Alors que nous sommes en pleine gestion de l’expulsion imminente du lieu de vie et d’accueil de membres de la Maison du peuple par le groupe immobilier Ataraxia ;
Alors que cette maison abandonnée depuis des années ne fait l’objet d’aucun projet avant longtemps ;
Alors que nous avons encore une personne âgée sans solution de repli et que les expulsions se multiplient en cette période de fin de trêve hivernale, mettant des centaines de gens en précarité ;
Alors qu’on est nez dans le guidon face à ces événements, notre téléphone n’a pas arrêté de sonner depuis ce matin pour nous signaler que nous étions cités à CNews toute la journée pour l’occupation d’un immeuble appartenant à une personne âgée !
Et malgré le démenti que nous avons fait à la journaliste du Figaro il y a 2 jours, cette rumeur persiste !
Nous nous décidons donc à nous exprimer sur le sujet pour que les choses soient claires : NOUS NE SOMMES PAS DERRIÈRE CETTE OUVERTURE !
Même si ce bâtiment nous a été signalé comme vide il y a quelques mois, après recherches, nous avions décidé de ne pas donner suite puisqu’il appartenait à une personne âgée. Nous avons appris son occupation dans les journaux.
Il est facile pour beaucoup de monde, notamment les médias, de faire le raccourci « squat à Nantes = Maison du Peuple », surtout en cette période de répression anti-squat avec la loi Kasbarian, mais le problème est bien plus vaste que cela, des centaines de gens sont en difficulté et forcés de recourir à cette solution. Nous ne sommes qu’une des parties visibles de l’iceberg qu’est le problème de logement à Nantes.
En plus de ne pas vérifier leur information en nous contactant directement, CNews, comme tant d’autres, ont choisi une ligne éditoriale claire : celle de monter les gens les uns contre les autres, couvrant de manière excessive et sensationnelle les ouvertures de squat « problématiques », ne laissant pas de place pour la mise en contexte de ces situations, en ne montrant pas la difficulté de vivre à la rue ainsi que les nombreuses expulsions laissant des personnes en détresse, n’exposant que le désarroi des propriétaires.
Surfant sur leur malheur afin de défendre la chasse aux pauvres organisée dans ce pays 🤮
Bien que nous aurions géré cette situation autrement (et nous l’avons démontré en début d’année avec l’occupation de la maison des canaris à qui, d’ailleurs, nous avons remis recemment la cagnotte de 290 euros que nous avions récolté pour les dédommager), nous ne condamnons personne dans cette histoire et au contraire de certains journalistes, nous avons fait l’effort d’aller nous renseigner sur place pour rencontrer les occupants.
Nous avons été bien accueilli par des gens aimables, dans un immeuble propre et fraîchement nettoyé. Ils nous ont confirmé qu’ils n’avaient pas utilisé le nom de la Maison du Peuple et après avoir discuté un peu sur la situation, ils nous ont livré ces quelques mots à vous partager :
« Nous ne sommes responsables d’aucune des dégradations qui nous sont reprochées. Au contraire, nous entretenons le bâtiment inoccupé depuis au moins vingt ans selon les témoignages de voisins qui nous apportent leur soutien. Étant donné notre situation sociale et économique précaire, nous n’avons d’autres choix que d’occuper des bâtiments vides pour se loger. La procédure suit son cours, la loi protège le propriétaires et il récupérera son bien en bon état à la fin de celle-ci. Nous sommes désolé de la situation de santé de M.Senand et espérons qu’il se rétablisse au plus vite. Nous ne sommes aucunement là pour lui nuire.
Les occupants du lieu »
[Publié le 22 avril 2023 sur Indymedia-Nantes, par la Maison du Peuple de Nantes.]