Montreuil (93): plusieurs interpellations suite au carnaval contre toutes les expulsions du 2 avril 2022, un an après !

Le 2 avril 2022, un carnaval contre toutes les expulsions a lieu à Montreuil. C’est la fin de la trêve hivernale : le premier avril sonne le retour des expulsions locatives et plusieurs squats sont déjà menacés d’expulsion. L’ambiance est festive, les gens déguisé.es et les rues sont redécorées. Le carnaval débute place de la République pour finir à Mairie de Montreuil où des CRS, la nationale, des baqueux et la BRAV-M attendent les manifestant.es. Un dispositif impressionant et inhabituel pour Montreuil. Plusieurs charges violentes ont lieu et une personne est interpellée pour dégradations, puis relâchée sans poursuites.

Presque an après les faits, à partir de janvier 2023, une vague de répression a eu lieu dans le cadre d’une enquête préliminaire suite à ce carnaval.

En janvier 2023, une première personne est interpellée par la police de Montreuil en uniforme alors qu’elle sort de chez elle, pour un mandat de recherche concernant le carnaval du 2 avril 2022 et est placée en garde-à-vue au comico de Bobigny avec comme chefs d’inculpation : dégradations en réunion, participation à un groupement en vue de commettre des violences, et dissimulation du visage. Cette première personne sera prolongée et sortira avec une convocation pour un procès à une date ultérieure. Le procès aura lieu le 28 septembre 2023 au tribunal de Bobigny à 13h.

Les keufs tournent alors beaucoup autour de deux squats du bas Montreuil, devant lesquels iels s’arrêtent ou ralentissent souvent.

Quelques semaines plus tard, une seconde personne est arrêtée par la police de Montreuil qui est passée dans la rue au moment où elle sortait ses poubelles. Elle est amenée au comico de Montreuil mais au bout de 45 minutes, les keufs la laissent sortir sans aucune explication. Suite à ça, les keufs débarquent chez ses parents, posent quelques questions pour savoir où iels pourraient trouver la personne en question, puis sont repartis.

Le 9 février 2023, des keufs en civil de la police judiciaire de la préfecture de police de Paris interpellent à nouveau la même camarade. Ils zonaient discrètement près de chez elle, et l’ont interpellée quand elle est sortie. Elle était sous le coup du même mandat de recherche. Elle a ensuite été placée en garde-à-vue pendant moins de 24h à Bobigny. Son téléphone a été placé sous scellés après qu’on lui ait demandé sans succès de donner son code de déverouillage. Les keufs lui ont montré des photos issues des images de vidéosurveillance, prises sur la place de la mairie de Montreuil. Elle est aussi sortie avec une convocation pour le même procès, pour les chefs d’inculpations de groupement en vue de commettre des violences, de refus de signalétique et de refus de donner son code de déverouillage de téléphone.

Mi mars, une troisième personne concernée par le mandat de recherche est interpellée par les keufs de la police judiciaire de Paris à Vitry-sur-Seine (94) alors qu’elle conduisait un camion en sortant de chez elle un peu avant 6h du matin. La personne est placée en garde-à-vue et sera prolongée. Elle restera 35h en garde-à-vue pour les chefs d’inculpation de « groupement en vue de destruction et dégradation », « dégradation en réunion », « détruit/dégradé des biens de décoration publique », « refus de signalétique », « dissimulation de visage en vue de trouble à l’ordre public » et sera aussi convoquée au même procès que les autres, le 28 septembre 2023.

Lors de la garde-à-vue de cette troisième personne, une personne s’est rendue au comico de Bobigny pour lui apporter son passeport. Elle sera alors interpellée à son tour pour le même mandat de recherche et restera 24h en GAV.

Pendant sa garde-à-vue, une autre enquête lui sera rajoutée en plus du carnaval d’avril 2022. Cette autre enquête concerne des faits datant du 29 septembre 2021. Les chefs d’inculpation concerne des faits de « dégradation en réunion » à Montreuil sur une banque, un cabinet d’architecte et sur EGIS, une entreprise qui participe à la constructions de prisons. La quatrième sort aussi avec une convocation pour le 28 septembre à Bobigny et elle sera jugée pour les deux affaires pendant la même audience.

En résumé, elle sera jugée pour refus de signalétique, pour le 29 septembre 2021 et le 2 avril 2022 dégradation ou détérioriation un bien destiné à l’utilité ou la décoration publique, dégradation en réunion, et dissimulation volontaire de visage lors d’une manif en vue de trouble à l’ordre public.

Lors des auditions pendant les GAV, les camarades n’ont rien déclaré. Iels on cru comprendre par des commentaires des OPJ (officiers de police judiciaire) qu’il y aurait sûrement une ou plusieurs autres personnes concernées par les enquêtes. Difficile de savoir si c’est du bluff de leur part, si c’est pour les deux enquêtes, ou « juste » une d’entre elles. En plus de ça, pour l’instant le dossier n’est toujours pas consultable ce qui nous laisse penser qu’il y a encore une ou des personnes sur une ou deux des enquêtes qui n’ont pas encore été choppées…

Même si ces enquêtes datent d’il y a plus d’un an, et que c’est jamais facile de se rappeler de ce qu’on faisait à ces moments-là, on se dit que c’est important d’essayer de voir si on est concerné.e par ces affaires et de faire tourner l’info au max autour de nous !

Les dossiers des enquêtes n’étant pour l’instant pas disponibles, nous n’avons pas beaucoup d’autres informations : nous ne savons pas quand ces enquêtes ont étés ouvertes, quels sont les arguments que les keufs utilisent pour accuser les personnes interpellées.

[Publié le 3 avril 2023 sur Paris-Luttes.info.]