Dijon: la Décolonelle expulsable, lettres ouvertes

Lettre envoyée aux voisin·es et soutiens de l’occupation de La Décolonelle, la maison du 7 rue de Mirande et son parc, suite à la décision d’expulsion prononcée par le Tribunal Judiciaire le mercredi 23 décembre 2020.

Chères voisines, chers voisins,

Nous avons reçu un avis d’expulsion sans délai… ni surprise.

Les juges, huissiers et avocats ont donc convenu – dans la peur imminente de devoir statuer entre la dinde et les marrons – d’une « procédure d’extrême urgence », au mépris de la trève hivernale, et de la précarité de nos situations.

L’État aura encore mis à terre un désir d’autogestion, une volonté de s’organiser sans les normes de l’appareil bureaucratique, qu’il soit étatique ou municipal. Nous voulons proposer d’autres imaginaires, faire ensemble sans attendre la validation des institutions qualifiées, nous retrouver en dehors des échanges numériques, renouer avec ce que l’on appelait autrefois « une vie de quartier ».

Nous risquons d’être bientôt contraint.es de partir de la maison du 7 rue de Mirande, que nous avons fini par nommer « La Décolonelle ». Son expulsion imminente freine brutalement nos rêves pour ce lieu. Cependant, le parc est toujours là, derrière ces murs… Malgré le possible transfert de propriété de l’État à un promoteur immobilier peu scrupuleux, nous invitons les voisin·e·s à se renseigner, s’investir, et pourquoi pas lutter – de façon illégale ou non – contre ces amas de béton qui nous sont imposés, qui cloisonnent nos espaces, artificialisent les sols, détruisent le vivant.

Et – qui sait ? – peut être qu’au retour des beaux jours, nous profiterons ensemble de l’ombre de ces grands arbres, en écoutant le geai des chênes friguloter.

Bien à vous,
La Décolonelle


Lettre ouverte adressée à l’Etat-major de Kaufman&Broad par le Collectif pour la sauvegarde du parc Baudin-Mirande, l’exhortant à renoncer à son projet immobilier du 7 rue de Mirande à Dijon.

Occupé depuis début décembre pour le protéger de la bétonnisation, le parc « Baudin-Mirande » et la maison Décolonelle – situé·es au 7 rue de Mirande – sont menacées d’expulsion par une décision de justice.
Dans cette longue lettre ouverte au promoteur en charge du projet, le collectif de défense du parc revient sur tous les arguments qui démontrent au promoteur qu’il doit renoncer à son projet de logement.

Engagé dans l’acquisition du parc de 4000 m² et de la « Maison du Colonel » vendus par l’État, ce promoteur projette d’y construire 106 logements, avec une densité particulièrement élevée de 266 logements / ha, comme le révèle la promesse de vente transmise à notre collectif par un lanceur d’alerte d’une des parties.

Nous révélons au promoteur le contexte urbain dans lequel s’inscrit son projet, celui d’une extrême sur-densification du quartier avec la construction déjà réalisée ou programmée de 1.166 nouveaux logements en 10 ans, sans espace vert. Alors même que le centre-ville est touché par le phénomène d’Ilot de Chaleur Urbain (jusqu’à +4°C les nuits de canicule) lié en particulier au manque de végétation.

Nous affirmons donc que la préservation ET l’ouverture à tous du parc du 7 rue de Mirande sont VITALES pour le bien-être et la santé de la population du quartier, et qu’ainsi sa destruction (totale comme partielle) au profit d’un nouvel ensemble immobilier relèverait d’un déni absolu de l’intérêt général autant que d’une folie écocidaire.

La ville ayant renoncé à exercer son droit de priorité pour acquérir ce terrain et en faire un parc public, nous interrogeons le Maire sur le prix que lui en demandait réellement l’État, certainement moins élevé que les 4,5 millions d’euros qu’il a annoncé au Conseil Métropolitain, ce montant correspondant au prix proposé par Kaufman&Broad (révélé par la promesse de vente) et résultant de la mise en concurrence entre promoteurs par le processus d’appel d’offres lancé par l’État.
Nous invitons un lanceur d’alerte d’une des parties, à nous communiquer la Déclaration d’Intention d’Aliéner qui porte mention du prix demandé par l’État.

Nous dévoilons que contrairement à la déclaration du Maire au Conseil Métropolitain du 17 décembre qui affirmait que l’adjoint à l’urbanisme avait refusé le permis de construire à K&B, en réalité le promoteur n’a déposé aucune demande de permis de construire à ce jour.

Nous révélons qu’un avenant à la promesse de vente oblige K&B à déposer sa demande de permis de construire AVANT LE 31/12/2020, dans 3 jours, sous peine de caducité sans indemnité de part ni d’autre.

Nous exhortons donc Kaufman&Broad à renoncer à son dépôt de permis, avec pour effet automatique et immédiat de libérer l’Etat de sa promesse de vendre.

Les habitants du quartier pourront alors s’approprier ce parc et inventer son avenir, en concertation avec l’Etat et la Ville de Dijon qui sauront à l’avenir écouter et répondre aux aspirations légitimes des dijonnais.es, plutôt qu’aux attentes de profits des promoteurs immobiliers.

Collectif pour la sauvegarde du parc Baudin-Mirande


La Décolonelle
7 rue de Mirande, 21000 Dijon
https://squ.at/r/857g

Des squats à Dijon https://radar.squat.net/fr/groups/city/dijon/squated/squat
Des squats expulsés à Dijon https://radar.squat.net/fr/groups/city/dijon/field_active/1/squated/evicted
Des groupes (centres sociaux, collectifs, squats) à Dijon https://radar.squat.net/fr/groups/city/dijon
Des événements à Dijon https://radar.squat.net/fr/events/city/Dijon


Dijoncter:
le 27 décembre 2020 https://dijoncter.info/la-decolonelle-expulsable-lettre-aux-voisin-es-2396
le 30 décembre 2020 https://dijoncter.info/parc-baudin-mirande-lettre-ouverte-a-kaufman-broad-2403