vie et de leur vie, nous voulons que les gens aient leur mot à dire dans les changements de leur quartier et de leur ville.
Face au pouvoir du peuple, le pouvoir de l’argent est sans valeur. Changeons le cours des choses et arrêtons le capitalisme !
Short Stay? No Way!
short_stay_no_way [at] riseup [point] net
https://shortstaynoway.noblogs.org/
Des squats aux Pays-Bas: https://radar.squat.net/fr/groups/country/NL/squated/squat
Des groupes (centres sociaux, collectifs, squats) aux Pays-Bas: https://radar.squat.net/fr/groups/country/NL
Des événements aux Pays-Bas: https://radar.squat.net/fr/events/country/NL
[ Article publié le 13 mai 2020 sur Indymedia https://www.indymedia.nl/node/47901, avec une adaptation d’un texte publié sur Short Stay? No Way! https://shortstaynoway.noblogs.org/samenvatting-1ste-week/ ]